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Il est d’autres corps flexibles dont la flexibilité dépend d’une structure diverse, qu’on ne peut rapporter à aucune figure méchanique commune ; ce qui détruit la conjecture de quelques modernes, qui font toûjours dépendre la flexibilité d’une telle disposition des particules dans le corps flexible qu’elles forment des rangs d’élémens, qui portent alternativement les uns sur les autres.

Pour que les fonctions que nous voyons s’opérer tous les jours par le mouvement des humeurs, des vaisseaux, & des muscles s’exécutassent, il a fallu que les élémens des parties solides changeassent en partie leur point de contact, & demeurassent en partie dans le même point, & par conséquent pussent être fléchis & alongés : par exemple, pour que tous les articles soient fléchis, il faut que les ligamens qui les tiennent soient susceptibles d’extension : quand ils n’en sont pas susceptibles, c’est l’effet de la vieillesse dont la mort inévitable est la-suite. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FLEXION, s. f. (Med. Physiol.) ce terme s’applique en général à l’action, par laquelle deux os mis en mouvement l’un sur l’autre, sont susceptibles de rapprocher leurs extrémités éloignées en formant un angle entr’eux ; par opposition à l’extension, dans laquelle les mêmes extrémités s’éloignent le plus qu’il est possible, en formant une ligne droite : ainsi la flexion a lieu principalement, c’est-à-dire de la maniere la plus marquée & la plus simple, dans les parties où les os sont articulés par ginglyme. Les parties n’ont que deux sortes de mouvemens ; celui de flexion, & celui d’extension, qui sont opérés par des muscles fléchisseurs & extenseurs.

Mais dans les parties où il faut une combinaison de mouvemens plus multipliés en tous sens, il se fait différentes flexions composées ; elles sont opérées par l’action d’un plus grand appareil de muscles, qui ont différens noms, selon les différens sens, dans lesquels ils fléchissent la partie ; & les différentes flexions qui en résultent, sont aussi distinguées par une différente dénomination.

Ainsi les flexions qui rapprochent différentes parties entr’elles, sont appellées adduction ; celles qui les écartent sont nommées abductions, & les muscles qui agissent pour ces effets sont désignés par les noms d’adducteurs & d’abducteurs. On trouve des exemples de la flexion simple dans la jonction du bras avec l’avant-bras, & de la flexion composée dans l’articulation de l’os de la cuisse, avec les os innominés, du doigt index, avec le carpe, &c. Comment. institut. Boerhaave, Haller. Voyez Articulation, Os, Muscle. (d)

FLEZ, s. m. (Hist. nat. Ictthiolog.) passer fluviatilis, vulgo flesus, Bell. Will. Raii, passeris tertia species, Rond. Gesn. poisson de mer plat, & couvert de petites écailles ; il a quelques taches jaunes sur le corps & sur les nageoires qui sont autour du corps. Ce poisson ressemble à la plie pour la figure ; mais il est plus long, & il devient même plus épais lorsqu’il est parvenu à un certain âge ; il a une couleur d’olive plus foncée & quelquefois brune, avec des taches noirâtres ; les yeux sont placés du côté droit. Le flez entre dans les rivieres, & il reste dans les endroits les plus profonds & les plus tranquilles, sur des fonds sablonneux : on en trouve fort loin de la mer. On donne le nom de flettelet à des flez qui sont plus grands que les autres. Rond. hist. des poissons, liv. XI. ch. jx. Raii, synop. meth. piscium. Voyez Poisson. (I)

FLIBOT, (Marine.) c’est une petite flûte qui ne passe pas cent tonneaux, & qui a pour l’ordinaire le derriere rond. Ce bâtiment est creux & large de ventre ; il n’a point de mât d’artimon, ni de perroquet. (Z)

FLIBUSTIERS, s. m. pl. (Hist. marine.) on donne

ce nom aux corsaires ou avanturiers des îles de l’Amérique, qui s’associerent pour courir les mers & les côtes de l’Amérique, & faire la guerre aux Espagnols. (Z)

FLIN, s. m. (Fourbisseur.) espece de pierre dont les Armuriers & les Pourbisseurs se servent pour fourbir les lames d’épées : on la nomme ordinairement pierre de foudre.

FLINQUER, v. act. (Metteur-en-œuvre.) c’est sur le champ d’une piece d’orfévrerie, disposée à recevoir des émaux clairs, donner des coups d’onglette vifs, serrés, & bien égaux. Cette opération forme un papillottement qui joue très-bien dessous l’émail, & lui donne de l’éclat, outre qu’elle sert à griper l’émail, & à le faire tenir plus solidement.

FLINT, (Géog.) petite ville du pays de Galles, & capitale du Flintshire. Elle envoye un député au parlement, & est à 45 lieues N. O. de Londres. Long. 40d 20′. lat. 53d 15′.

Le Flintshire a 80 milles de tour, 28 paroisses, environ 160 milles arpens, 3150 maisons, & 3 villes, savoir Flint, Saint-Asaph, & Caërwisk. (D. J.)

FLION, coquille du genre des tellines. Voy. Coquille. (I)

FLOGEURS, s. m. pl. terme de Pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Morlaix, forte de petites chaloupes, pour la pêche du poisson frais qu’on appelle flogere.

* FLORE, (Myth.) une des nymphes des îles fortunées, que les Grecs appelloient Chloris. Le Zéphire l’aima, la ravit, & en fit son épouse. Elle étoit alors dans sa premiere jeunesse ; Zéphire l’y sixa, empêcha le tems de couler pour elle, & la fit joüir d’un printems éternel. Les Sabins l’adorerent. Le collégue de Romulus lui éleva des autels au milieu de Rome naissante. Les Phocéens lui consacrerent un temple à Marseille. Praxitelle avoit fait sa statue, cet homme qui reçut l’immortalité de son art, & qui la donna à tant de divinités payennes. Une courtisanne appellée Larentia, d’autres disent Flore, mérita sous ce dernier nom des autels & des fêtes chez le peuple romain, qu’elle avoit institué l’héritier des richesses immenses qu’elle avoit amassées du commerce de sa beauté. Les jeux de l’ancienne Flore étoient innocens ; ceux de la Flore nouvelle tinrent du caractere de la personne en l’honneur de laquelle on les célébroit, & furent pleins de dissolution. Caton qui y assista une fois, ne crut pas qu’il convînt à la dignité de son caractere, & à la sévérité de ses mœurs, d’en soûtenir le spectacle jusqu’à la fin ; ce qui donna lieu à cette épigramme :

Nosses jocosæ dulce cum sacrum Floræ
Festosque lusus & licentiam vulgi,
Cur in theatrum, Cato severe, venisti ?
An ideò tantùm veheras ut exires ?

On prit la dépense des jeux floraux d’abord sur les biens de la courtisanne, ensuite sur les amendes & confiscations dont on punissoit le péculat. Le temple de l’ancienne Flore étoit situé en face du capitole : elle étoit couronnée de fleurs, & tenoit dans sa main gauche une corne qui en versoit en abondance. Cicéron la met au nombre des meres déesses. Voyez l’article suivant.

FLORAUX, (Jeux) Littér. en latin ludi florales ; ces jeux furent institués en l’honneur de Flora, c’est-à-dire de la déesse des Fleurs, dont le culte fut établi dans Rome par Tatius roi des Sabins, & collegue de Romulus. Elle avoit déjà du tems de Numa ses prêtres & ses sacrifices ; mais on ne commença à célébrer ses jeux que l’an de Rome 513, sous deux édiles de la famille des Publiciens. C’est Ovide qui nous l’apprend, ce sont les médailles qui le confirment, & Tacite n’y donne pas peu de poids, lorsqu’il