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8°. L’évangile de l’enfance de Jesus : on l’a en grec & en arabe.

9°. L’évangile de S. Thomas : c’est le même que le précédent.

10°. L’évangile de Nicodème : on l’a en latin.

11°. L’évangile éternel.

12°. L’évangile de S. André.

13°. L’évangile de S. Barthelemi.

14°. L’évangile d’Apellés.

15°. L’évangile de Basilide.

16°. L’évangile de Cérinthe.

17°. L’évangile des Ebionites.

18°. L’évangile des Encratites, ou de Tatien.

19°. L’évangile d’Eve.

20°. L’évangile des Gnostiques.

21°. L’évangile de S. Marcion : c’est le même que celui qui est attribué à S. Paul.

22°. L’évangile de S. Paul : le même que celui de Marcion.

23°. Les petites & les grandes interrogations de Marie.

24°. Le livre de la naissance de Jesus, qu’on croit avoir été le même que le protévangile de S. Jacques.

25°. L’évangile de S. Jean, autrement le livre du trépas de la sainte Vierge.

26°. L’évangile de S. Mathias.

27°. L’évangile de la perfection.

28°. L’évangile des Simoniens.

29°. L’évangile selon les Syriens.

30°. L’évangile Selon Tatien : le même que celui des Encratites. Voyez Encratites.

31°. L’évangile de Thadée, ou de S. Jude.

32°. L’évangile de Valentin : c’est le même que l’évangile de la vérité.

33°. L’évangile de vie, ou l’évangile du Dieu vivant.

34°. L’évangile de S. Philippe.

35°. L’évangile de S. Barnabé.

36°. L’évangile de S. Jacques le majeur.

37°. L’évangile de Judas d’Iscariote.

38°. L’évangile de la vérité, qui est le même que celui de Valentin.

39°. Les faux évangiles de Leucius, de Seleucus, de Lucianus, d’Hesychius.

Tel est le catalogue des évangiles apocryphes, que M. Fabricius nous a donné dans son ouvrage intitulé codex apocryphus novi Testamenti. Il s’agit maintenant d’en tracer une notice abrégée d’après ce savant écrivain & d’après le P. Calmet, dans sa dissertation sur les évangiles apocryphes.

I°. Les quatre premiers évangiles apocryphes, savoir l’évangile selon les Hébreux, l’évangile des Nazaréens, l’évangile des douze apôtres, & l’évangile de S. Pierre, paroissent n’avoir été que l’évangile même de S. Matthieu ; mais altéré par diverses particularités qu’y avoient inseré les chrétiens hébraïsans, & qu’ils disoient avoir apprises de la bouche des apôtres, ou des premiers fideles. Les Ebionites le corrompirent encore par des additions & des retranchemens favorables à leurs erreurs. Dès le tems d’Origene, cet évangile ainsi interpolé ne passoit plus pour authentique, & Eusebe le compte parmi les ouvrages supposés. Quelques peres en ont cité des passages, qui ne se trouvent ni dans le texte grec de S. Matthieu, ni dans le latin de la vulgate : par exemple, S. Jérôme sur l’épître aux Ephésiens, en rapporte cette sentence ; Ne soyez jamais dans la joie, sinon lorsque vous voyez votre frere dans la charité : S. Clément d’Alexandrie (Stromat. lib. I.) en cite ces paroles ; Celui qui admirera regnera, & celui qui regnera se reposera. Origene sur S. Jean fait dire à Jesus-Christ, suivant l’évangile des Hébreux : Ma mere, le S. Esprit m’a pris par un de mes cheveux, & m’a transporté sur la haute montagne du Thabor. S. Jérôme, liv. III. contre Pe-

lage, ch. j. rapporte qu’on lisoit dans le même évangile, que la mere de Jesus & ses freres lui disoient :

Voilà Jean qui baptise pour la rémission des péchés, allons nous faire baptiser par lui. Mais Jesus leur répondit : Quel mal ai-je fait pour me faire baptiser par lui ? si ce n’est que cela même que je viens de dire ne soit un péché d’ignorance. D. Calmet rapporte encore dans le corps de son commentaire, un assez bon nombre d’autres passages tirés de cet évangile, que les chrétiens hébraisans nommoient aussi l’évangile des apôtres, prétendant l’avoir reçû du collége des apôtres. On l’appelloit aussi l’évangile des Nazaréens, parce qu’il étoit entre les mains des premiers Chrétiens nommés Nazaréens, de Nazareth, patrie de J. C. Ce nom qui n’avoit d’abord rien d’injurieux, le devint ensuite parmi les Chrétiens mêmes, qui l’appliquerent à une secte opiniâtrément attachée aux cérémonies de la loi, qu’elle croyoir absolument nécessaires au salut. L’évangile de S. Pierre étoit à l’usage des Docetes, hérétiques du ij. siecle, qui prétendoient que Jesus-Christ n’étoit né, n’avoit souffert, & n’étoit mort qu’en apparence. Voyez Docetes & Nazaréens. Quelques peres font aussi mention d’un ouvrage adopté par Héracléon ami de Valentin, & intitulé la prédication de S. Pierre, qui paroît avoir été le même que l’évangile de S. Pierre. Il ne nous reste des quatre évangiles dont nous venons de parler, que des fragmens cités par les peres & les interpretes. Le corps de ces ouvrages ne subsiste plus depuis très long tems.

II. L’évangile selon les Egyptiens passe pour le plus ancien des évangiles purement apocryphes. Son existence est attestée par S. Clément pape, ep. ij. § 12. S. Clément d’Alexandrie, stromat. lib. III. Saint Epiphane, heræs. 62. Saint Jérôme, proæm. in Marth. & d’autres écrivains ecclésiastiques. M. Grabe juge qu’il fut écrit par les chrétiens d’Egypte, avant que S. Luc eût écrit le sien ; & qu’il a en vûe l’ouvrage des Egyptiens, lorsqu’à la tête de son évangile il dit, que plusieurs avant lui avoient tenté d’écrire l’histoire des commencemens du Christianisme. M. Mille prétend qu’il a été composé en faveur des Esseniens qui, selon lui, furent les premiers & les plus parfaits chrétiens de l’Egypte. Quoi qu’il en soit, voici quelques traits singuliers de cet ouvrage. S. Clément pape cite de cet évangile, qu’un certain homme ayant demandé à Jesus-Christ quand le monde devoit finir, le Sauveur lui répondit : Lorsque deux ne seront qu’un, quand ce qui est au-dehors sera au-dedans, & lorsque l’homme & la femme ne seront ni mâle ni femelle. S. Clément d’Alexandrie ajoûte, & lorsque vous foulerez aux piés les habits de votre nudité. Au rapport de ce dernier auteur (stromat. lib. III.) on lisoit dans le même évangile, que Salomé ayant demandé à Jesus-Christ : Jusqu’à quand les hommes mourront-ils ? Jesus lui répondit : Tant que vous autres femmes produirez des enfans. J’ai donc bien fait de n’avoir point d’enfans, repliqua Salomé ? Mais le Sauveur lui dit : Nourrissez-vous de toutes sortes d’herbes, à l’exception de celle qui est amere. Clément d’Alexandrie en cite encore ces paroles : Je suis venu pour détruire les œuvres de la femme, c’est-à-dire l’amour & la génération. Maximes dont les hérétiques des premiers tems, ennemis du mariage, & livrés aux excès les plus dénaturés, ne manquoient pas d’abuser. Cet évangile est absolument perdu, à l’exception des fragmens qu’on vient de lire.

III. L’évangile de la naissance de la Vierge. On en connoît jusqu’à trois ; & nous en avons encore deux entiers. Le principal est le protévangile attribué à S. Jacques le mineur, évêque de Jérusalem. On l’a en grec & en latin. Le second est l’évangile de la nativité de la Vierge, qu’on a en latin, & qui n’est qu’un abrégé du protévangile. Le troisieme ne se trouve