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medes d’une diete très-severe : les saignées & les purgatifs peuvent aussi trouver place dans ce traitement, selon les différentes indications qui se présentent, tirées de l’âge, du tempérament, de la force du malade. Voyez Amour, Passion, Mélancolie. (d)

EROTYLOS, s. m. (Hist. nat.) pierre fabuleuse dont Démocrite, & Pline d’après lui, vantent l’usage dans la divination. Voyez Divination.

ERPACH, (Gég. mod.) château du cercle de Soüabe, en Allemagne. Long. 27. 42. lat. 48. 23.

ERPSE, s. f. Voyez ci-devant Erésipele.

ERRATA, s. m. terme de Litterature & d’Imprimerie, qui signifie une liste qu’on trouve au commencement ou à la fin d’un livre, & qui contient les fautes échappées dans l’impression, & quelquefois dans la composition d’un ouvrage. Voyez Imprimerie.

Ce mot est purement latin, & signifie les fautes, les méprises ; mais on l’a francisé, & du pluriel latin on en a fait en notre langue un singulier : on dit un errata bien fait.

Lindenberg a fait une dissertation particuliere sur les erreurs typographiques ou fautes d’impression, de erroribus typographicis. Il en recherche les causes & propose les moyens de prévenir ces défauts ; mais il ne dit rien sur cette matiere, qui ne soit ou commun ou impraticable. Les auteurs, les compositeurs, & les correcteurs d’Imprimerie, dit-il, doivent faire leur devoir : qui en doute ? Chaque auteur, continue-t-il, doit avoir son imprimerie chez lui : cela est-il possible ? & le souffriroit-on dans aucun gouvernement ?

Quelqu’un a appellé l’ouvrage du P. Hardoüin sur les médailles, l’errata de tous les antiquaires ; mais il est trop plein de choses singulieres, hasardées, & quelquefois fausses, pour n’avoir pas besoin lui-même d’un bon errata. Les critiques sur l’histoire par Perizonius, peuvent être à plus juste titre appellées l’errata des anciens historiens. Le dictionnaire de Bayle a été regardé comme l’errata de celui de Moreri, cependant on y a découvert bien des fautes ; elles sont comme inséparables des ouvrages fort étendus. Dict. de Trévoux & Chambers. (G)

ERRE, s. f. en terme de Marine, signifie l’allure ou la façon dont le vaisseau marche. (Z)

Erres du Cerf, (Ven.) sont ses naces ou voies.

ERREMENS, s. m. plur. (Jurisprud.) les derniers erremens, sont les dernieres procédures qui ont été faites de part ou d’autre dans une affaire. Ce terme paroît venir du latin arrhæ, d’où l’on a fait en françois aires ou erres, airemens ou erremens, les procédures & productions étant considérées comme des especes d’arrhes ou gages que les parties se donnent mutuellement pour la décision du procès. Les erremens du plaids étoient cependant opposés aux gages de batailles ; les premiers n’avoient lieu que dans les affaires civiles, les autres dans les affaires criminelles qui se décidoient par la voie du duel : cette différence est établie par Beaumanoir, chap. vij. pag. 49. fig. 7. & 8. ch. l. p. 271. & ch. lxj. p. 318.

On donne encore copie des derniers erremens, c’est-à-dire des dernieres procédures, & on procede suivant les derniers erremens, lorsque l’on reprend une contestation dans le même état & dans les mêmes qualités dans lesquelles on procédoit ci-devant ; mais il faut pour cela que l’instance ne soit pas périe. Voyez l’ancien style du parlement, chap. j. & xjv. Joan. Galli, quest. 167. & 200. Boutillier, en sa somme rurale ; la pratique de Masuer, & le gloss. de M. de Lauriere au mot Erremens. (A)

ERREUR, s. f. (Philos.) égarement de l’esprit qui lui fait porter un faux jugement Voyez Jugement.

Plusieurs philosophes ont détaillé les erreurs des sens, de l’imagination & des passions : mais leur

théorie trop imparfaite est peu propre à éclairer dans la pratique. L’imagination & les passions se replient de tant de manieres, & dépendent si fort des tempéramens, des tems, & des circonstances, qu’il est impossible de dévoiler tous les ressorts qu’elles font agir.

Semblable à un homme d’un tempérament foible qui ne releve d’une maladie que pour retomber dans une autre ; l’esprit, au lieu de quitter ses erreurs, ne fait souvent qu’en changer. Pour délivrer de toutes ses maladies un homme d’une foible constitution, il faudroit lui faire un tempérament tout nouveau : pour corriger notre esprit de toutes ses foiblesses, il faudroit lui donner de nouvelles vûes, & sans s’arrêter au détail de ses maladies, remonter à leur source même & la tarir.

Nous trouverons cette source dans l’habitude où nous sommes de raisonner sur des choses dont nous n’avons point d’idées, ou dont nous n’avons que des idées mal déterminées. Ce qui doit être attribué au tems de notre enfance, pendant lequel nos organes se développant lentement, notre raison vient avec encore plus de lenteur, & nous nous remplissons d’idées & de maximes, telles que le hasard & une mauvaise éducation les présentent. Quand nous commençons à refléchir, nous ne voyons pas comment les idées & les maximes que nous trouvons en nous, auroient pû s’y introduire ; nous ne nous rappellons pas d’en avoir été privés : nous en jouissons donc avec sécurité, quelque défectueuses qu’elles soient : nous nous en rapportons d’autant plus volontiers à ces idées, que nous croyons souvent que si elles nous trompoient, Dieu seroit la cause de notre erreur ; parce que nous les regardons sans raison comme l’unique moyen que Dieu nous ait donné pour arriver à la vérité.

Ce qui accoûtume notre esprit à cette inexactitude, c’est la maniere dont nous apprenons à parler. Nous n’atteignons l’âge de raison, que long-tems après avoir contracté l’usage de la parole. Si l’on excepte les mots destinés à faire connoître nos besoins, c’est ordinairement le hasard qui nous a donné occasion d’entendre certains sons plûtôt que d’autres, & qui a décidé des idées que nous leur avons attachées.

En rappellant nos erreurs à l’origine que je viens d’indiquer, on les renferme dans une cause unique. Si nos passions occasionnent des erreurs, c’est qu’elles abusent d’un principe vague, d’une expression métaphorique, & d’un terme équivoque, pour en faire des applications d’où nous puissions déduire les opinions qui nous flatent. Donc, si nous nous trompons, les principes vagues, les métaphores, & les équivoques, sont des causes antérieures à nos passions ; il suffira par conséquent de renoncer à ce vain langage, pour dissiper tout l’artifice de l’erreur.

Si l’origine de l’erreur est dans le défaut d’idées, ou dans des idées mal déterminées, celle de la vérité doit être dans des idées bien déterminées. Les Mathématiques en font la preuve. Sur quelque sujet que nous ayons des idées exactes, elles seront toûjours suffisantes pour nous faire discerner la vérité : si au contraire nous n’en avons pas, nous aurons beau prendre toutes les précautions imaginables, nous confondrons toûjours tout. Sans des idées bien déterminées, on s’égareroit même en Arithmétique.

Mais comment les Arithméticiens ont-ils des idées si exactes ? C’est que connoissant de quelle maniere elles s’engendrent, ils sont toûjours en état de les composer, ou de les décomposer, pour les comparer selon tous leurs rapports.

Les idées complexes sont l’ouvrage de l’esprit ; si elles sont défectueuses, c’est parce que nous les avons mal faites. Le seul moyen pour les corriger, c’est de