ancêtres ont acquis des princes de la maison d’Autriche, comme rois de Bohème. La ville de Dresde située sur l’Elbe, est le lieu de sa résidence ordinaire.
La branche cadette de la maison Palatine ou de Baviere, nommée communément dans l’Empire Guillelmine, ne possede l’électorat que depuis l’an 1623, après que Frédéric électeur Palatin, eut accepté en 1619 la couronne de Bohème. Cette maison est incontestablement l’une des plus anciennes de l’Empire. Et feu M. l’abbé du Bos, dans le manifeste qu’il fit paroître au commencement de la guerre d’Espagne, en faveur & sous le nom de Maximilien Emanuel, va jusqu’à dire : « qu’on trouveroit dans l’histoire que la maison de Baviere étoit déjà une des plus illustres d’Allemagne, quand celle d’Habsbourg n’étoit pas encore fort célebre ». Cette illustre maison, branche de la Palatine, étoit très-connue vers le milieu de l’onzieme siecle, lorsqu’Othon, comte de Schyren & de Vittesspach, fut fait comte Palatin de Baviere. Le bas Palatinat lui vint ensuite. Il ne faut pas croire cependant qu’Othon de Schyren ne remonte point à des tems beaucoup plus éloignés. Les historiens de Baviere ont développé toute la dignité & l’illustration de cette maison par la généalogie qu’ils en ont publiée : l’on y voit qu’elle a produit des rois, aussi bien que des empereurs ; & c’est de Louis de Baviere, élevé à la dignité impériale en 1314, & mort en 1347, que descend la branche des ducs de Baviere. Quoiqu’elle ne possede la dignité électorale que depuis 1623, cette dignité lui fut confirmée avec le haut-Palatinat, au traité de Westphalie en 1648 : cependant elle étoit ou devoit être électorale long-tems auparavant, cette illustre dignité appartenant alternativement à la branche Rodolphine, qui est l’aînée, & à la Guillelmine qui est la seconde : telle étoit la convention faite à Pavie entre l’empereur Louis de Baviere, & Adolphe fils de Rodolphe & frere de Louis. Mais Charles IV. ennemi déclaré de Louis de Baviere, dont il fut quelques années le compétiteur avant que d’en être le successeur, priva par la bulle d’or la branche de Baviere de l’électorat, pour l’attribuer à la seule branche Palatine ; & par-là il ôta l’alternative. Le traité de Westphalie n’a pas laissé de confirmer la maison de Baviere dans l’électorat : quoiqu’on y rendît cette dignité à la maison Palatine, il y a cependant une difficulté qui n’est pas encore entierement terminée. Pendant la vacance du siége impérial, l’électeur Palatin étoit vicaire de l’Empire dans les principautés qui suivent le droit de Soüabe & de Franconie ; celui de Baviere comme subrogé aux droits du Palatin, prétendit aussi être vicaire de l’Empire : mais il y a eu de nos jours quelque sorte de convention entre les deux électeurs, en attendant une résolution définitive.
Ces deux branches ont produit de grands hommes, soit dans plusieurs rois de Suede, soit en quelques électeurs de la branche Rodolphine, qui a été revêtue de l’électorat Palatin ; soit dans la branche Guillelmine, qui a donné le célebre Louis de Baviere, qui a soûtenu avec tant de courage la dignité impériale contre tous ses ennemis. Et de nos jours nous avons eu ce prince si respectable, Maximilien Emanuel, qui s’est distingué par son inviolable fidélité pour la France. L’empereur Léopold dont il étoit gendre, le regrettoit, & ne pouvoit oublier qu’il avoit sacrifié dans les guerres de Hongrie plus de trente millions de florins de l’Empire, que l’électeur Ferdinand Marie son pere avoit amassés dans les neutralités qu’il sut conserver dans toutes les guerres de son tems. Léopold pour le détacher des intérêts de Louis XIV. & de Philippe V. lui offrit le royaume des deux Siciles (c’est ce que j’appris étant à sa cour) ; mais ce fut inutilement, Maximilien ne connoissoit
qu’un parti, c’étoit celui de l’honneur ; il n’étoit point capable de manquer ainsi à des engagements pris avec autant de réflexions. A peine Léopold fut mort, que l’empereur Joseph son plus cruel ennemi, le mit au ban de l’Empire dans le conseil aulique, contre toutes les lois impériales. Les Etats-Généraux de Hollande, toûjours remplis d’équité & d’estime pour un si grand prince, le firent assûrer que jamais la paix ne se feroit qu’il ne fût entierement rétabli ; & je fus chargé de lui en porter la parole. Ce qui fut effectué en 1714.
Malgré l’ancienneté & l’illustration de la maison de Brandebourg, qui date dés le jx. siecle, elle n’est parvenue au point de grandeur où nous la voyons aujourd’hui, que par degré & peu à peu. Outre la dignité électorale qui est entrée dans cette maison en 1417, avec la Marche, c’est-à-dire avec le marquisat de Brandebourg, elle possede de plus grands domaines qu’aucun autre prince de l’Empire ; savoir la Prusse, érigée en royaume l’année 1701 ; le duché de Cleves ; les principautés de Magdebourg, d’Alberstad, & de Minden, avec les comtés de Ravensperg & de la Marck ; & en dernier lieu le comté d’Embden, & le duché de Silésie, à l’exception de quelques petits cantons.
La justice est rendue dans ses états, suivant les diverses coûtumes de chaque province, & les appellations en sont relevées au conseil souverain de l’électeur, dont on ne sauroit appeller ni au conseil aulique, ni à la chambre impériale. La situation des divers états de ce prince, en rend les provinces si éloignées les unes des autres, qu’il est obligé à d’extrèmes ménagemens dans les alliances & les traités qu’il fait avec les différentes puissances. L’électeur est de la religion P. R. cependant il y a dans ses états beaucoup de Catholiques, qui y sont protégés plus que dans les autres états protestans, & les luthériens y sont tolérés par ce prince. Outre les diverses branches de la maison électorale de Brandebourg, qui sont celles de Bareith & d’Anspach, cet électeur a encore trois freres, dont l’aîné a plusieurs princes. Berlin, qui est rempli d’un grand nombre de réfugiés François, est le séjour ordinaire de l’électeur.
La maison électorale Palatine, malgré son rétablissement en 1648, n’a pas laissé de perdre son rang, & de n’être plus aujourd’hui que dans le huitieme. Nous avons marqué ci-dessus sa parenté avec la maison électorale de Baviere. Ce que nous pouvons dire aujourd’hui, est que cet électeur est catholique, mais presque tout son électorat suit la religion P. R. comme il est des princes de Sultzbach, il vient d’un rameau de la maison Palatine aînée de celle de Baviere. On sait qu’après Venceslas qui fut déposé, Robert comte Palatin fut mis sur le throne impérial, l’an 1400 ; & que la branche de Deux-Ponts, cadette de celle de Sultzbach, a donné trois rois & une reine à la Suede. Son pays est le bas-Palatinat.
Nous avons déjà marqué les difficultés qu’a essuyé le duc d’Hannovre, pour devenir tranquille possesseur de la dignité électorale, qui lui étoit justement dûe, si l’on a égard à l’ancienneté & à l’illustration de cette maison. Si l’empereur Léopold a témoigné sa reconnoissance aux ducs d’Hannovre en les établissant électeurs, on peut dire aussi qu’ils usent d’un sage retour à l’égard de la maison d’Autriche, dont ils soûtiennent & défendent les prétentions comme les leurs propres ; ce qu’on ne sauroit assez estimer dans des princes.
Cette maison, qui se retira d’Italie en Allemagne dans le x. siecle, vient de l’ancienne maison d’Est ; elle ne tarda guere à se distinguer dans l’Empire, où elle a possédé le duché de Saxe, & même le throne impérial, l’an 1208, dans la personne d’Othon IV. & la branche de Brunswick-Hannovre, qui est la ca-