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Voilà une idée succincte des os du squelette, dont la conformation doit être connue du peintre. Je vais en faire une récapitulation en forme de liste avec les lettres qui ont rapport aux figures.

Premiere figure de la tête.

A l’os du front.

a la suture du coronal.

b la suture sagittale.

B orbite ou cavité des yeux.

C les os du nez.

D les os des joues.

E la mâchoire supérieure.

F la mâchoire inférieure.

G les dents.

Seconde figure de la tête.

A os du sinciput.

B l’os temporal.

C le zigoma.

a suture coronale.

b suture sagittale.

c suture qui joint l’os des temples avec le coronal & le sinciput.

d les dents de devant, nommées incisives.

e les dents latérales, appellées canines.

f les dents postérieures, appellées molaires.

Premiere & seconde figure du squelette.

A l’épine du dos.

B les clavicules.

C le sternum.

D l’omoplate.

a la base de l’omoplate.

b la côte inférieure.

c la côte supérieure.

d l’angle supérieur.

e l’angle inférieur.

f la partie cave.

g la partie extérieure.

h l’épine.

i l’acromion.

E l’os des isles.

F l’os pubis.

G l’os ischium.

H l’humérus.

I l’os du coude.

K le radius.

L le carpe.

M le métacarpe.

N les doigts.

O le fémur.

P le tibia.

Q le peroné.

R le tarse.

S le métatarse.

T les doigts.

1 l’astragale.

2 le calcaneum.

Les côtes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12.

C’est moins, comme je l’ai déjà dit, la structure intérieure de tous ces os, ou même leur nom, qu’il est essentiel au peintre de connoître. Les formes extérieures, celles de leurs extrémités sur-tout, qui composent les jointures, doivent être l’objet essentiel de leurs recherches. Ils ne doivent point ignorer les différens moyens par lesquels la nature prévoyante a préparé les articulations des membres, pour leur procurer précisément les mouvemens qui conviennent à leur destination. Ces mouvemens, en se développant, laissent souvent entrevoir la figure de l’extrémité des os, parce que les jointures sont toûjours moins chargées des parties charnues qui embarrasseroient le jeu qu’elles doivent avoir, & que la peau plus

tendue reçoit l’impression des charnieres qui se meuvent sous cette enveloppe. Si l’étude des os est nécessaire par les raisons que je viens d’exposer, & si elle doit passer la premiere, on sentira aisément que la connoissance des muscles, par ces mêmes raisons, doit la suivre immédiatement, & qu’il est absurde de la négliger.

Mais pour rendre plus facile l’explication que je vais donner, & la tourner totalement à l’utilité des Artistes, j’ai employé un nombre de figures, dont je vais expliquer l’usage. Les trois premieres représentent ce qu’on appelle en terme de Peinture l’écorché, c’est-à-dire la figure humaine dépouillée de sa peau, & offrant aux yeux les différens muscles plus distincts & plus apparens que lorsqu’ils sont voilés, pour ainsi dire, par les parties qui les couvrent dans le modele vivant : cet écorché est supposé vû sous trois aspects différens ; de face par-devant, figure premiere ; par-derriere, figure seconde ; & de profil, figure troisieme. Les explications des muscles & les lettres qui les accompagnent, ont rapport premierement à ces trois figures ; mais ensuite ces mêmes lettres se peuvent rapporter aux figures antiques dessinées anatomiquement, qui suivent, comme je vais le dire.

On a représenté la figure de l’Hercule, qu’on nomme Hercule Farnese, dépouillée de sa peau, & vûe sous trois aspects semblables à ceux sous lesquels est gravé l’écorche, c’est-à-dire par-devant, par-derriere, & de profil, fig. 4. 5. & 6. Le gladiateur, statue connue & célebre de même fig. 7. 8. & 9. Enfin le Laocoon pareillement, fig. 10. 11. & 12.

Les applications des muscles de l’écorché se feront facilement des unes aux autres, & donneront une idée des changemens d’apparence que les attitudes ou les passions occasionnent. Cette idée approfondie par les Artistes sur les statues originales, ou sur les copies en plâtre qu’on en a faites en les moulant, & qu’on a multipliées à leur gré, leur feront trouver les principes qu’ils doivent se former, pour se conduire plus sûrement dans l’exercice de leur art. S’ils joignent l’application de ces observations & de ces principes aux modeles vivans dont ils se servent, ou aux mouvemens qu’ils peuvent remarquer dans les hommes, il est évident qu’ils auront pris les meilleurs moyens pour assûrer leurs connoissances & faciliter leur succès.

Avant d’entrer dans le détail des muscles dont les différentes apparences doivent former aux yeux du peintre le caractere juste des actions de la figure, il est nécessaire de dire ce qu’il doit entendre par le mot muscle.

Les muscles sont des masses charnues composées de fibres ; ils sont les instrumens principaux des mouvemens du corps. Voyez Muscle.

Il faut savoir encore que l’extrémité du muscle qui s’attache à un point fixe se nomme la tête, le milieu s’appelle le ventre, & son tendon, ou son autre extrémité, se nomme la queue du muscle. Les fibres charnues composent le corps, ou le ventre du muscle, & les fibres tendineuses forment ses extrémités.

L’action du muscle consiste dans la contraction de son ventre qui rapproche les extrémités l’une de l’autre, & qui en faisant ainsi mouvoir la partie ou le muscle à son insertion, doit par une élévation plus marquée dans son milieu, donner extérieurement aux membres qu’ils couvrent, des apparences différentes. Ainsi ces apparences sont décidées dans chaque action, dans chaque attitude ; & par conséquent rien n’est arbitraire dans les formes qu’on doit leur donner.

L’artiste doit donc principalement prendre garde au ventre, ou milieu du muscle, & se souvenir que le mouvement du muscle suit toûjours l’ordre des fi-