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présente de nouveau l’instrument à d’autres dents, pour voir si leurs distances sont les mêmes ; si elles ne le sont pas, on tâche de les rendre égales par les moyens ordinaires, & on continue de représenter l’échantillon, jusqu’à ce que son extrémité B rase également toutes les pointes des dents de la roue. Cette opération est fort délicate, & cependant fort nécessaire ; car il est de la plus grande conséquence que les dents d’une roue de rencontre soient bien égales, afin qu’on puisse avoir des palettes larges & un échappement un peu juste, sans craindre cependant que la montre arrête par les accrochemens. Voyez Accrochement, Echappement. (T)

Echantillon, à la Monnoie, est l’étalon ou poids original de l’hôtel des monnoies de Lyon ; ce que la cour des monnoies de Paris appelle étalon original. Voyez Etalon.

Echantillon, (Rubanier & autres Arts méchan.) se dit d’une petite longueur de quelqu’ouvrage que ce soit ; laquelle longueur est suffisante pour laisser voir entier au moins le dessein qu’il représente.

ECHANTILLONNER, ou ECHANTILLER, (Jurispr.) c’est confronter des poids ou mesures avec l’étalon ou original. Voyez Escandillonage, & ci-après Etalon. (A)

Echantillonner, v. act. (Comm.) c’est couper les échantillons d’une piece d’étoffe, pour les faire voir aux marchands ou aux acheteurs.

Il signifie aussi couper des morceaux de drap des pieces qui viennent de la teinture, pour en faire le débouilli. Voyez Teinture.

Les maître, & gardes Drapiers ont ce droit, & c’est à eux de faire échantillonner les draps, c’est-à-dire d’en faire couper des échantillons pour les mettre à l’épreuve du débouilli. Dictionn. de Comm. de Trév. & Chambers. (G)

* ECHANVROIR, s. m. (Œcon. rust.) planche haute d’environ trois piés, & assemblée debout avec quelque morceau de bois. On prend le chanvre ou le lin poignée à poignée, on l’appuie sur cette planche, & on le bat avec une espece de couteau de bois d’éclisse qui en sépare les chenevottes, & rend la filasse lisse & belle. Il y a des échanvroirs de fer en forme de couprets émoussés.

ECHAPPADE, s. f. mot qui n’est dans aucun dictionnaire, & qui est cependant fort usité parmi les Graveurs en bois. C’est l’action ou l’accident d’enlever quelque trait avec le fermoir, en dégageant les contours d’une planche gravée, soit parce que l’outil est entraîné dans le fil du bois, soit parce que ce trait n’aura pas été assez dégagé à sa base par le dégagement fait avec la pointe à graver, ou qu’on aura trop pris d’épaisseur de bois avec le fermoir, ou bien parce qu’on n’aura pas eu soin d’appuyer le pouce de la main qui tient l’outil, contre celui de la main gauche, en dégageant, pour le tenir en respect, & par ce moyen éviter l’échappade. L’échappade a lieu aussi avec la gouge, quand on n’a pas la précaution d’appuyer le pouce droit contre le gauche, comme l’on vient de dire, ou quand on baisse trop horisontalement cet outil : alors il échappe en vuidant, & va tout à-travers la gravure faire breche à quantité de traits, de tailles ou de contours ; accident d’autant plus desagréable, que n’y ayant d’autre remede que de mettre aux places ébrechées de petites pieces, il est presqu’impossible, sur-tout à des ouvrages délicatement gravés, qu’il n’y paroisse pas, si ce n’est aux premieres impressions, du moins à celles qui suivront, quand la planche aura été lavée, parce que l’eau fait renfler la piece plus que la superficie de la planche ; desorte que, quelque bien ajustée qu’elle ait été, il se forme presque toûjours à l’estampe un trait blanc autour de cette piece, ce qui gâte

la gravure. Voyez Pieces. Cet article est de M. Papillon, Graveur en bois.

ECHAPPÉ, adj. synon. (Gramm.) Nous croyons devoir avertir ici que ces mots, est échappé, a échappé, ne sont nullement synonymes. Le mot échappé, quand il est joint avec le verbe est, a un sens bien différent de celui qu’il a lorsqu’il est joint au verbe a : dans le premier cas il désigne une chose faite par inadvertance ; dans le second une chose non faite par inadvertance ou par oubli. Ce mot m’est échappé, c’est-à-dire j’ai prononcé ce mot sans y prendre garde : ce que je voulois vous dire m’a échappé, c’est-à-dire j’ai oublié de vous le dire ; ou dans un autre sens, j’ai oublié ce que je voulois dire.

S’Evader, s’Enfuir & s’Échapper, different en ce que s’évader se fait en secret ; s’échapper suppose qu’on a déjà été pris, ou qu’on est près de l’être ; s’enfuir ne suppose aucune de ces conditions : on s’échappe des mains de quelqu’un, on s’évade d’une prison, on s’enfuit après une bataille perdue. (O)

Echappé, (Marechallerie & Manége.) se dit en parlant d’un cheval provenant de race de cheval anglois, barbe, espagnol, &c. & d’une jument du pays ; ainsi nous disons un échappé d’anglois, d’espagnol, de barbe, &c. Voyez Haras : en ce cas le terme échappé est substantif.

Nous l’employons comme adjectif lorsqu’il s’agit de désigner un cheval qui s’est dégagé par quelque moyen que ce soit des liens qui le tenoient attaché, soit qu’il se soit délicoté, soit qu’il ait pû se dérober à l’homme qui le conduisoit en main.

Il est nombre de chevaux très-sujets à s’échapper dans l’écurie, après s’être délivrés de leurs licous. Il seroit sans doute superflu de détailler ici la multitude des accidens qui peuvent en résulter ; nous nous contenterons d’observer que le licou dont on doit se servir par préférence à tout autre, eu égard à l’animal qui a contracté cette mauvaise habitude, est un licou de cuir à doubles-sous-gorges qui se croisent (voyez Licou). Quant à celui que l’on mene en main & qui s’échappe, son évasion ne peut le plus souvent être attribuée, ou qu’à la négligence de celui qui le conduit, ou qu’à l’assujettissement dans lequel il le tient. Dans le premier cas le palefrenier ou le cavalier marchent sans attention, & n’ont dans leur main que le bout ou l’extrémité des rênes ou de la longe, de maniere que si le cheval est trop vif ou trop gai, ou si quelqu’objet l’effraye, il fait plusieurs pointes, & peut estropier l’homme qui est à cheval ou à pié ; d’autres fois il se jette en-arriere, & tire si fort en se cabrant ou sans se cabrer, que la crainte saisit le palefrenier, ou que le cavalier monté sur un autre cheval est dans le risque évident de tomber, & c’est ainsi qu’on le lâche & qu’on l’abandonne. Ceux qui le contraignent trop, qui le menent la longe ou les rênes trop raccourcies, principalement les palefreniers qui empoignent grossierement les branches du mords, & les rapprochent en les serrant de maniere à blesser l’animal, & qui de plus le fixent sans cesse en se retournant, s’exposent aux mêmes inconvéniens : pour les éviter, on doit observer un milieu entre le trop de gêne & le trop de liberté. L’homme qui est à cheval & qui est muni de la longe, en laissera à l’animal une juste longueur. Dès qu’il s’approchera trop de lui, il l’en éloignera ; dès qu’il s’en éloignera trop, il l’en raprochera, non en le tirant tout d’un coup, mais en le retenant legerement, en rendant ensuite & en le ramenant ainsi insensiblement. Lorsqu’il employe une force subite, l’animal en oppose une plus grande, qui l’emporte bien-tôt. A l’égard du palefrenier, il tiendra les rênes d’une main, au-dessous des-boucles qui empêchent qu’elles ne sortent & se dégagent des anneaux fixés au bas des branches par un touret, & de l’au-