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Par le secours de cette défécation, la fievre s’affoiblit à mesure que la dépuration se fait ; & cette dépuration se manifeste dans les urines, qui sont ici fort chargées, troubles & épaisses : car cette fievre n’a ni la violence ni le tems convenable pour produire d’autre coction. Il n’y a même ni jour indicatif ni jour confirmatif qui marque régulierement le tems où ces sortes de fievres doivent finir : quelquefois c’est à la premiere, d’autres fois à la seconde, & d’autres fois à la troisieme exacerbation ; rarement elles s’étendent jusqu’à la quatrieme, & par conséquent elles se terminent dans la semaine où elles ont commencé, ce qui leur a fait donner le nom de septimane.

Fievre spasmodique, febris spasmodica. Ce n’est point une fievre particuliere, c’est une affection symptomatique & très-effrayante, qui se rencontre quelquefois jointe à la fievre.

Cause prochaine. Elle est produite par un vice du cerveau, lequel provient ou d’une irritation qui se communique au cerveau par le moyen des nerfs ou du mouvement irrégulier & dérégle des liqueurs qui circulent dans ce viscere ; & cette irrégularité peut avoir pour causes toutes celles du délire, du coma, de l’insomnie.

Effets. Si le spasme dure long-tems, il affecte tout le genre nerveux, par la communication réciproque que les nerfs ont ensemble, d’où naissent tant de tristes maux.

Prognostics. L’affection fébrile convulsive est plus ou moins dangereuse, suivant sa violence, ses répétitions, & les causes dont elle émane. Les convulsions qui succedent dans la fievre à de grandes évacuations, sont pour l’ordinaire mortelles, ainsi que celles qui sont accompagnées d’un délire perpétuel.

Cure. On reglera toûjours la méthode curative sur la variété des causes. En général, on tentera d’adoucir l’acreté dominante, de résoudre la matiere engagée, de relâcher les parties qui sont en contraction, de fortifier celles qui sont foibles, de procurer une révulsion, &c. Si la fievre spasmodique est occasionnée par une irritation locale, on portera les remedes sur la partie irritée. En un mot, pour abreger ce vaste sujet selon les indications différentes, les causes, les parties affectées, les fonctions dérangées ou suspendues, on combattra le mal par des remedes différens ; par la saignée les purgatifs, les émétiques, les bains, les vésicatoires, les épispastiques, les fomentations, les frictions, les relâchans, les calmans, les cordiaux, les aromatiques, les nervins, les fétides, &c. d’où l’on voit assez combien sont ridicules les prétendus spécifiques anti-spasmodiques, auxquels le vulgaire, & principalement les grands seigneurs, donnent sottement leur confiance.

Fievre sporadique, ainsi dite de σπείρω, je disperse. Ce sont des fievres de différentes especes, semées çà & là sur certaines personnes seulement qu’elles attaquent en divers tems & lieux, parce qu’elles procedent d’une cause qui leur est propre & particuliere. Voyez Sporadique.

Je connois un ancien auteur qui a traité exprès ce sujet ; c’est Amicus (Diomedes), dont l’ouvrage écrit en latin, parut à Venise en 1605, in-4°. Mais l’ouvrage de Ramazzini, de morbis artificum, fournit encore plus de connoissances sur les maladies sporadiques particulieres.

Fievre stationnaire, voyez Fievre homotone. Mais Sydenham appelle fievres stationnaires, febres stationarias, les fievres continues épidémiques, qui dépendant d’une constitution particuliere & inconnue de l’air, regnent pendant tout le tems de la durée de cette constitution, & ne paroissent jamais autrement.

Fievre stercorale. Je donne, avec M. Ques-

nay, le nom de fievres stercorales à celles qui sont causées par des matieres viciées retenues dans les premieres voies, & qui se terminent par l’évacuation de ces matieres, lorsqu’on a recours à la purgation avant que ces mêmes matieres ayent infecté la masse des humeurs.

Nous comprenons ici sous le nom de matieres stercorales, non-seulement les matieres fécales dépravées dans les intestins, mais les matieres perverties contenues dans l’estomac, la bile dépravée qui est versée dans les intestins, les sucs vicieux qui séjournent dans les premieres voies, en un mot toutes les matieres qui sont immédiatement en prise à la purgation, & dont l’évacuation termine la maladie. Il faut par conséquent distinguer cette fievre de la fievre putride, qui dépend réellement de la dépravation putride des humeurs. Voyez Fievre putride.

Caractere de cette fievre. La fievre stercorale n’a aucun caractere distinct ; c’est une fievre plus ou moins compliquée, selon le degré d’érétisme que causent dans les premieres voies les matieres nuisibles qui y sont retenues ; ensorte que ce genre de maladie est susceptible de plusieurs symptomes spasmodiques plus ou moins considérables.

Signes. Les signes que peut fournir cette fievre, sont un grand dégoût, les rapports desagréables & de mauvaise odeur, l’amertume de la bouche, la langue chargée, la liberté du ventre, la fluidité & la puanteur des déjections, les angoisses ou le malaise des premieres voies, les borborygmes douloureux, les gonflemens, les contractions de l’abdomen, les débilités ou les défaillances qui précedent les évacuations. Quand ces signes manquent, & qu’on redoute néanmoins des matieres dépravées dans les premieres voies, on tentera d’exciter des évacuations par le moyen de lavemens un peu purgatifs, comme de crystal minéral, dans une décoction émolliente, afin de s’assûrer des qualités des déjections.

Causes. Parmi les causes qui occasionnent les fievres stercorales, souvent épidémiques, la mauvaise constitution de l’air est la plus imperceptible, mais la plus fréquente, & la plus capable de pervertir les alimens dans l’estomac.

Cure. L’essentiel de la cure consiste, comme il est aisé de le comprendre, dans l’évacuation des matieres dépravées, par le vomissement ou par la voie des selles, selon les dispositions favorables à l’un ou à l’autre genre d’évacuation. Les humectans, les relâchans sont nécessaires, & doivent y être joints pour faciliter l’effet des purgatifs, & prévenir l’irritation qu’ils peuvent causer. Si la fievre est violente, le pouls dur & fort, on commencera par la saignée ; on la répetera promptement, & on recourra aux lavemens adoucissans & laxatifs, au petit-lait pris en abondance, aux huileux, aux cataplasmes émolliens, pour pouvoir satisfaire au plûtôt à la principale indication par les purgatifs les plus convenables, administrés alternativement avec les parégoriques & les autres remedes relâchans. Si la fievre est accompagnée d’ardeur & de soif pressante, on doit donner au malade pour boisson ordinaire, & en quantité, le petit-lait chargé de creme de tartre, parce qu’il relâche, tempere & évacue sans irritation. On peut encore conseiller la décoction legere de tamarins, ou celle de pruneaux avec le crystal minéral. Voyez Ballonius, épid. lib. II. qui est excellent sur ce sujet.

Fievre subintrante, est celle dont l’intermission n’est point sensible : on la nomme autrement continue-rémittente Voyez Fievre rémittente, & Fievre continue-rémittente.

Fievre sudatoire, helodes febris. La fievre sudatoire est une affection morbifique, laquelle consiste en sueurs immoderées qui accompagnent les fievres aiguës.