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sages difficiles, où les mulets & les chevaux ne peuvent être d’aucun usage, &c.

Pour l’Hydraulique, elle peut servir à pratiquer des inondations aux environs d’une place, d’un camp ou d’un retranchement, pour les rendre moins accessibles ; à saigner des rivieres, des ruisseaux, à détourner leurs cours, à donner aux ouvrages qu’on oppose à leur action les dimensions nécessaires pour qu’ils puissent résister à leur impression, & enfin à beaucoup d’autres choses que l’usage de l’art de la guerre peut faire rencontrer souvent.

7. Les parties des Mathématiques qu’on propose de traiter dans les articles précédens, peuvent être regardées comme les seules nécessaires dans une école composée d’officiers. Lorsqu’elles seront bien entendues, il ne s’agira plus que d’en faire l’application aux différentes branches de l’Art militaire auxquelles elles servent de fondement.

La fortification irréguliere ayant été omise d’abord à cause de sa difficulté, on y reviendra après les Méchaniques & l’Hydraulique.

On expliquera auparavant les différens systèmes de Fortification proposés par les ingénieurs les plus célebres. On en examinera les avantages & les défauts, & l’on fera entrer les commençans dans les vûes des inventeurs de ces systèmes. On tâchera par là de les accoûtumer à raisonner par principes sur la Fortification : c’est presque le seul avantage qu’on puisse tirer de l’étude de ces différentes constructions.

Pour la fortification irréguliere, on la traitera avec toute l’étendue qu’elle mérite par son importance : on expliquera fort en détail ses regles générales & particulieres ; &, pour les rendre plus sensibles, on les appliquera à diverses enceintes auxquelles on supposera les différentes irrégularités qui peuvent se rencontrer le plus ordinairement. On examinera les fortifications de nos meilleures places, pour faire voir la maniere dont ces regles s’y trouvent observées, & pour faire juger de la position des dehors dans les terreins irréguliers.

On ne peut guere indiquer de livres où l’on trouve tous ces objets traités ou discutés comme il conviendroit qu’ils le fussent. Mais l’on pourra s’en former des idées assez exactes, en joignant, si l’on veut, aux Elémens de fortification, dont on a déjà parlé, la Fortification d’Ozanam, le premier & le second volume des Travaux de Mars, par Alain Manesson Mallet ; l’Architecture militaire moderne, par Sébastien Fernandès de Medrano ; ce que dit M. Rozard de la fortification irréguliere dans son Traité de la nouvelle fortification françoise ; l’Architecture militaire, par le Chevalier de Saint-Julien ; le Parfait ingénieur françois, &c.

On traitera aussi de la fortification des camps, de la construction des lignes, & des retranchemens, de celle des redoutes, fortins, &c. qu’on fait souvent en campagne.

On fera tracer tous ces différens ouvrages sur le terrein, & l’on donnera la maniere d’en déterminer la grandeur relativement aux usages auxquels ils peuvent être destinés, & au nombre de troupes qu’ils doivent contenir.

8. Comme la science de l’Artillerie est une des plus essentielles à l’Art militaire, & qu’elle influe également dans la guerre des siéges & dans celle de campagne, on donnera un précis de tout ce qu’elle a de plus intéressant pour tous les officiers.

Les Mémoires d’artillerie de M. de Saint-Remi sont l’ouvrage le plus complet & le plus étendu sur cette matiere ; mais comme ils sont remplis de beaucoup de détails peu importans & peu nécessaires à la plûpart des officiers, on se contentera de donner un extrait de ce qu’ils contiennent de plus généralement utile ; ou bien l’on se servira du premier volume des

Elémens de la guerre des sieges, qui traite des armes en usage dans les armées, depuis l’invention de la poudre à canon.

9. Après l’Artillerie, on donnera tout ce qui concerne le détail de l’attaque & de la défense des places. On pourra se servir pour cet effet du second & du troisieme volume des Elémens de la guerre des siéges, que nous venons de citer ; du traité de M. le Maréchal de Vauban, sur la même matiere ; & de l’Ingénieur de campagne, par M. de Clairac. On trouve dans ce dernier ouvrage beaucoup de regles, d’observations, & d’exemples sur l’attaque & la défense des petits lieux, comme bourgs, villages, châteaux, &c. qui peuvent être d’un grand usage à tous les officiers à qui l’attaque ou la défense de ces sortes de postes est ordinairement confiée.

10. On traitera aussi de la Castramétation ; on donnera les regles générales qui doivent toûjours s’observer dans l’arrangement ou la disposition des camps. On pourra se servir pour cet effet de l’Essai sur la Castramétation, imprimé chez Jombert en 1748. On terminera ce cours d’étude par un abrégé de Tactique, & un précis des ordonnances ou réglemens militaires.

On ne peut indiquer d’autre livre, pour servir de base aux leçons de Tactique, que l’Art de la guerre, par M. le Maréchal de Puysegur. Il est vraissemblable que cette matiere ne sera pas traitée d’abord d’une maniere aussi parfaite qu’on pourroit le desirer, mais il est très-important de l’essayer ; car en faisant des efforts pour la rendre intéressante, on pourra disposer insensiblement les esprits à ce genre d’étude, & parvenir à en donner le goût.

Lorsqu’il se trouvera plusieurs régimens dans un même lieu, les Officiers de ces régimens seront invites d’assister aux leçons de Tactique ; & ils pourront y communiquer leurs réflexions ou leurs observations sur l’exécution des différentes évolutions & manœuvres enseignées dans l’ouvrage de l’illustre auteur que nous venons de citer. C’est un moyen très-propre à exciter l’émulation des jeunes officiers, à les engager à réfléchir sur les opérations militaires, & à en étudier les regles & les principes ; & ce sont ces différens avantages qui doivent résulter d’une école établie pour les former dans la science de la guerre.

On pourra, dans le cours des leçons de Tactique, faire usage du Commentaire sur Polybe, par M. le Chevalier de Folard ; mais on choisira les endroits où cet auteur donne des préceptes sur les différentes actions des armées, & l’on ne le suivra point dans les digressions & les paragraphes moins importans, qui se trouvent dans son ouvrage, dont l’examen ou la discussion demanderoit trop de tems. Le Professeur aura soin d’indiquer à ceux qui voudront s’occuper de cette matiere, les autres livres dont la lecture peut être la plus utile ; tels sont les Mémoires de Montécuculi, de M. de Feuquieres ; le Parfait capitaine, par M. le duc de Rohan ; les Réflexions militaires, par M. le Marquis de Santa-Cruz ; l’Art de la guerre, par Vautier ; M. de Quincy ; l’Exercice de l’infanterie, par M. Botté, &c.

A l’égard des réglemens militaires, on se servira pour les expliquer, de l’abrégé contenu dans la troisieme édition du livre intitulé, Elémens de l’art militaire, par M. d’Héricourt : on aura soin d’y ajoûter les ordonnances & les instructions postérieures à cette édition. Cette matiere est extrèmement importante à tous les officiers, tant pour connoître les droits attribués à leurs différens grades, que pour la régularité du service & l’observation de la police militaire. (Q)

Etude., (Jurispr.) c’est ainsi qu’on appelle l’endroit où les clercs d’un procureur, ou un procureur