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bles d’Italie, par la douceur de son climat, & la beauté de son exposition. L’Arno la partage en deux dans une plaine délicieuse, dont la largeur est de 500 brasses ; la brasse de Florence est de deux piés romains.

C’est dans les montagnes de son voisinage que se trouvent ce marbre, ou ces pierres aussi curieuses, mais non pas uniques, qui étant sciées, polies, & artistement disposées, représentent des especes de buissons, des arbres, des ruines, des paysages, &c. Voyez Marbre ou Pierre de Florence.

On compte à Florence plusieurs palais, parmi lesquels le palais ducal vivra toûjours dans la mémoire des hommes, avec le nom des Médicis : on sait quelles étoient sous leur empire les décorations de ce palais. La place par laquelle on y arrivoit, étoit ornée de statues de la main des plus grands-maîtres, de Michel-Ange, de Donatelli, de Cellini, de Jean de Bologne, &c. En se promenant dans la grande galerie, on y admiroit le Scipion de bronze, la Léda, la Julie, la Pomone, Vénus, Diane, Apollon, le Bacchus grec, & la copie de Michel-Ange, qui ne le cédoit point à l’original. Sous le regne des Médicis, cette galerie conduisoit à plusieurs sallons décorés de statues, de bustes, de bas-reliefs, de tableaux inestimables, d’un nombre incroyable de médailles, d’idoles, de lampes sépulchrales, de pierres, de minéraux, de vases antiques, & d’autres curiosités de la nature & de l’art, dont les gravûres & les descriptions abrégées forment plusieurs magnifiques volumes in-folio.

C’étoit en particulier dans le sallon octogone de cette superbe galerie, qu’on voyoit un diamant qui tenoit à juste titre le premier rang entre les joyaux de ce cabinet ; il pesoit cent trente neuf karats & demi : on y trouvoit une tête antique de Jules-César, d’une seule turquoise ; des armoires pleines de vases d’agate, de lapis, de crystal de roche, de cornalines garnies d’or & de pierres fines ; une table, & un cabinet d’ouvrages de rapport de diaspre oriental, de chalcédoine, de rubis, de topaze, & d’autres pierreries ; une immense quantité de tableaux, tous chefs-d’œuvre des meilleurs peintres, & une infinité de pierres gravées : enfin parmi des statues inestimables, il y avoit six figures antiques dont on ne se lasse point de parler ; le rotateur, le luteur, le faune, le Cupidon endormi, les deux Vénus, l’une de six piés l’autre de cinq, & cette derniere étoit la fameuse Vénus de Médicis. Voyez Rotateur, & Vénus de Médicis, &c.

Aussi, comme le dit M. de Voltaire, Florence n’oubliera jamais les Médicis, ni Cosme, né en 1389, mort regretté de ses ennemis même, & dont le tombeau fut orné du nom de pere de la patrie, ni son petit-fils Laurent de Médicis, surnommé le pere des Muses ; titre qui ne vaut pas celui de pere de la patrie, mais qui annonce qu’il l’étoit en effet. Sa dépense vraiement royale lui fit donner le titre de magnifique ; & la plus grande partie de ses profusions étoit des libéralités qu’il distribuoit avec discernement à toutes sortes de vertus, pour parler comme l’abbé du Bos.

Entre les hommes célebres que Florence a produits, je ne dis pas dans les Arts, dont la liste me meneroit trop loin, (Voyez cependant pour les peintres Ecole florentine.) mais je dis dans les Lettres seulement, on ne doit pas taire :

Le Dante (Alligeri), pere de la poésie italienne, né l’an 1265, & mort à Ravenne l’an 1320, après avoir été un des gouverneurs les plus distingués de Florence, pendant les factions des Guelphes & des Gibelins.

Machiavel (Nicolas), assez connu par son Histoire de Florence, & plus encore par ses livres de politique, où il a établi des maximes odieuses, trop sou-

vent suivies dans la pratique par ceux qui les blâment dans la spéculation ; d’ailleurs écrivain du premier ordre. Voyez Prince. Il mourut en 1529.

Guicciardini (Francisco), contemporain de Machiavel, né l’an 1482, mort l’an 1540, fameux par ses négociations, ses ambassades, ses talens militaires, sa passion pour l’étude, & son Histoire d’Italie, dont la meilleure édition françoise est celle de 1593, à cause des observations de M. de la Nouë.

Galiléo (Galiléi), immortel par ses découvertes astronomiques, & que l’inquisition persécuta. Voyez l’article Copernic. Il mourut l’an 1642, après avoir perdu, pour me servir de sa propre expression, ses yeux qui avoient découvert un nouveau ciel.

Viviani (Vicenzio), né en 1621, mort en 1703, éleve de Galilée, & de plus grand géometre pour son tems.

J’ajoûte ici Lulli (Jean-Baptiste), né en 1633, mort à Paris en 1687 ; parce que Lulli fit en France pour la Musique, ce que Galilée avoit fait dans les Sciences pour l’Astronomie : ses innovations lui ont également reussi ; il a trouvé des mouvemens nouveaux, & jusqu’alors inconnus à tous nos maîtres ; il a fait entrer dans nos concerts jusqu’aux tambours & aux tymbales ; il nous a fait connoître les basses, les milieux, & les fugues ; en un mot, il a étendu dans ce royaume l’empire de l’harmonie ; & depuis Lulli, l’art s’est perfectionné dans cette progression.

Florence est située à 19 lieues S. de Bologne, 24 S. E. de Modene, 46 S. O. de Venise, 50 N. O. de Rome. Long. 28d 51′ 0″. latit. 43d 40′ 30″. suivant Cassini. (D. J.)

Florence, (état de) Hist. cet état étoit au commencement une république, dont la constitution mal-entendue ne manqua pas de l’exposer à des troubles, à des partis, & à des factions fréquentes : cependant par la force de la liberté, non-seulement le peuple y étoit nombreux, mais le commerce & les Arts y fleurirent jusqu’au tems qu’elle perdit avec sa liberté, sa vigueur & son opulence. Il est vrai qu’elle a été guérie de ces émeutes, mais par un remede pire que le mal, par la servitude, la misere qui en est le fruit, & la dépopulation qui l’accompagne d’ordinaire : instrumenta servitutis & reges habuit. Voyez l’histoire de Florence depuis le commencement de cet état jusqu’à nos jours, & vous serez convaincu de cette vérité. (D. J.)

FLORENCÉ, adj. (terme de Blason.) il se dit de la croix dont les quatre extrémités se terminent en fleurs-de-lis.

S. Denis, à la croix florencée de gueules.

FLORENTIN (Saint-), Géog. petite ville de Champagne dans le Sénonois sur l’Armençon, entre Joigny & Flogny, en latin, sancti Florentini fanum : dès le tems de S. Bernard elle portoit ce nom. Voyez dom Mabillon & M. le Bœuf. Elle est à 6 lieues N. E. d’Auxerre, 10 S. E. de Sens. Longit. 21d 20′. latit. 47d 56′. (D. J.)

* FLORENTINE, s. f. (Manufact. en soie.) étoffe de soie fabriquée d’abord à Florence ; c’est une espece de satin façonné, blanc ou de couleur.

FLORER un vaisseau, ou lui donner les fleurs, (Marine.) c’est lui donner le suif : ce mot n’est guere d’usage. (Z)

FLORES, (Géog.) île d’Asie dans la grande mer des Indes ; on l’appelle d’ordinaire eude. Elle est par le 9d. de latitude australe ; & sa pointe la plus orientale est par les 140d. de longitude, selon M. de l’Isle.

On donne aussi le nom de flores à une île de l’Océan atlantique, & l’une des Açores. Les Portugais l’appellent Ilha de flores ; & quelques François qui brouillent tout, & veulent donner la loi à tout, la