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du gingembre, une dragme & demie ; de la cannelle, du spica indica, du saffran, du castoreum, de chacun une dragme ; de l’euphorbe, deux scrupules. Faites-en une masse avec le suc de poireau, selon l’art.

On trouve dans la pharmacopée universelle de Lémery, des pilules fétides majeures réformées. Elles different de celles de Mesué, en ce qu’on en a retranché l’épithyme, le spicanard, la cannelle, le gingembre, le bdellium & l’euphorbe, & qu’il a employé le sirop de pomme composé du roi Sapor ou Sabor, à la place du suc de poireau.

Les pilules fétides majeures de la pharmacopée de Paris, different de celles de Mesué, en ce qu’on en a retranché l’euphorbe, & qu’on y a ajoûté la myrrhe & l’assa fœtida, & qu’on a substitué avec Lémery le sirop de pomme au suc de poireau.

Ces pilules sont hydragogues, fondantes, hystériques, emmenagogues : elles ont été recommandées par les anciens medecins, qui osoient employer des remedes héroïques, beaucoup célebrés contre les obstructions, les suppressions de regles & les vuidanges, les vapeurs hystériques, la goutte, l’hydropisie, le rhumatisme, certaines coliques, &c. Mais la medecine moderne proscrit, sans doute trop généralement, les remedes de cette classe. Voyez Héroïque (traitement.)

Les pilules fétides mineures sont absolument hors d’usage parmi nous. La faculté de Medecine de Paris ne les a pas fait entrer dans sa pharmacopée. (b)

Fétide, (Chimie.) On donne ce nom à quelques huiles tirées des végétaux & des animaux par la violence du feu. Voyez Huile. (b)

FETMENT, s. m. (Commerce.) monnoie d’Allemagne ; c’est la moitié du petriment, ou le demi-albs ou sou, ou la vingt-quatrieme partie du kopfstuck, ou six sous huit deniers de France.

FÊTU, s. m. (Hist. nat. bot.) en latin, festua avenacea sterilis elatior. C. B. sorte d’avoine sauvage, qui dans le système de Linnœus, constitue un genre distinctif de plante. Voici ses caracteres. Le calice est un tuyau bivalve, droit, portant des fleurs rangées ensemble sur un frêle épic. La fleur est à deux levres, dont l’inférieure a la forme du calice, & est en quelque maniere cylindrique, se terminant néanmoins par un barbillon pointu. Les étamines sont trois filamens capillaires, plus courts que la fleur. Cette fleur entoure étroitement la graine qui est unique, oblongue, même très aiguë aux deux extrémités, convexe d’un côté, & sillonnée de l’autre. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Fétu, (Géogr.) petit royaume de l’Afrique, sur la côte d’or de Guinée, d’environ quatre lieues de long, sur quatre de large ; il abonde en fruits, bétail, huile, & palmiers qui fournissent du vin. Les Hollandois y ont eu un fort. (D. J.)

Fétu en cul, s. m. (Hist. nat ornitol.) oiseau ainsi nommé, parce qu’il a dans la queue deux plumes longues d’un pié & plus, qui sont si bien jointes l’une à l’autre, qu’elles paroissent n’en faire qu’une ; on l’appelle aussi l’oiseau du tropique, parce qu’il ne se trouve qu’entre les deux tropiques. Le P. du Tertre croit que c’est un oiseau de paradis ; on ne le voit presque jamais à terre, que pour couver & nourrir ses petits. Il a le corps gros comme un pigeonneau ; la tête petite ; le bec gros & long comme le petit doigt, pointu & rouge comme du corail ; les piés sont de la même couleur ; celle des plumes est blanche comme la neige. Cet oiseau vole très-haut & fort loin des terres ; il a un cri perçant. Les Sauvages font grand cas des deux longues plumes de la queue, ils les mettent dans leurs cheveux, & les passent dans l’entre-deux de leurs narines en guise

de moustaches. Hist. nat. des antilles. Tom. II. pag. 276. (I)

FEU, s. m. (Physiq.) Le caractere le plus essentiel du feu, celui que tout le monde lui reconnoît, est de donner de la chaleur. Ainsi on peut définir en général le feu, la matiere qui par son action produit immédiatement la chaleur en nous. Mais le feu est-il une matiere particuliere ? ou n’est-ce que la matiere des corps mise en mouvement ? c’est sur quoi les Philosophes sont partagés. Les scholastiques regardent le feu comme un des quatre élémens ou principes des corps, en quoi ils ne sont pas fort éloignés des principes de la chimie moderne. Voyez plus bas Feu, (Chimie.)

Le feu, selon Aristote, rassemble les parties homogenes, & sépare les hétérogenes, ce qui n’est pas vrai, du moins en général ; puisque si l’on fait fondre dans un même vase, du suif, de la cire, de la poix, de la résine, le tout s’incorpore ensemble.

Selon les Cartésiens, le feu n’est autre chose que le mouvement excité dans les particules des corps par la matiere du premier élément dans laquelle ils nagent. Voyez Cartésianisme & Matiere subtile. Selon Newton, le feu n’est qu’un corps échauffé. Voyez Chaleur. Enfin selon un grand nombre de philosophes modernes, c’est une matiere particuliere. Voyez Chaleur, & la suite de cet article.

Comme le feu échappe à nos sens, & qu’il se rencontre dans tous les corps & dans tous les lieux où il est possible de faire des expériences, il est très-difficile de distinguer les vrais caracteres qui lui sont propres. M. Musschenbroek lui en donne deux, savoir la lumiere & la raréfaction. Voyez Lumiere & Raréfaction. Ce physicien prétend que partout où il y a lumiere, même sans chaleur, il y a feu. Il le prouve par la lumiere de la lune, qui rassemblée au foyer d’un verre ardent, éclaire beaucoup sans brûler. Mais il semble qu’on peut contester que cette lumiere, en ce cas, soit du feu. Il n’est pas démontré que la matiere qui produit la lumiere, soit la même que celle qui produit la chaleur. Il est vrai que la lumiere de la lune est refléchie de celle du soleil, & que la lumiere du soleil est accompagnée de chaleur. Mais encore une fois, il faudroit avoir prouvé incontestablement que la lumiere & la chaleur du soleil sont absolument produites par le même principe & par la même matiere. D’ailleurs, supposons même qu’il n’y ait d’autre différence entre la lumiere du soleil & celle de la lune, sinon que celle-ci n’échauffe pas parce qu’elle est produite par un mouvement trop rallenti ; on pourroit dire en ce cas, que la lumiere de la lune ne seroit point proprement du feu, puisqu’elle manqueroit du mouvement nécessaire pour être un feu véritable.

De la raréfaction des corps par le feu. Tous les corps, si on en excepte un petit nombre dont nous parlerons plus bas, se raréfient ou se dilatent en tout sens par le moyen du feu. Cette raréfaction continue aussi long-tems que le feu reste appliqué à ces corps. Elle est d’autant plus grande que le feu est plus ardent ; cependant elle ne va pas à l’infini, & ne passe pas une certaine étendue déterminée. C’est au moyen du pyrometre (Voyez Pyrometre.), qu’on mesure la raréfaction des corps par le feu. La raréfaction d’un corps exposé au feu se fait d’abord lentement, puis s’accélere jusqu’à un certain maximum d’accélération, au-delà duquel la raréfaction se fait encore, & continue toûjours, mais moins vîte, jusqu’à ce que le corps soit arrivé à sa plus grande dilatation. Le même feu qui raréfie divers corps, ne les dilate ni en raison inverse de leur pesanteur, ni en raison inverse de leur force ou résistance à être divisés, ni en raison composée de ces deux-là, mais suivant un autre rapport tout-à-fait inconnu.