Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/865

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnes de diametre. L’expérience nous apprend, 1°. qu’un jet dont l’ajutage a 3 lignes de diametre, venant d’un réservoir de 52 piés de haut, a dépensé par minute 28 pintes mesure de Paris : 2°. on sait par une autre regle reçue, qu’un jet pour parvenir à 60 piés de haut, doit descendre d’un réservoir de 72 piés de hauteur. Faites les deux regles de trois suivantes. Voyez Regle de trois.

Premiere regle. On commence à comparer ces deux expériences, qui vous donnent deux termes connus de même espece, qui sont 52 & 72. On prend entre ces deux nombres une moyenne proportionnelle, dont on tire la racine quarrée (consultez ces deux articles) ; cette moyenne proportionnelle sera le troisieme terme connu, & la regle de trois vous donnera le quatrieme en cette maniere : mettez au premier terme 52, au second la moyenne proportionnelle entre 52 & 72, qui est , & les 28 pintes d’eau que dépense le jet de 52 piés de haut trouvées dans l’expérience seront au 3me terme ; 52, ∷ 28, x ; multipliez les deux termes moyens l’un par l’autre, c’est-à-dire 28 par , ce qui vous donnera 1712 que vous diviserez par 52, pour avoir au quotient 33 pintes environ : ainsi un jet de 60 piés de haut, dépense par l’ouverture de trois lignes, & par minute, à peu-près 33 pintes d’eau.

Seconde regle. Comme on demande la dépense d’eau d’un jet de 6 lignes, il faut nécessairement une seconde opération. On sait que les jets provenans de même hauteur de réservoirs avec différens ajutages, sont en raison doublée des diametres des ajutages ; faites cette regle : le quarré de 3 lignes d’ajutage, qui est 9, est à 36 quarré de 6 lignes de l’ajutage demandé, comme 33 pintes de dépense par minute trouvées dans la premiere regle sont à x : on rangera ainsi les termes, 9, 36 ∷ 33, x ; multipliez les deux termes moyens 36 par 33, dont le produit 1188 divisé par 9 donnera pour quotient 132 pintes ; ainsi un jet de 60 piés de haut par 6 lignes d’ajutage dépensera par minute 132 pintes, qui vous donneront tant de muids par heure ; en multipliant 132 par 60 minutes, on aura 7920, qu’il faut diviser par 288 pintes valeur du muid, & l’on trouvera 27 muids par heure, & 660 muids en 24 heures. Cette formule est générale.

Seconde formule. Calculer la dépense des jets venant de différentes hauteurs de réservoir avec les mêmes ajutages. On veut savoir la dépense par minute d’un jet dont le réservoir est à 45 piés de haut, & dont l’ajutage a 3 lignes de diametre.

On se sert de l’expérience qu’un jet provenant d’un réservoir de 13 piés de haut, a dépensé par minute 14 pintes mesure de Paris, ayant un ajutage de 3 lignes de diametre : on compare ce nombre 13 avec celui 45, hauteur du réservoir du jet demandé ; on cherche une moyenne proportionnelle (V. Moyenne proportionnelle) entre les nombres 13 & 45, elle se trouve de que l’on peut évaluer à , & comme l’on a trois termes connus de la regle, on écrit 13, ∷ 14, x, c’est-à-dire 13 piés de hauteur de réservoir sont au nombre moyen proportionnel , comme 14 pintes sont au nombre demandé, exprimé par x ; multipliez par 14, ce qui produira 343 qu’il faut diviser par 13, ce qui donnera au quotient 26 pintes environ ; ainsi un jet venant d’un réservoir de 45 piés de haut, avec le même ajutage de 3 lignes de diametre, dépensera en une minute 26 pintes d’eau. Voyez Jet d’eau.

Cette formule est générale, pourvû que ce soit toûjours le même ajutage dans la formule. (K)

DEPESCHE, sub. f. (Hist. mod.) lettre d’affaire, qu’on envoye en diligence par un courier exprès pour quelque affaire d’état, ou quelqu’autre chose importante. Voyez Courier.

Ce sont les secrétaires d’état ou leurs commis qui sont chargés des dépêches. Le roi donne ses ordres à ses ministres qui sont dans les pays étrangers par dépêches. Voyez Secrétaire, Ambassadeur.

En Allemagne ces sortes de couriers se nomment estafettes ; ils ont la livrée de l’empereur, & l’on est obligé dans toutes les postes de les monter, & ils vont seuls sans postillon.

Le mot de dépêches se dit aussi pour le paquet même qui contient ces sortes de lettres ; mais alors il n’a point de singulier. C’est dans ce sens qu’on dit : Le courier a rendu ses dépêches.

Les François ont eu sous Louis XIV. un conseil de dépêches, auquel assistoient M. le dauphin, le duc d’Orléans, le chancelier, & les quatre secrétaires d’état. Ce conseil subsiste encore aujourd’hui sous le même titre.

En Espagne, le secrétaire d’état chargé du département des affaires étrangeres, est appellé le secrétaire des dépêches universelles, del despatcho universal. (G)

Dépesches, (Jurisprud.) conseil des dépêches, est une des différentes séances du conseil du Roi. Voyez Conseil du Roi. (A)

DÉPÉTRER. un cheval, (Maréchallerie.) c’est la même chose que démêler. Voyez Démêler. (V)

DEPHLEGMER, (Chimie.) signifie séparer d’un liquide composé, & qui contient de l’eau, que les Chimistes appellent aussi phlegme, voyez Phlegme, une partie de cette eau. Ce terme est synonyme à celui de concentrer. Voyez Concentrer.

Le vin, le vinaigre, les acides, les esprits alkalis volatils, les dissolutions des sels neutres, sont les sujets ordinaires de la déphlegmation ou de la concentration.

On enleve une partie de l’eau contenue dans ces liquides par l’évaporation, soit à l’air libre soit dans les vaisseaux fermés (voyez Evaporation & Distillation), soit par la gelée (voyez Concentration par la gelée au mot Gelée). Voyez aux articles particuliers indiqués à la fin de cet article, quels sont ceux des liquides dont il s’agit, qui sont propres à être déphlegmés par l’un ou l’autre de ces moyens.

On peut aussi enlever l’eau à un certain liquide, par l’application d’une substance qui s’y attache plus fortement que celle à laquelle elle est unie dans le liquide à déphlegmer ; c’est ainsi qu’on déphlegme l’esprit-de-vin par l’alkali fixe, l’acide nitreux par l’acide vitriolique. Voyez les articles particuliers Acide nitreux, Acide vitrioloque, Acide marin, aux mots Nitre, Vitriol, Sel marin ; Esprit-de-vin aux mots Vin, Vinaigre. (b)

DEPIÉ DE FIEF, (Jurisprud.) est la même chose que démembrement de fief : il est ainsi appellé dans quelques coûtumes au lieu de dépiecement, pour exprimer que le démembrement met le fief en pieces. Ce terme est employé dans les coûtumes d’Anjou, du Maine, & Touraine.

Dans ces coûtumes le dépié de fief arrive en deux manieres ; savoir quand le vassal aliene quelque portion de son fief sans retenir aucun devoir sur la chose aliénée, ou quand le vassal aliene plus du tiers, ou selon d’autres coûtumes plus des deux tiers avec devoir ou sans devoir, pourvû qu’en précomptant le devoir il y ait plus du tiers ou des deux tiers aliénés. Lorsque le vassal retient la foi sur la portion par lui aliénée, cela s’appelle faire son domaine de son fief.

En Anjou & au Maine le vassal qui a fait le depié de son fief, est privé de fief & de la justice, le tout est devolu au seigneur dominant.

Si le depié de fief n’étoit commis que par degrés, la peine ne seroit encourue que du jour de la derniere aliénation, qui excede ce qu’il est permis de démembrer par la coûtume.