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tions dont ils les chargent dans les ordres qu’ils leur donnent.

Les salaires & appointemens qu’on leur donne pour leur droit de vente, sont communément affranchis de toutes dépenses de voiture, d’échange, des remises, &c. excepté les ports de lettres, qui ne passent point en compte. Voyez Factorage. (G)

Facteur signifie aussi celui qui tient les registres d’une messagerie, qui a soin de délivrer les ballots, marchandises, paquets arrivés par les chevaux, mulets, charrettes ou autres voitures d’un messager ; qui les fait décharger sur son livre, & qui reçoit les droits de voiture, s’ils n’ont pas été acquittés au lieu de leur chargement. Voyez Message & Messagerie. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers. (G)

Facteur d’instrumens de Musique, est un artisan qui fabrique des instrumens de musique, comme les facteurs d’orgues, de clavessins, &c.

On appelle aussi facteurs, ces ouvriers qui se transportent dans les maisons des particuliers qui les y appellent, pour accorder des instrumens de musique. Voyez Instrument.

FACTICE, adject. (Gramm.) qui est fait par art, qui n’est point naturel.

Les eaux distillées sont des liqueurs factices.

On distingue le cinnabre en naturel & en factice. Voyez Cinnabre & Mercure.

FACTION, s. f. (Politiq. & Gram.) Le mot faction venant du latin facere, on l’employe pour signifier l’état d’un soldat à son poste en faction, les quadrilles ou les troupes des combattans dans le cirque, les factions vertes, bleues, rouges & blanches. Voyez Faction, (Hist. anc.) La principale acception de ce terme signifie un parti séditieux dans un état. Le terme de parti par lui-même n’a rien d’odieux, celui de faction l’est toûjours. Un grand homme & un médiocre peuvent avoir aisément un parti à la cour, dans l’armée, à la ville, dans la Littérature. On peut avoir un parti par son mérite, par la chaleur & le nombre de ses amis, sans être chef de parti. Le maréchal de Catinat, peu considéré à la cour, s’étoit fait un grand parti dans l’armée, sans y prétendre. Un chef de parti est toûjours un chef de faction : tels ont été le cardinal de Retz, Henri duc de Guise, & tant d’autres.

Un parti séditieux, quand il est encore foible, quand il ne partage pas tout l’état, n’est qu’une faction. La faction de César devint bientôt un parti dominant qui engloutit la république. Quand l’empereur Charles VI. disputoit l’Espagne à Philippe V. il avoit un parti dans ce royaume, & enfin il n’y eut plus qu’une faction ; cependant on peut dire toûjours le parti de Charles VI. Il n’en est pas ainsi des hommes privés. Descartes eut long-tems un parti en France, on ne peut dire qu’il eût une faction. C’est ainsi qu’il y a des mots synonymes en plusieurs cas, qui cessent de l’être dans d’autres. Article de M. de Voltaire.

* Factions, (Hist. anc.) c’est le nom que les Romains donnoient aux différentes troupes ou quadrilles de combattans qui couroient sur des chars dans les jeux du cirque. Voyez Cirque. Il y en avoit quatre principales, distinguées par autant de couleurs, le verd, le bleu, le rouge, & le blanc ; d’où on les appelloit la faction bleue, la faction rouge, &c. L’empereur Domitien y en ajoûta deux autres, la pourpre & la dorée ; dénomination prise de l’étoffe ou de l’ornement des casaques qu’elles portoient : mais elles ne subsisterent pas plus d’un siecle. Le nombre des factions fut réduit aux quatre anciennes dans les spectacles. La faveur des empereurs & celle du peuple se partageoient entre les factions, chacune avoit ses partisans. Caligula fut pour la faction verte,

& Vitellius pour la bleue. Il résulta quelquefois de grands desordres de l’intérêt trop vif que les spectateurs prirent à leurs factions. Sous Justinien, une guerre sanglante n’eût pas plus fait de ravage ; il y eut quarante mille hommes de tués pour les factions vertes & bleues. Ce terrible évenement fit supprimer le nom de faction dans les jeux du cirque.

Faction, dans l’Art militaire ; c’est le tems qu’un soldat demeure en sentinelle : ainsi être en faction, signifie être en sentinelle. Voyez Sentinelle.

Un soldat en sentinelle est aussi appellé factionnaire. Il y a des factionnaires pour la garde des drapeaux, des faisceaux d’armes, des prisonniers, &c. (P)

FACTIONNAIRE, s. m. se dit, dans un régiment d’infanterie, du plus ancien capitaine, qui doit passer à la place de capitaine de grenadiers lorsque cette compagnie vient à vaquer ; mais on lui ajoûte le nom de premier : ainsi le premier factionnaire dans un régiment d’infanterie, est le plus ancien capitaine immédiatement après celui des grenadiers. (Q)

FACTORAGE, s. m. (Comm.) Voyez Facteur, Courtage, &c.

Le factorage ou les appointemens des facteurs, qu’on nomme aussi commissionnaires, varie suivant les différens pays & les différens voyages qu’ils sont obligés de faire. Le plus commun est fixé à 3 pour 100 de la valeur des marchandises, sans compter la dépense des emballages, qu’il faut encore payer indépendamment de ce droit.

A la Virginie, aux Barbades & à la Jamaïque, le factorage est depuis 3 jusqu’à 5 pour 100 : il en est de même dans la plus grande partie des Indes occidentales. En Italie il est de deux & demi pour cent ; en Hollande, un & demi ; en Espagne, en Portugal, en France, &c. deux pour cent. Voyez les dictionn. du Commerce, de Trévoux & de Chambers. (G)

FACTORERIE ou FACTORIE, s. f. (Gramm.) lieu où réside un facteur, bureau dans lequel un commissionnaire fait commerce pour ses maîtres ou commettans. Voyez Facteur, Commissionnaire, Commettant.

On appelle ainsi dans les Indes orientales & autres pays de l’Asie où trafiquent les Européens, les endroits où ils entretiennent des facteurs ou commis, soit pour l’achat des marchandises d’Asie, soit pour la vente ou l’échange de celles qu’on y porte d’Europe.

La factorie tient le milieu entre la loge & le comptoir ; elle est moins importante que celui-ci, & plus considérable que l’autre. Voyez Comptoir & Loge. Voyez aussi les dictionn. de Commerce, de Trévoux & de Chambers. (G)

FACTUM, s. m. (Jurisprud.) Ce terme, qui est purement latin dans son origine, a été employé dans le style judiciaire, lorsque les procédures & jugemens se rédigeoient en latin, pour exprimer le fait, c’est-à-dire les circonstances d’une affaire.

On a ensuite intitulé & appellé factum, un mémoire contenant l’exposition d’une affaire contentieuse. Ces sortes de mémoires furent ainsi appellés, parce que dans le tems qu’on les rédigeoit en latin, on y mettoit en tête ce mot, factum, à cause qu’ils commençoient par l’exposition du fait, qui précede ordinairement celle des moyens.

Depuis que François I. eut ordonné, en 1539, de rédiger tous les actes en françois, on ne laissa pas de conserver encore au palais quelques termes latins, du nombre desquels fut celui de factum, que l’on mettoit en tête des mémoires.

Le premier factum ou mémoire imprimé, ainsi intitulé, factum, quoique le surplus fût en françois, fut fait par M. le premier président le Maitre, dans une affaire qui lui étoit personnelle contre son gen-