Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus puissans du cercle de Westphalie. Sa fondation, qui se fit à Tongres, est du commencement du jv. siecle ; mais il fut transféré à Liege l’an 709, & les rois de France en ont toûjours été les protecteurs.

Quoique l’évêque soit souverain dans la ville, on ne laisse pas néanmoins de remarquer qu’il n’y a pas moins de caractere républicain que de marques de souveraineté, & c’est ce qui en a causé autrefois les révolutions.

Les évêchés de Frisinghe & de Passau, dans le cercle de Baviere, sont peu considérables ; mais ils ont toûjours rang & séance parmi les princes ecclésiastiques, aussi-bien que Basle en Suisse, & Coire chez les Grisons, Trente sur les frontieres d’Italie, & Brixen qui avoisine la Carinthie & le Frioul, qui donnent à leurs évêques la qualité & la séance de princes de l’Empire ; & ils sont souverains dans leurs villes épiscopales, & sous la protection de la maison d’Autriche, de laquelle néanmoins ils ne relevent pas.

Lubeck, son évêque quoique luthérien a toûjours conservé la voix & séance à la diete comme prince ecclésiastique. La maison d’Holstein s’est comme attribuée cette prélature, & l’élection du chapitre n’est à proprement parler qu’une simple cérémonie. La ville fut déclarée libre & impériale en 1181, ce qui fut renouvellé & confirmé en 1227. Ainsi l’évêque n’a aucun droit temporel sur la ville, quoiqu’il ait toujours conservé sa jurisdiction spirituelle : dans les séances de la diete il siége sur un banc particulier, séparé des autres évêques.

Avant les révolutions de religion, arrivées en Allemagne dans les premieres années du xvj. siecle, il y avoit encore beaucoup d’autres princes ecclésiastiques qui avoient voix & séance dans les dietes de l’Empire ; mais ils sont aujourd’hui sécularisés & convertis en principautés purement temporelles, possédées par divers électeurs & autres princes de l’Empire : telles sont Magdebourg autrefois archevêché & primat de Germanie, Bremen aussi archevêché ; les évêchés sont Halberstadt, Verden ou Ferden, Mersbourg, Nawmbourg, Meissen, Havelberg, Brandebourg, Lebus, Ratzebourg, Swrem, & Camin.

Besançon & Cambrai, quoique qualifiés toûjours de princes de l’Empire, n’ont plus ni voix ni séance aux états, non plus que les archevêchés & évêchés de Bohème, Silésie, Moravie, Hongrie, & Autriche, qui même dans les anciens tems ne l’avoient pas.

Il faut compter parmi les princes ecclésiastiques le grand-maître de l’ordre teutonique, qui a voix & séance avant tous les évêques. Il étoit autrefois établi dans la Prusse ducale, qui est aujourd’hui royaume. Albert, de la maison de Brandebourg, s’empara de cette principauté dans les premieres années du seizieme siecle, & s’y établit l’an 1525 en titre de duc, après y avoir introduit les nouvelles opinions de Luther, & en avoir reçu l’investiture de la Pologne. Cette grande maitrise a souffert dans l’Empire beaucoup de révolutions, aussi-bien que l’état du grand-prieur de Malthe, qui siége aussi, comme prince, dans les dietes impériales.

Les abbés viennent ensuite, dont le premier est celui de Fulde, qui est le primat & le chef des abbés : prince, & comme archi-chancelier de l’impératrice, il a crû autrefois pouvoir disputer la préséance aux électeurs séculiers, mais ç’a toûjours été inutilement. D’ailleurs quoique son pays, ou pour mieux dire ses états, ayent été ruinés pendant les longues guerres de l’Empire, il est encore demeuré très-riche avec de grandes prérogatives : on peut dire même qu’il est le plus riche de tous les abbés de l’Europe, & peut entretenir beaucoup de troupes. Son abbaye doit sa fondation à S. Boniface évêque de Mayence,

qui l’établit l’an 744. La ville est assez belle, & toute sa principauté assez bien cultivée.

Il s’en faut beaucoup qu’il soit égalé par les autres abbés de l’Empire, tant pour les richesses que pour la dignité & les prérogatives. Tels sont ceux de Kempten dans la Suabe, d’Elwangen dans le même cercle, sécularisé en 1460 ; de Murbach en Alsace, du grand-prieur de Malte, de Bergstolsgade enclavée dans le diocèse de Saltzbourg, de Weissembourg, de Prum unie à l’archevêché de Treves, de Stavelo unie à Malmedy dans l’évêché de Liege : Corwey ou la nouvelle Corbie dans le cercle de Westphalie, fut fondée l’an 822 & 823 par S. Adelard abbé de Corbie en France. Les autres prélats qui sont immédiats n’ont qu’une voix unis ensemble, aussi-bien que les abbesses, qui sont réprésentées par leurs députés.

Les princes séculiers n’ont séance qu’après les ecclésiastiques : ce sont principalement ceux de Baviere & Palatins des différentes branches, de Saxe, de Brandebourg, de Brunswick, sans parler de beaucoup d’autres princes qui alternent pour le suffrage ; de ce nombre sont Meckelbourg, Wirtemberg, Hesse, & Baden.

Les comtes immédiats de l’Empire sont divisés en quatre classes ; savoir ceux de Veteravie, de Suabe, de Franconie, & de Westphalie, & chacune de ces classes a une seule voix. Cependant tous ces comtes réunis vont environ à cent-dix.

Les villes impériales forment un troisieme collége dans les dietes de l’Empire, & se divisent en deux bancs ; savoir, le banc du Rhin, qui en a vingt, & celui de Suabe, qui en a trente-six. Mais il ne faut pas croire que toutes ayent le même crédit. A l’exception de Cologne, de Lubeck, de Francfort, & de Hambourg dans le banc du Rhin, la plûpart des autres n’ont pour toute richesse qu’une apparence de liberté. Mais il y en a d’aussi importantes dans le banc de Suabe ; savoir, Ratisbone, Augsbourg, Nuremberg, Ulm, & quelques autres. Le plus grand nombre qui vient ensuite, se contente de joüir de sa liberté. Tout le corps de ces villes a été jadis si considérable dans l’Empire, que l’on y a quelquefois apprehendé qu’elles n’y causassent une révolution générale : mais leur abaissement procuré par les différentes guerres, a fait évanoüir cette crainte. Elles n’ont que deux voix dans les diettes ; savoir, le banc du Rhin une, & celui de Suabe la sienne particuliere. Il y a néanmoins une observation importante sur la voix de ces villes : lorsque les deux colléges des électeurs & des princes sont d’accord, le collége des villes est obligé d’obéir & de consentir aux décisions de ces deux colléges, sans rien consulter entr’elles.

Des cercles de l’Empire. Outre les dietes ou assemblées générales, il s’en tient encore de particulieres dans les cercles : ces cercles sont des especes de généralités ou de grandes provinces, dans lesquelles les princes, les prélats, les comtes, & les villes impériales qui les composent, s’assemblent pour régler leurs affaires communes. Ils doivent leur établissement à l’empereur Maximilien I. qui d’abord l’an 1500 en établit six, qui sont ceux de Franconie, de Baviere, de Suabe, du Rhin, de Westphalie, & de basse Saxe. En 1512 il y ajoûta ceux d’Autriche, de Bourgogne, du bas Rhin, & de haute Saxe. Charles-quint son petit-fils confirma cette division à la diete de Nuremberg en 1522 ; & depuis ce tems-là elle a toûjours été en usage & subsiste toûjours ; il n’y a que le cercle de Bourgogne qui est indépendant de l’Empire, & qui ne contribue plus à ses charges, en conséquence du traité de Munster en 1648.

Chaque cercle a ses directeurs & un colonel. Les premiers convoquent l’assemblée des états de leur cercle, pour y régler de concert les affaires publi-