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tion fourniroit-elle des vûes pour en découvrir la véritable cause.

C’est un phénomene fort singulier & fort intéressant, que celui de la production d’une véritable flamme par le mélange de deux liqueurs froides. L’une de ces liqueurs est toûjours l’acide nitreux, soit pur, soit mêlé avec de l’acide vitriolique ; & l’autre une huile, un baume, ou un bitume. La théorie de cette inflammation qui est de notre célebre M. Roüelle, appartient à l’article Acide nitreux. V. Nitre.

Les Chimistes employent la flamme appliquée immédiatement à certains sujets, dans l’opération appellée reverbération. Voyez Reverbération.

La flamme déterminée avec art dans des fourneaux convenables, fournit un feu très-violent : c’est par la flamme que s’échauffent le grand reverbere, & le fourneau à raffiner l’argent, ou la coupelle en grand, le fourneau à cuire la porcelaine, la brique, &c. (O) (b)

Flamme ou Feu vital, (Physiol.) c’est une substance ignée très-subtile, que plusieurs anciens & quelques modernes placent dans le cœur des animaux ; ils la regardent comme quelque chose de nécessaire à la vie, ou, pour mieux dire, comme ce qui constitue la vie même. Voyez Vie.

Ils soûtiennent que cette flamme a autant besoin de l’air pour subsister, que notre flamme commune ; d’où ils concluent que la respiration est absolument nécessaire pour conserver la vie des animaux. Voyez Air, Respiration, & Chaleur animale.

Flammes, Flammettes, noms qui ont été donnés à des coquilles du genre des cames. Voyez l’article Coquille, tome IV. de cet ouvrage, pag. 189. (I)

Flamme, (Hist. anc.) dans la milice greque du bas empire, c’étoit un ornement & une marque qui servoit à distinguer les compagnies, les régimens, les bataillons. Voyez Pavillon, Etendard, &c.

Les Grecs l’appelloient phlamoulon ; on la mettoit quelquefois sur le casque, quelquefois sur la cuirasse, & quelquefois au bout d’une pique.

L’empereur Maurice ordonna que les flammes de chaque division fussent d’une couleur particuliere qui les distinguât des autres bataillons, ou des autres brigades.

Quand la flamme n’étoit qu’un ornement, les soldats la quittoient avant le combat, de peur qu’elle ne les embarrassât. Les cavaliers mettoient aussi des flammes sur leurs chevaux, qui servoient à distinguer de quel corps de troupes ils étoient. Chambers.

Flamme, en Architecture, ornement de sculpture de pierre ou de fer, qui termine les vases & candelabres, & dont on décore quelquefois les colonnes funéraires où il sert d’attribut. (P)

Flamme, (Marine.) c’est une longue banderolle d’étoffe, & ordinairement d’étamine, qu’on arbore aux vergues & aux hunes, soit pour servir d’ornement, soit pour donner un signal.

La flamme est une marque que les officiers qui commandent plusieurs vaisseaux, arborent au grand mât de celui qu’ils montent ; & par l’ordonnance de la Marine de 1689, ils ne doivent la porter que blanche. Le titre ij. du liv. III. de cette ordonnance, dit « que les vice-amiraux, lieutenans-généraux, & chefs d’escadres, qui commanderont moins de 12 vaisseaux, porteront une simple flamme, à moins qu’ils n’ayent permission par écrit de sa majesté, de porter un pavillon ou une cornette.

» Lorsque plusieurs chefs d’escadres se trouveront joints ensemble dans une même division ou escadre particuliere, il n’y aura que le plus ancien qui puisse arborer la cornette ; les autres porteront une simple flamme.

» Les capitaines commandant plus d’un vaisseau, porteront une flamme blanche au grand mât, qui

aura de guindant la moitié de la cornette, & ne pourra être moindre que de dix aunes de battant ».

Dans une flote de bâtimens marchands, celui qui commande peut porter une flamme blanche au grand mât pendant la route, mais il est obligé de l’ôter à la vûe du vaisseau du roi.

Dans les fêtes & les réjoüissances, tous vaisseaux peuvent se parer de flammes de diverses couleurs, excepté le blanc. (Z)

Flamme d’ordre, (Marine.) c’est la flamme que le commandant d’une armée ou d’une escadre fait arborer au haut de la vergue d’artimon : c’est le signal pour avertir les officiers de chaque vaisseau d’aller à l’ordre. (Z)

Flamme, (Manége & Maréchall.) instrument de maréchallerie, qui n’est proprement qu’une lancette d’acier, courte & large ; elle sort, comme le paleton d’une clé à quelque distance de l’une des deux extrémités d’une tige de même métal, & ne fait avec elle qu’un seul & même tout.

Cette définition suffit pour en indiquer les usages, qui se bornent à l’ouverture des vaisseaux du cheval dans la pratique de la saignée.

Je décrirai quatre especes de flammes. On se sert communément en France de la premiere ; les maréchaux allemands préferent ordinairement la seconde ; & la troisieme & la quatrieme m’a paru la plus commode & la plus convenable à l’opération, à laquelle cette sorte d’instrument est destiné.

Flamme françoise. Elle a pour tige une lame équarrie & bien dressée, dont la longueur est de cinq pouces, la largeur de trois lignes, l’épaisseur de trois quarts de lignes à l’extrémité la plus éloignée de la lancette, & de demi-ligne seulement à celle qui lui est opposée.

L’axe de la lancette s’éleve perpendiculairement sur une des longues faces d’épaisseur de la tige, à neuf ou dix lignes du bout le plus mince. Sa base, qui par les quatre biseaux qui forment les deux tranchans, revient à un losange très-alongé, n’a pour petite diagonale que l’épaisseur de cette tige, & pour grande diagonale environ six ou sept lignes. Cette grande diagonale fait partie de la ligne de foi de la face, sur laquelle s’éleve cette lancette.

Les deux arêtes qui partent des deux bouts de la petite diagonale, sont droites & se réunissent à l’extrémité supérieure de l’axe, pour former une pointe très-aiguë. Les deux tranchans qui partent des deux bouts de la grande diagonale, se réunissent aussi à la même pointe ; mais en suivant l’un & l’autre non une ligne droite, mais une courbe égale & renfermée dans le plan commun de l’axe & de la ligne de foi. Le centre de chacune de ces courbes, qu’on peut rapporter à des arcs de cercles d’un pouce de rayon, se trouve au-delà du tranchant opposé, & à une ligne ou une ligne & demie de distance de la face qui porte la lancette.

On assemble ordinairement trois ou quatre de ces flammes, accordées sur le plat de position, de longueur & de largeur, à cela près que les lancettes sont de diverses grandeurs. On les monte dans une châsse, au moyen d’un seul clou rond qui traverse les tiges près de leurs bouts le plus éloigné des lancettes, ainsi que les deux feuilles de la châsse sur lesquelles il est rivé. Ces feuilles de cuivre, de fer ou d’autre métal recouvert d’écaille, ou autrement orné, sont profilées sur le profil des tiges, mais elles débordent de quelques lignes le contour des lancettes. Une cloison aussi de métal, regne entre les rives intérieures de ces parties saillantes des feuilles de la châsse ; & par son union avec elle par soûdure ou par rivet, elle forme des deux feuilles un seul tout qui tient lieu de manche à ces flammes, & d’étui à leurs tranchans. Les deux extrémités de