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remment l’épithete d’égarotté, soit que la blessure soit legere, soit qu’il s’agisse d’une plaie véritablement dangereuse & considérable ; elle ne convient néanmoins proprement que dans ce dernier cas. Les causes de ces blessures, leurs progrès, leurs suites, leurs terminaisons, sont différentes. Voyez Garot. (e)

EGAYER, v. act. (Jardinage.) on dit égayer un arbre, quand on le palisse si proprement que ses branches couvrent également les murs de l’espalier sans confusion, parce que celles qui étoient superflues ont été coupées. On égaye encore un buisson, un arbre de tige, quand on lui ôte les branches qui le rendent confus. (K)

* EGÉE, adj. (Géogr.) c’est la partie de la Méditerranée qu’on appelle communément l’Archipel. Voyez Archipel. Ce nom lui vient, à ce qu’on dit, d’Egée pere de Thésée, qui croyant son fils mort, sur les voiles noires qu’on avoit oublié de changer au vaisseau qui le ramenoit victorieux du minotaure, s’y précipita, & lui donna son nom.

* EGERIE, s. f. (Mythol.) déesse qui presidoit à la naissance de l’enfant & à l’action de l’accouchement ; c’étoit elle qu’on en remercioit, s’il étoit heureux & facile ; ou contre laquelle on blasphémoit, s’il étoit laborieux & pénible. Il y a des mythologistes qui prétendent qu’Egérie & Junon est la même divinité sous deux noms différens.

* Egerie. s. f. (Mythol.) nymphe de la forêt d’Aricie, qu’Ovide donne pour épouse à Numa Pompilius ; mais qui, selon d’autres, n’étoit qu’une divinité tutélaire, qu’il feignoit d’aller consulter dans sa retraite sur les lois qu’il proposoit aux Romains : il ne faisoit descendre des cieux les lois, & ne leur attribuoit une origine céleste, que pour disposer adroitement les esprits à les respecter, & cette mauvaise ruse lui réussit. Après la mort de Numa, les Romains convaincus que le pieux & sage législateur s’entretenoit avec Egérie, allerent chercher la nymphe dans sa forêt, où ils ne trouverent qu’une fontaine, en laquelle ils imaginerent qu’elle avoit été métamorphosée par la commisération de Diane, touchée des pleurs continuelles qu’elle répandoit depuis la mort de Numa. Au reste Numa craignant avec juste raison qu’on ne se méfiât de la réalité de ses entretiens avec une divinité, résolut de la prouver par un miracle, & il en fit un qui ne fut rejetté en doute que par quelques esprits forts ; au nombre desquels on peut mettre Denis d’Halicarnasse, dans les antiquités duquel ceux qui aiment les contes merveilleux pourront lire le détail du miracle opéré par Numa Pompilius, pour la vérité de ses entretiens avec Egérie, & la divinité de ses lois.

EGIALE. (Myth.) une des trois graces. Voyez l’article Graces.

EGIDE. s. f. (Mythol.) L’égide étoit le bouclier, ou la cuirasse des dieux, sur-tout de Jupiter & de Pallas. Mais en parlant des hommes, ce mot désigne seulement la piece d’armure qui couvroit la poitrine, c’est-à-dire la cuirasse.

Anciennement tous les boucliers des dieux, surtout celui de Jupiter, couvert de la peau de la chevre qui l’avoit nourri, & dont il prenoit son nom, s’appelloient des égides ; car αἴξ, αἰγός en grec, signifie chèvre ; ensuite Minerve ayant tué un monstre nommé Egide, qui vomissoit du feu par la bouche, & faisoit beaucoup de ravage dans la Phrygie, la Phénicie, l’Egypte, & la Lybie, elle couvrit son bouclier de la peau de ce monstre, & dès-lors le nom d’égide fut consacré au seul bouclier de la déesse.

Peut-être que Minerve fit périr quelque fameux brigand qui ravageoit le pays, & que c’est ce qui a donné lieu à la fable ; mais comme les Grecs rendoient toûjours des raisons fabuleuses de leurs an-

ciennes cérémonies ; il vaut mieux, ce me semble,

sur cet article, s’en tenir avec M. l’abbé Banier à Hérodote, qui prétend (liv. iv.) que les Grecs ont emprunté des Lybiens l’habit & le bouclier de la déesse Minerve, qui étoit fort honorée dans ce pays, sur-tout aux environs du lac Tirton, où l’on croyoit qu’elle étoit née. Le nom même d’égide, marque bien que cette sorte de bouclier est venue de Lybie, où les habitans portent sous leurs habits des peaux de chevre corroyées, que les Grecs appelloient des égides.

Les Grecs embellirent cette fable à leur maniere, & supposerent que Minerve avoit fait graver la tête de la Gorgone environnée de serpens sur ce terrible bouclier, & qu’on ne pouvoit le regarder sans frémir d’horreur ; ce qui donna lieu dans la fuite, de dire que sa vûe changeoit les hommes en pierres.

D’un autre côté, les poëtes travaillerent à l’envi à consacrer cette fiction à l’immortalité ; mais Homere & Virgile ont surpassé de bien loin tous leurs rivaux, dans les descriptions qu’ils nous ont laissées du bouclier de Minerve.

Ægidaque horrificam, turbatæ Palladis arma,
Certatim squamis serpentum auroque polibant :
Connexosque angues, ipsamque in pectore divæ
Gorgona, desecto vertentem lumina collo.

Æneid. lib. viij. v. 435.

Voici celle d’Homere. Iliad. lib. v. « Elle (Minerve) couvre ses épaules de son égide terrible, d’où pendent cent houpes d’or, & autour de laquelle on voit la terreur, la discorde, la fureur des attaques, les poursuites, le carnage & la mort. Elle avoit au milieu la tête de la Gorgone, cet énorme & formidable monstre, dont on ne sauroit soûtenir la vûe ; prodige étonnant du pere des immortels ! Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

* Egide, (Myth.) monstre qui ravagea la Phrygie, la Phénicie, l’Egypte & la Lybie. Il vomissoit le feu par la bouche : Jupiter ordonna à Minerve de le combattre, Minerve obéit à son pere, vainquit le monstre & en étendit la peau sur son bouclier. Il ne seroit pas difficile de séparer ce que la poésie a mis de fabuleux dans cet évenement, & de le rapprocher, par la conjecture, de la vérité historique. Egide fut quelque brigand de ces tems reculés, qui se répandit dans les contrées dont nous avons parlé, la flamme & le fer à la main : conséquemment le prince régnant sera Jupiter ; le général sage & prudent, auquel il ordonna de marcher contre le brigand, sera représenté par Minerve ; la peau sera l’emblème des dépouilles de l’ennemi, que le général distribua à ses soldats ; ou pour parler le langage de la poésie, qu’il étendit sur son bouclier, qui en devint une arme très-redoutable.

* EGIPANS ou ÆGIPANS, (Myth.) surnom des divinités champêtres, que les payens croyoient habitantes des forêts ou des montagnes ; qu’ils peignoient sous la figure de petits hommes velus, cornus, fourchus, & ornés d’une queue par-derriere.

On donnoit encore ce nom, selon Pline, à des monstres de Lybie, à museau de chevre & à queue de poisson. C’est ainsi qu’on représentoit le capricorne, un des signes du zodiaque, & la figure s’en trouve dans des monumens égyptiens & romains. Les antiquaires appellent aussi cette figure égipan.

EGIRE, s. f.(Mythol.) une des huit Hamadryades. Voyez Hamadryades.

EGLANDER, v. act. (Manége, Maréchallerie.) extirper une glande, expressions synonymes. Je ne parlerai de cette opération recommandée par M. de Soleysel, dans la plûpart des circonstances où un défaut de lumieres & de succès le portoit à tout tenter,