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de place qu’un fuseau à la fois ; & ne regardez comme une position nouvelle de fuseaux, que celle où un fuseau du premier, ou second, ou troisieme, ou quatrieme qu’il étoit, est devenu ou troisieme, ou second, ou premier, &c. mais comptez tout autant de positions différentes, qu’il y aura de fois déplacement d’un fuseau. Ecrivez successivement tous ces déplacemens de fuseaux de quatre en quatre, ou d’un plus grand nombre en un plus grand nombre, si la dentelle le comporte ; & vous aurez non seulement la maniere dont chaque point se forme, mais celle encore dont ils se succedent les uns aux autres, tant horisontalement que verticalement. Vous apprendrez en même tems la façon de la couronne ou picot, & celle du pié de la dentelle. Habituez-vous, sur-tout dans les commencemens, à tenir de l’ordre entre vos fuseaux. Ayez en travaillant votre écrit sous les yeux. Bien-tôt cet écrit vous deviendra inutile ; vous acquerrerez la connoissance des points & l’habitude de manier, de ranger, & de retrouver vos fuseaux ; & en moins de huit jours le merveilleux de la dentelle disparoîtra pour vous ; c’est du moins ce qui est arrivé à l’auteur de cet article.

Nous allons ajoûter ici un essai de notre méthode, dont on pourra faire, si on le juge à-propos, la vérification sur le coussin.

Lorsque vous aurez placé vos fuseaux au haut de votre vélin, séparez-en les huit premiers à gauche, & faites-les travailler de la maniere suivante, comme s’il n’y en avoit que quatre.

Jettez le 2 sur le 1, le 4 sur le 3, le 2 sur le 3 : recommencez de mettre le 2 sur le 1, le 4 sur le 3, le 2 sur le 3 ; continuez tant qu’il vous plaira, & vous ferez ce que les ouvrieres appellent une dresse à huit. Si au lieu d’employer les fuseaux deux à deux, vous les eussiez employés un à un, vous eussiez fait ce qu’elles appellent une dresse à deux. Remarquez bien 1°. que les chiffres 1, 2, 3, 4, représentent chacun deux fuseaux contigus dans la dresse à huit : 2°. qu’à chaque déplacement les chiffres 1, 2, 3, 4, ne marquent pas les mêmes fuseaux ; mais qu’en quelque moment que ce puisse être, le chiffre 1 marque toûjours le plus à gauche ; 2 toûjours celui qui le suit ; 3 toûjours celui qui suit le 2, &c. en allant de gauche à droite, & que quand on travaille de droite à gauche, 1 marque toûjours le plus à droite, 2 celui qui le suit en allant de droite à gauche, & ainsi de suite.

Quand toutes vos dresses seront faites de même longueur, vous les tirerez bien verticalement & bien parallelement les unes aux autres, & vous ficherez une épingle à l’angle que forment les fils à l’extrémité de chacune, laissant les fuseaux 1, 2, à droite, & les fuseaux 3, 4, à gauche de l’épingle qui les tiendra séparés.

Vous avez plusieurs manieres d’arrêter vos dresses ; ou faites un nœud ordinaire avec les fils ou fuseaux 1, 2, & 3, 4 ; ou faites un point jetté ; nous dirons dans la suite comment il se fait ; ou faites un point commun ou de coutume, &c.

Quand on a fait la dresse, si on la reprend en sens contraire, de droite à gauche quand on a été de gauche à droite, & qu’on observe de laisser deux fuseaux qui servent à enfermer les épingles, on exécutera le point de coutume ou commun.

On peut faire succéder la toile ou l’entoilage au point de coutume. L’entoilage se commence du côté même où l’on a terminé le point de coutume ; ainsi si c’est à gauche, on laisse les deux premiers fuseaux : on prend les quatre fuseaux suivans ; on les tord deux à deux, c’est-à-dire qu’on passe de dessus en-dessous & de dessous en-dessus les fils dont ils sont chargés ; puis les nommant de gauche à droite, comme nous l’avons prescrit, 1, 2, 3, 4, on met le 1

sur le 3, le 2 sur le 1, le 4 sur le 3, & le 2 sur le 3, & le point d’entoilage est fait : pour continuer, on ne tord point ; mais des quatre fuseaux employés, on laisse les deux qui sont le plus à gauche : on prend les deux restans, auxquels on associe les deux qui les suivent immédiatement, en allant de gauche à droite ; puis on met le 2 sur le 3, & l’on continue comme on a fait précédemment. Il n’y a que le premier mouvement qui differe ; car dans le premier cas on a mis le 1 sur le 3, & dans celui-ci c’est le 2. Cette observation est la seule qu’il y ait à faire.

Il s’agit maintenant de faire la couronne ; pour cet effet on commencera par tordre deux fuseaux à discrétion ; on fichera une épingle où l’on aura tordu ces deux fuseaux ; il ne faut pas oublier que tordre deux fuseaux, c’est passer l’un sur l’autre les fils dont ils sont chargés : on passera sur l’épingle & l’on tournera sur elle de droite à gauche les fils tordus des deux fuseaux ; puis on prendra celui des deux fuseaux qui se trouvera à gauche, & l’on dépassera de dessus l’épingle son fil, en revenant par-dessus la tête de cette épingle de gauche à droite. Cette manœuvre ne se fait que pour serrer l’ouvrage ; car quand on a serré, on replace le fuseau dépassé comme il étoit auparavant. Quand on a continué ainsi jusqu’à ce qu’on soit parvenu de droite à gauche, il restera quatre fuseaux : on séparera ces quatre derniers fuseaux par une épingle, deux d’un côté de l’épingle, deux de l’autre ; on tordra les deux d’un côté ensemble, & pareillement les deux de l’autre côté autant qu’on voudra, & l’on finira par le point appellé le point simple, où l’on jettera le 2 sur le 3, le 4 sur le 3, le 1 sur le 2, le 2 sur le 3, & ainsi de suite.

C’est le réseau qui peut fermer l’entoilage, & voici comment on le fera. On laissera deux fuseaux : on tordra les deux suivans d’un tors. Avec ces deux fuseaux tordus & les deux suivans non tordus, on fera un point. On prendra les deux derniers du point & les deux suivans ; on les tordra deux à deux comme on les prend, & l’on fera un point ; avec les quatre derniers des huit premiers on fera une petite épingle, c’est-à-dire qu’on les tordra deux à deux contigus, & qu’on fera un point. Avec les quatre des douze, qu’on tordra deux à deux, on fera un point : on prendra les deux derniers & les deux suivans, qu’on tordra, & l’on fera un point ou une seconde petite épingle. Avec les quatre derniers des seize, qu’on tordra deux à deux, on fera un point. On prendra les deux derniers & les deux suivans, qu’on tordra deux à deux, & on fera un point. Avec les quatre derniers des seize, qu’on tordra deux à deux, on fera une petite épingle, & ainsi de suite. On fera un point avec les quatre derniers, sans tordre ; puis on fera la couronne afin de fermer le réseau.

Si l’on veut placer ensuite un fond percé, on laissera les deux premiers fuseaux de gauche à droite, & l’on travaillera avec les quatre suivans : il faudra faire un point, tordre les deux premiers des quatre, & non les deux autres ; garder les deux derniers, prendre les deux suivans, les tordre tous quatre deux à deux, & faire un point ; puis ficher une épingle entre les quatre derniers, un peu au-dessous des épingles précédentes : prendre les quatre derniers des huit premiers, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des douze premiers, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des dix premiers, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des huit, les tordre deux à deux, & faire un point : prendre les quatre derniers des douze, les tordre deux à deux, faire un point : prendre les deux derniers & les deux suivans, les tordre deux à deux, & faire un point ; puis les séparer par une épingle,