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duire de l’eau & de les en remplir ; ce qui suppose d’une part, & à une de leurs extrémités, un réservoir qui peut s’y dégorger dès qu’on ouvre un robinet qui y est placé à cet effet ; & d’un autre côté ou à l’autre bout, un second robinet pour l’écoulement du fluide quand les chevaux ont bû. Au moyen de cette irrigation, une auge de cette matiere est toûjours plus propre & plus nette. Les consoles ou les piés-droits qui servent d’appui & de soûtien aux auges de bois ou de pierre, sont espacées de maniere qu’ils ne se rencontrent point dans le milieu des places qu’occupent les chevaux ; car non-seulement ils priveroient dès-lors les palefreniers de la facilité de relever la litiere, & de la ranger sous l’auge ; mais l’animal pourroit s’atteindre, se blesser les genoux, & se couronner. Enfin au-dessous du bord de la paroi antérieure dont j’ai parlé, on attache dans les auges de bois, & l’on scelle dans les auges de pierre, trois anneaux à distances égales : celui qui est dans le milieu, sert à soûtenir la barre ; les deux autres, à attacher ou à passer les longes des licols, une d’un côté, & la seconde de l’autre : & l’on comprend que l’anneau du milieu devient inutile, si l’on sépare les chevaux par des cloisons. Il en est qui au lieu d’anneaux pratiquent trois trous, mais cette méthode ne tend qu’à affoiblir le bois, & qu’à endommager la pierre ; & de plus, si les longes ne sont arrêtées que par des boules posées à leurs extrémités, elles coulent & glissent alors bien moins aisément.

Les especes de grilles que nous nommons des rateliers, ont communément deux piés & demi de hauteur, & sont placés de façon qu’elles sont ou droites ou inclinées. Dans le premier cas, leur saillie en-dedans de l’écurie est d’environ dix-huit pouces ; elles reposent par leur extrémité inférieure contre la paroi postérieure de l’auge, & leur distance du mur est remplie par un autre grillage plus serré, appuyé & arrêté d’une part contre cette même extrémité ; & de l’autre, accoté & fixé à la muraille. Ce grillage livre un passage à la poussiere du foin, qui tombe alors en-arriere même de l’auge. Les autres rateliers sont inclinés par leur extrémité supérieure en-avant. Cette même extrémité est soûtenue par des tirans de fer qui partent horisontalement du mur, & qui l’en maintiennent éloignée d’environ quinze pouces, tandis que l’autre en est si rapprochée, qu’elle y est scellée très-solidement : la mangeoire dès-lors n’en est point séparée. Ceux-ci, que l’on ne doit élever & mettre en usage qu’autant que l’on est gêné par le défaut du terrein, n’offrant aucune issue à la poussiere & aux autres ordures qui peuvent se rencontrer dans le fourrage, s’en déchargent sur la tête, sur le cou & sur la criniere de l’animal. Les fuseaux des uns & des autres de ces rateliers doivent être distans de trois ou quatre pouces seulement. Si l’espace étoit plus grand, le cheval tireroit & perdroit trop de foin ; s’il étoit moindre, il n’en tireroit pas assez, ou n’en tireroit que difficilement : & du reste il est bon que ces fuseaux arrondis tournent & roulent dans les cavités qui les contiennent, parce qu’ils n’opposent point autant de résistance à la sortie du fourrage. Il est des écuries sans rateliers, d’autres qui ont des rateliers sans auge. Celles-ci sont d’usage dans quelques haras ; on y retire les chevaux pendant la nuit & à leur retour du pâturage, sans les y attacher. Voyez Haras. Les autres qui sont destituées de ratelier, demandent une attention, une assiduité de la part des palefreniers, sur laquelle il est rare de pouvoir compter ; car ils ne sauroient étendre dans l’auge une assez grande quantité de fourrage à la fois, & il est absolument nécessaire de le renouveller très-souvent, sans parler de l’inconvénient de la perte qui s’en fait, soit à rai-

son du dégoût dont sont saisis bien des chevaux,

pour peu que leur souffle ait échauffé leur nourriture ; soit attendu l’impossibilité de les maintenir, dès qu’on est privé du secours qu’offrent les rateliers, & qu’on l’abandonne totalement à la discrétion de l’animal, qui s’en remplit la bouche, & qui en laisse tomber une grande partie. Cette construction ne peut donc convenir qu’à ceux qui alimentent leurs chevaux avec des fourrages hachés, seuls, ou mêlés avec le grain, ainsi qu’on le pratique dans quelques pays.

Chaque place se trouve séparée ou par des barres ou par des cloisons. Les barres doivent être unies, arrondies, & percées par les deux bouts. On les suspend par l’une de leurs extrémités, au moyen d’une corde passée dans un des trous à l’anneau du milieu, scellé ou attaché à l’auge ; par l’autre, au moyen d’une même corde au pilier qui est placé en-arriere vis-à-vis cet anneau, & que l’on a percé à cinq pouces au-dessous de l’espece de boule qui en décore le sommet, pour qu’il puisse recevoir la longe qui doit porter la barre. La maniere la plus sûre d’arrêter cette corde, qui sort en-arriere hors du trou de ce pilier, est de la noüer en y faisant une boucle coulante : cette précaution importe d’autant plus, qu’il est alors infiniment plus aisé de dégager promptement & sur le champ un cheval embarré, puisque le palefrenier, en tirant avec une force même legere, l’extrémité de la longe, défait tout-à-coup le nœud, & laisse couler la corde. Il est essentiel encore d’observer que la barre soit suspendue, de maniere qu’elle soit à une hauteur qui réponde à six ou sept doigts environ au-dessus des jarrets du cheval ; & par le bout qui regarde l’auge, au milieu de son avant-bras. Dès qu’elle sera moins élevée, le cheval s’embarrera fréquemment ; & si elle l’est davantage, il pourra rendre inutile la séparation : car les chevaux qui l’avoisineront, seront dans le risque d’en être estropiés, & pourront le blesser lui-même. Quelques personnes aussi ne suspendent les barres en-arriere, que par une corde qui est arrêtée au plancher ou à la voûte. Il est facile de comprendre que le jeu qu’elles ont dès-lors est trop considérable ; elles ne sauroient donc garantir parfaitement les coups de piés que les chevaux se donnent mutuellement, elles les amortissent tout au plus. D’ailleurs il est très-dangereux d’aborder des animaux vifs & sujets à ruer, lorsqu’ils sont séparés ainsi, à moins qu’on n’ait l’attention de se saisir de la barre ; autrement, en vacillant elle frapperoit & heurteroit le cheval, qui détacheroit une ruade capable de tuer celui qui en approcheroit, & qui ne seroit pas en garde contre cet accident. Dans les écuries d’une foule de maquignons, les barres ne sont élevées que du côté de l’auge ; l’autre bout repose à terre & sur le sol. Il seroit sans doute superflu de détailler ici les commodités qu’ils prétendent en retirer ; je leur laisse le soin de se rappeller les suites funestes des embarrures, des coups de pié, des heurts, des contusions, des entorses, des fractures même que cette maniere a occasionnés. Quoi qu’il en soit, les piliers sont l’unique & le meilleur moyen d’assujettir les barres : ils doivent être également ronds & polis ; les inégalités, les fentes y sont nuisibles, en ce que les crins s’y engagent & se rompent. On les place debout de distance en distance, ils limitent l’étendue du terrein destiné à chaque cheval : élevés hors de terre d’environ quatre piés, ils y sont enfoncés à deux piés & demi de profondeur, ensorte qu’ils sont extrèmement stables. S’ils n’étoient point plantés assez en-arriere, ils se trouveroient trop à la portée de l’animal, qui pourroit en profiter pour frotter sa queue, & souvent aussi pour appuyer ses piés de derriere, sur la pince desquels il se reposeroit con-