Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/671

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lité que prennent les maîtres Tonneliers de la ville de Paris, & qui leur est donnée par leurs statuts.

Les maîtres de cette communauté, à qui seuls il appartient présentement de décharger & labourer les vins, cidres & autres breuvages qui arrivent à Paris, soit par terre, soit par eau, ont été troublés pendant long-tems dans ces fonctions ; mais après plusieurs sentences, arrêts & lettres patentes qui les y ont maintenus, ils en sont restés en possession, en conséquence d’une transaction du 21 Novembre 1649, passée entr’eux & les autres déchargeurs.

DESACHALANDER ou DECHALANDER, v. act. (Comm.) faire perdre les chalands. L’impolitesse ou la brusquerie d’un marchand suffit pour déchalander sa boutique. Voyez Chaland. Dict. de Comm. & de Trév. (G)

DECHAUMER, v. act. (Œconom. rustiq.) c’est ouvrir, soit à la beche, soit à la charrue, une terre qui n’a point encore été cultivée.

DECHAUSSÉS, voyez Trinitaires & Carmes.

Déchaussé, adj. m. terme d’Architecture. On dit qu’un bâtiment est déchaussé, lorsque les premieres assises du sol & le sommet des fondations sont dégradés. (P)

DECHAUSSER, (Jardinage.) Pour connoître la cause de la langueur d’un arbre, il faut le déchausser d’un côté ; ce qui n’est autre chose que de pratiquer un petit cerne à son pié, en tirer la terre & visiter les racines. Cet examen ne peut être fait que hors le tems des deux seves. (K)

DECHAUSSOIR, s. m. petit instrument de Chirurgie qui sert à séparer les gencives d’autour des dents qu’on veut arracher.

C’est une tige d’acier dont l’extrémité est une petite lame recourbée, pointue, tranchante dans sa cavité, arrondie dans sa convexité. L’autre extrémité est terminée ordinairement par une sonde, une lime, ou autre petit instrument semblable.

Il faut observer que le tranchant soit fait à la lime, afin qu’il ne coupe presque pas, du moins finement.

La fig. 12. Planche XXV. représente un double déchaussoir, ou deux de figure différente, séparés par un manche taillé à pans. Celui de l’extrémité inférieure peut servir à ratisser un os carié, ou à déchausser les chairs qui recouvrent une esquille qu’on veut enlever. (Y)

DECHAUSSIERES, s. f. pl. (Ven.) c’est le lieu où le loup a gratté, où il s’est déchaussé.

DECHÉANCE, s. f. (Jurispr.) signifie exclusion. Le juge prononce la déchéance d’une action ou d’une demande, d’une opposition ou appel, lorsqu’il déboute le demandeur, opposant ou appellant de son opposition.

Emporter la déchéance d’une action ou d’un droit, c’est opérer une fin de non-recevoir qui empêche de l’exercer ; ainsi le défaut d’offres à chaque journée de la cause, emporte la déchéance du retrait ; la péremption d’instance emporte la déchéance de la demande. (A)

DECHEOIR, v. n. (Gramm.) c’est en général se détériorer dans son état ; ainsi on dit d’un homme qui vieillit, il commence à décheoir ; d’un auteur qui se néglige, il est déchû, &c.

Décheoir, v. n. (Mar.) c’est dériver, s’abattre, & ne pas faire sa route bien directe. Voy. Derive. (Z)

Décheoir, perdre son crédit. Ce banquier est bien déchû, c’est-à-dire qu’il n’a plus le même crédit qu’autrefois. Dictionnaire de Commerce, de Trév. & Chambers. (G)

Décheoir, (Jardin.) se dit des arbres, quand

ils ne rapportent pas la moitié de la récolte ordinaire. Ces arbres, dit-on, sont déchûs. (K)

DECHET, s. m. (Gramm.) se dit en général de la perte ou diminution qui se fait sur la totalité d’une substance, quelle qu’elle soit, par des causes physiques.

Déchet, terme de Marine ; appliqué à la route que l’on fait, il signifie la même chose que dérive. (Z)

Déchets, se dit de la perte qui se fait dans la consommation des vivres, soit biscuit, soit vin. Voyez Coulage. (Z)

Déchet, en termes de Commerce, est 1°. une déduction que l’on fait pour le dégât ou pour la poussiere qui se trouve mêlée avec certaines marchandises : 2°. une perte, une diminution de prix, de valeur ou de quantité, arrivée par quelque révolution que ce soit : 3°. une diminution des marchandises sujettes à couler, comme les hiles ; ou de celles dont la mode n’a pas coûtume de durer, comme de certaines étoffes, & les ouvrages de pure curiosité. (G)

Déchet, (Hydraul.) est la diminution des eaux d’une source ; c’est aussi ce qui manque d’eau à un jet, par rapport à ce qu’il devroit fournir ou dépenser. Voyez Dépense des Eaux. (K)

Déchet, (Orfév.) se dit proprement des pertes indispensables que fait l’Orfévre en élaborant les matieres d’or & d’argent, causées par la fonte, la menue limaille, le poliment, & toutes les opérations successives par lesquelles il est obligé de les faire passer pour les tirer de leur premier état & les conduire à perfection. De quelqu’attention & propreté que l’ouvrier soit capable, il ne lui est jamais possible d’éviter cette perte ; & c’est une des causes qui enchérit les façons des ouvrages, & sur-tout des ouvrages d’or, les plus petits objets sur cette matiere étant toûjours de grande valeur.

Déchet, (Ruban.) c’est la perte qui se fait sur la soie par différentes causes ; comme lorsque l’humidité dans laquelle elle a été achetée, cessant, & la soie devenant ainsi plus légere, le déchet est tout pour l’acheteur. On appelle encore déchet, toute dissipation volontaire ou involontaire qui se fait dans cette marchandise, par la négligence ou peut-être par la friponnerie de ceux entre les mains de qui elle passe.

DECHIFFRER, v. act. (Analyse & art des combinais.) c’est l’art d’expliquer un chiffre, c’est-à-dire de deviner le sens d’un discours écrit en caracteres différens des caracteres ordinaires. Voy. Chiffre. Il y a apparence que cette dénomination vient de ce que ceux qui ont cherché les premiers, du moins parmi nous, à écrire en chiffres, se sont servis des chiffres de l’Arithmétique ; & de ce que ces chiffres sont ordinairement employés pour cela, étant d’un côté des caracteres très-connus, & de l’autre étant très-différens des caracteres ordinaires de l’alphabet. Les Grecs, dont les chiffres arithmétiques n’étoient autre chose que les lettres de leur alphabet, n’auroient pas pû se servir commodément de cette méthode : aussi en avoient-ils d’autres ; par exemple, les scytales des Lacédémoniens, dont il est parlé à l’article Chiffre. Voyez Plutarque dans la vie de Lysander. J’observerai seulement que cette espece de chiffre ne devoit pas être fort difficile à deviner : car 1°. il étoit aisé de voir, en tâtonnant un peu, quelle étoit la ligne qui devoit se joindre par le sens à la ligne d’en-bas du papier : 2°. cette seconde ligne connue, tout le reste étoit aisé à trouver ; car supposons que cette seconde ligne, suite immédiate de la premiere dans le sens, fût, par exemple, la cinquieme, il n’y avoit qu’à aller de-là à la neuvieme, à la treizieme, à la dix-septieme, &c. &