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Député, chez les Anglois, ne suppose souvent qu’une commission ou emploi, & non une dignité ; ensorte qu’on s’en sert indifféremment pour un vice ou lieutenant. Voyez Lieutenant.

Chez les anciens, deputatus a premierement été appliqué aux Armuriers ou ouvriers que l’on employoit dans les forges à fabriquer les armes, &c. & secondement à ces hommes actifs qui suivoient l’armée, & qui étoient chargés de retirer de la mêlée & de soigner les blessés.

Deputatus, ΔΕΠΟΥΤΑΤΟΣ, étoit aussi dans l’église de Constantinople un officier subalterne, dont les fonctions étoient d’aller chercher les personnes de condition auxquelles le patriarche vouloit parler, & d’empêcher la presse sur le passage de ce prélat.

Il paroît que cet officier étoit une especé d’huissier, qui étoit outre cela chargé du soin des ornemens sacrés ; en quoi son office ressembloit en quelques parties à celui de sacristain. Chambers & Trév. (G)

Députés du Clergé : ils sont tirés tant du premier que du second ordre, qui dans les assemblées de ce corps représentent les provinces ecclésiastiques, & en stipulent les intérêts : ceux de l’université ou des cours souveraines vont au lieu de la députation présenter le vœu de leur ordre ou compagnie : ainsi après la victoire de Fontenoy, le Roi fut complimenté par des députés de toutes les cours, souveraines, qui se rendirent pour cet effet au camp devant Tournay. (G)

Député du Tiers-état, (Histoire mod.) nous traduisons ainsi le mot anglois commoner ; nom qu’on donne aux membres de la chambre des communes, en opposition à celui de pair ou de seigneur, que l’on donne aux membres de la chambre-haute. Ces députés peuvent être choisis parmi toutes sortes de personnes au-dessous du rang de baron, c’est-à-dire parmi les chevaliers, les écuyers, les gentilshommes, les fils de la noblesse, &c. Voyez chacun de mots sous son propre article, Chevalier, Écuyer, &c. (G)

Député du Commerce, (Comm.) c’est un marchand, négociant, faisant actuellement le commerce, ou qui l’a exercé pendant plusieurs années, qui est élû à la pluralité des voix ou par le scrutin dans l’assemblée générale des chambres particulieres de Commerce établies dans quelques-unes des principales villes de France, pour assister au nom de la chambre dont il est député, au bureau général du Commerce établi à Paris, ou en poursuivre les affaires au conseil royal de Commerce.

Il n’y a que le député des états de la province de Languedoc qui soit dispensé de la profession actuelle du négoce, ou du moins exercée pendant long-tems ; le Roi ayant trouvé bon que le syndic des états en tour de député à la cour, de quelque condition qu’il se trouve, puisse aussi faire les fonctions de député de la chambre du Commerce de la province.

Il y a treize députés du Commerce ; savoir deux de Paris, & un de chacune des villes de Lyon, Roüen, Bordeaux, Marseille, la Rochelle, Nantes, Saint-Malo, Lille, Bayonne, Dunkerque, & celui de la province de Languedoc.

Les appointemens de ces députés du Commerce ne sont pas les mêmes pour ceux de toutes les villes ; car celui de Lyon, par exemple, a 8000 liv. celui de Roüen en a autant : & dans la plûpart des autres chambres les appointemens de ces députés sont fixés plus ou moins haut, à la volonté du Roi. Dictionn. de Comm. & de Trév. & Regl. du Comm. (G)

DÉRAC, s. m. (Histoire anc.) c’étoit l’ancienne coudée des Egyptiens & même des Hébreux. Gréaves dans son traité du pié romain, l’évalue à 1824 milliemes du pié de Langres.

DÉRADER, v. act. (Mar.) se dit d’un vaisseau

que le gros tems force de quitter la rade où il étoit mouillé, en le faisant chasser sur son ancre. (Z)

DÉRANGER, DÉMAILLER LA BONNETTE, (Marine.) c’est-à-dire déboutonner la bonnette du corps de la voile.

DÉRAPER, v. n. (Marine.) se dit de l’ancre qui quitte le fond où elle étoit mouillée, soit qu’on la leve pour appareiller, soit qu’un mauvais tems tourmente le vaisseau, & roidisse assez le cable pour le forcer de quitter le fond.

DERAS, (Géograph. mod.) ville de Perse en Asie. Long. 79. 30. lat. 31. 32.

* DÉRAYURE, s. f. (Œconom. rustiq.) le dernier sillon d’un champ, celui qui le distingue d’un champ voisin, & qui leur est commun à l’un & à l’autre

DERBENT, (Géog. mod.) ville de Perse en Asie ; elle est située au pié du Caucase, proche la mer Caspienne. Lat. 42. 8. long. 67. 35.

DERBY, (Géog. mod.) voyez DARBY.

DERBISHIRE, (Géog. mod.) province d’Angleterre, qui a Derby pour capitale.

* DERCÉTO, s. f. (Myth.) idole moitié femme & moitié poisson, adorée dans la Palestine : les uns la confondent avec Dagon, d’autres avec Atergatis.

DERHEM, s. m. (Comm.) petit poids de Perse qui vaut la cinquieme partie d’une livre ; il n’en faut pas tout-à-fait trois cents pour faire le batman de Tauris. Les Persans regardent le derhem comme leur dragme. Voyez Batman. Dictionn. de Comm. & de Trév. & Dish. (G)

DÉRIBANDS, s. m. pl. (Comm.) toiles de coton de différentes longueurs & largeurs, qui viennent des Indes orientales en pieces de cinq & neuf aulnes. Voyez le dictionn. de Comm.

DÉRIVATIF, adj. m. terme de Medecine, par lequel on exprime un moyen de procurer la dérivation des humeurs vers une partie plus que vers une autre. On dit une saignée dérivative, un purgatif dérivatif, un bain, un topique dérivatif. Voyez Dérivation, Saignée. (d)

Dérivatif, terme de Commerce. Voy. Dérivé, qui est plus en usage.

DÉRIVATION, s. f. terme de Grammaire ; c’est un terme abstrait pour marquer la descendance, &, pour ainsi dire, la généalogie des mots. On se trompe souvent sur la dérivation des mots.

Dérivé, ée, part. pass. de dériver, terme de Grammaire : ce mot se prend substantivement, comme quand on dit le dérivé suppose un autre mot dont il dérive. On appelle dérivé, un mot qui vient d’un autre qu’on appelle primitif. Par exemple, mortalité est dérivé de mort, légiste de lex. Ce mot dérivé vient lui-même de rivus, ruisseau, source, fontaine où l’on puise. Notre poésie ne souffre pas la rime du dérivé avec le primitif, comme d’ennemi avec ami. (F)

Dérivation, terme de Medecine, par lequel on exprime le cours des humeurs qui sont détournées d’une partie vers une autre, où elles se portent en plus grande abondance, respectivement à l’état naturel ; en sorte que celle-ci en soit plus chargée, à proportion de ce que celle-là n’en reçoit point : ainsi la dérivation est opposée à la révulsion. Voyez Révulsion.

L’un & l’autre terme sont employés particulierement pour donner l’idée des effets de la saignée, au moyen de laquelle le sang se portant par les lois d’Hydraulique observées dans la machine humaine, vers l’endroit où il y a moins de résistance, est dérivé des autres parties voisines, & des rameaux mêmes, vers le tronc du vaisseau ouvert. Il s’est fait une grande révolution dans la doctrine de la dérivation & de la révulsion, à l’égard des saignées, sur-