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le même endroit par où la trompe l’a reçue, ainsi qu’il a été dit.

Dans les autres animaux, les narines sont ordinairement proches & au-dessus de l’endroit par où l’animal reçoit sa nourriture, afin que la bonne ou la mauvaise odeur des alimens le détermine à les prendre ou à les rejetter. L’éléphant qui a l’ouverture des narines à la racine de sa trompe, & bien loin de sa bouche, n’a dû rien prendre qu’avec sa trompe, autrement il seroit en danger d’avaler ce qui lui seroit nuisible ; mais la trompe avec laquelle il prend les choses dont il a besoin, étant sensible aux bonnes & aux mauvaises odeurs, cet animal a l’avantage de pouvoir sentir ce qu’il doit mettre dans sa bouche, pendant tout le tems qu’il employe à rouler & à tourner sa trompe autour de ce qu’il veut choisir & enlever.

On remplace les dents naturelles qui manquent à l’homme par des dents artificielles. On les fait ordinairement d’ivoire : mais comme l’ivoire jaunit bientôt dans la bouche, Fabricius conseille de les faire de l’os de la jambe d’un jeune taureau, qui conserve sa couleur blanche. Nos dentistes se servent des dents de cheval marin.

La coûtume de porter des dents d’ivoire, & de les attacher avec un fil d’or, est fort ancienne : Lucien & Martial en parlent comme d’une chose pratiquée parmi les Romains.

Guillemeau nous donne la composition d’une pâte pour faire des dents artificielles, qui ne jaunissent jamais : c’est de belle cire blanche fondue avec un peu de gomme élémi, où l’on ajoûte une poudre de mastic blanc, de corail, & de perle. (L)

Dents (Séméiotique.) Il est à-propos de ne pas omettre les présages que le medecin peut tirer des dents en général, par l’effet du vice des organes qui les font choquer entr’elles, craquer, grincer, sans que la volonté ait aucune part à ces mouvemens irréguliers, & par les changemens qu’elles éprouvent dans les maladies aiguës.

Hippocrate regarde comme un signe d’un délire prochain, les mouvemens convulsifs de la mâchoire inférieure, qui cause des grincemens de dents ; lorsque cela n’arrive pas à un enfant, ou à une personne qui ait retenu depuis l’enfance l’habitude de grincer les dents. Si ce signe se joint au délire, il est absolument funeste ; le malade touche à sa fin. Prosper Alpin confirme par sa propre expérience le jugement d’Hippocrate à cet égard. C’est aussi un très-mauvais signe, selon ce grand medecin, que les dents paroissent desséchées. Dans tous ces cas, le cerveau est considérablement affecté, desséché : ce qui ne peut avoir lieu que par la violence de la fievre & de la chaleur dont elle est accompagnée ; le fluide nerveux qui se sépare alors est presque de nature ignée ; les muscles les plus voisins de ce viscere éprouvent les premiers effets de l’altération des nerfs : ceux-ci agités, tiraillés par le liquide qu’ils contiennent, causent d’abord des secousses convulsives dans les muscles qui environnent la tête ; elles sont plus sensibles dans ceux qui servent à mouvoir une partie libre qui n’est point pressée, comprimée par les corps ambians, telle que la mâchoire : cette sécheresse du cerveau est une suite de celle de la masse des humeurs, qui fait cesser toutes les secrétions dont elle ne peut pas fournir la matiere ; c’est en conséquence que la bouche est âpre, brûlée : mais particulierement les dents sont noires, seches, parce qu’il ne se fait aucune séparation de salive pour les humecter. Un tel état ne peut qu’avoir les suites les plus fâcheuses, par l’altération générale qu’il suppose nécessairement dans toute l’œconomie animale. (d)

Dents, (Maréchal.) les chevaux en ont de deux

sortes ; savoir 1°. les dents mâchelieres au nombre de vingt-quatre, dont douze sont à la mâchoire inférieure, six de chaque côté : & douze à la mâchoire supérieure, 6 de chaque côté : ces dents servent à mâcher les alimens. 2°. Les dents de devant ou incisives au nombre de douze ; savoir six en-haut, & six en-bas : celles qui sont tout-à-fait au-devant de la bouche, s’appellent les pinces ; celles qui les cotoyent, les mitoyennes ; & celles d’après, les coins : les crocs viennent entre les dents mâchelieres & les dents de devant. Voyez Crocs. Ces dents de devant servent à couper l’herbe & le foin, & elles sont éloignées des mâchelieres de quatre à cinq pouces : cet intervalle s’appelle la barre. Les dents de devant servent à faire connoître l’âge du cheval jusqu’à sept ans. Les dents de lait sont celles de devant qui poussent au cheval aussitôt qu’il est né, & tombent au bout d’un certain tems pour faire place à d’autres, que le cheval garde toute sa vie. Avoir la dent mauvaise, se dit d’un cheval qui mord ceux qui l’approchent. Mettre, pousser, prendre, jetter, percer, ôter ses dents ; voyez ces mots à leurs lettres.

Un cheval dangereux du pié ou de la dent, doit être coupé, cela l’empêche de mordre & de ruer. Voyez Chatrer. (V)

Dent, Dentelé, (Botaniq.) on dit d’une feuille qu’elle est dentelée, quand elle est entourée dans son bord de petites échancrures appellées dents, & qui forme de la dentelle. (K)

Dent de chien, dens canis, (Hist. nat. botan.) genre de plantes à fleurs liliacées, composées de sept pétales inclinées en bas & recoquillées en-dehors ; le pistil sort du milieu de la fleur, & devient dans la suite un fruit arrondi, divisé en trois loges qui renferment des semences oblongues : ajoûtez aux caracteres de ce genre que la racine est charnue, & faite en forme de dent de chien. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Dent de lion, dens leonis, (Hist. nat. botaniq.) genre de plante à fleurs, composées de plusieurs demi-fleurons qui tiennent à des embryons, & qui sont entourés par le calice ; ces embryons deviennent dans la suite des semences garnies d’une aigrette, rassemblées en un bouquet rond, & attachées sur la couche : ajoûtez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent sur des pédicules, qui sont creux pour l’ordinaire, & qui ne sont point branchus. Tournefort, inst. rei herb. Voy. Plante. (I)

Dent, se dit aussi, en Méchanique, des petites parties saillantes qui sont à la circonférence d’une roue, & par lesquelles elle agit sur les ailes de son pignon pour le faire tourner.

La figure des dents des roues est une chose essentielle, & à laquelle on doit faire beaucoup d’attention dans l’exécution des machines. On peut avoir parfaitement calculé le rapport des roues aux pignons, & en conséquence l’effet que doit faire telle ou telle puissance dans une machine ; mais si la figure des dents des roues & des ailes des pignons sur lesquelles elles agissent, n’est pas telle qu’il en résulte un mouvement uniforme de ces pignons, c’est-à-dire que l’effort que font les roues pour les faire tourner, ne soit pas constamment le même, un pareil calcul n’apprendra rien du véritable effet de la machine : car l’effort des roues étant tantôt plus grand, tantôt plus petit, on ne pourra tabler que sur l’effet de la machine dans le cas le plus desavantageux ; effet qui sera souvent très-difficile à connoître. On voit donc de quelle nécessité il est, que ces dents ayent une figure convenable. Cependant, quoiqu’il y ait plusieurs siecles que l’on fasse des machines où l’on employe des roues dentées, les Méchaniciens avoient entierement négligé ces considé-