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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/935

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nie la plus legere les rendront susceptibles d’un engorgement habituel, d’où naîtra infailliblement la cécité qui ne succede que trop souvent à la fréquence des retours. L’œil s’atrophie par le défaut du suc nourricier, l’orbite est dénuée de graisses, & j’ai même apperçû dans le cadavre une diminution notable du volume des muscles de cet organe, qui étoit sans doute occasionnée par le desséchement. Il est aisé de comprendre que la maladie parvenue à son dernier degré, tous les remedes sont d’une inefficacité absolue : mais je peux certifier d’après plusieurs expériences, que si l’on en prévient les progrès & que l’on n’attende pas la multiplicité des rechûtes, on cessera d’imaginer qu’elle est incurable.

Huit jours avant le paroxysme, l’engorgement commence à être considérable. Faites une saignée plus ou moins copieuse à l’animal, & dès ce moment retranchez-lui l’avoine : mettez-le au son & à l’eau blanche : le même soir administrez-lui un lavement émollient, pour le disposer au breuvage purgatif que vous lui donnerez le lendemain : réitérez ce breuvage trois jours après l’effet du premier ; il est certain que les symptomes ne se montreront point les mêmes, & que le période qui auroit dû suivre celui-ci, sera extrèmement retardé : observez avec précision le tems où il arrivera, à l’effet de devancer encore de huit jours celui du troisieme mois, & pratiquez les mêmes remedes : cherchez de plus à rendre la circulation plus unie & plus facile : divisez les humeurs, au moyen des médicamens incisifs & atténuans : recourez à l’æthiops minéral, à la dose de 40 grains jusqu’à 60, mêlé avec le crocus metallorum. Vous pouvez y ajoûter la poudre de cloportes, à la dose de 50 grains. Il est encore quelquefois à-propos d’employer la tisane des bois. J’ai vû aussi de très bons effets de l’usage des fleurs de genêt données en nature, & d’une boisson préparée que j’avois fait bouillir, & dans laquelle j’avois mis cinq onces ou environ de cendres de genêt renfermées dans un noüet. A l’égard du séton, que quelques auteurs recommandent, & qui, selon eux, a procuré de très grands changemens, je ne saurois penser qu’il ne puisse être salutaire, puisqu’il répond à l’indication ; mais je crois que ce secours seul est insuffisant, & ils l’ont éprouvé eux mêmes. (e)

Fluxion, (Manége, Maréch.) Nous nommons ainsi la prompte accumulation des humeurs dans une partie quelconque où les liquides ne peuvent librement se frayer une route. Lorsque l’accumulation se fait avec lenteur, & que cette collection n’a lieu qu’insensiblement, nous l’appellons congestion. Dans le premier cas, les tumeurs sont formées conséquemment à la vélocité du fluide qui aborde, & à la foiblesse de la partie qui le reçoit ; dans le second, cette seule foiblesse les occasionne. Voyez Tumeur. (e)

* FLYNS, (Hist. superst.) idole des anciens Vandales-Obolistes qui habitoient la Lusace. Elle représentoit la mort en long manteau, avec un bâton & une vessie de cochon à la main, & un lion sur l’épaule gauche : elle étoit posée sur un caillou (flintz en saxon). On prétend que c’étoit l’image de Visalem ou Vitzlaw, ancien roi des Lombards.

FN

FNÉ, s. m. (Mar.) c’est une sorte de bâtiment qui n’est en usage qu’au Japon. Il sert à transporter les marchandises par tout l’empire, tant sur les rivieres

que le long des côtes ; mais il ne peut pas s’exposer en plaine mer, & faire de grands voyages, qui sont défendus aux Japonois.

Les fnés ont l’avant & le dessous fort aigus ; ils coupent bien l’eau, & prennent facilement le vent : ils n’ont qu’un mât placé vers l’avant, & quarré jusqu’au bas où il est rond ; on peut le mettre bas en le couchant vers l’arriere ; ce qu’ils font quand le vent est contraire ; alors on prend les rames pour nager, & le mât sert de banc pour s’asseoir : c’est par cette raison qu’on le fait quarré. Il y a une ouverture pour mettre le pié du mât quand on l’arbore, & pour le soûtenir il y a des étais à l’avant & à l’arriere, qui sont amarrés à des traversins qui sont vers ces deux bouts ; on se sert de racages pour hisser la vergue & la voile.

Les voiles sont presque toutes de toiles de lin tissues, & rarement de paille ou de roseaux entrelacés.

Comme chaque bâtiment n’a qu’un mât, il n’a aussi qu’une voile.

Les ancres sont de bois, de la figure de deux courbes, auxquelles est bien amarrée une pierre très-pesante ; chaque bâtiment en porte cinq ou six, surtout lorsqu’ils doivent ranger la côte de bien près, & passer entre des rochers.

Ils ont aussi quelquefois des grapins de fer comme les nôtres, mais cela est rare ; la plûpart des cables sont de paille broyée, qu’on entrelace avec un artifice admirable ; ils ont vingt à trente brasses de long : il y en a aussi de brou, qui sont legers & qui nagent sur l’eau ; mais on en voit rarement de chanvre, & leur longueur n’est que de 50 brasses.

Le bois dont les fnés sont faits est fort blanc, & s’appelle fenux, excepté que la sale est de bois de camtre, dont on se sert en cette occasion, parce qu’il n’est pas sujet à être criblé des vers, n’y ayant pas d’insecte qui puisse subsister avec l’ardeur de ce camfre. Jamais on ne les braie, mais une fois le mois on les tire à terre, où on les racle ; on leur donne le feu, & on les suifve un peu par-dessous : ils ne sont que du port de cent vingt ou cent trente tonneaux.

Le mât du fné n’a pas beaucoup de hauteur : le gouvernail passe par une ouverture qui est à l’arriere ; il ne descend pas perpendiculairement, mais tout-à-fait en biais ; il est fort large & plus épais que la quille ; on le fait joüer avec des cordes ou avec la main : l’étrave est ronde. Il y a beaucoup de ces bâtimens qui sont tout ouverts ; d’autres ont un pont volant qui est plat & sans tonture, & qui s’ôte & se remet.

Il y a une petite chambre à l’arriere, dont la cloison est en coulisse ; elle est pour le maître & pour le pilote qui, par le moyen de ces coulisses, peuvent voir tout ce qui se passe dans le vaisseau.

Les fnés ont de largeur dans leur milieu le tiers de leur longueur ; ils sont un peu plus étroits par le haut que par le bas : ils ont de creux environ quatre piés dans l’œuvre morte & au-dessus de l’eau, outre quelque planche ouvragée qui est sur la lisse de vibord, & qui fait une petite saillie à côté.

La cuisine qui n’est qu’un foyer tout ouvert, se place sous le pont au milieu du bâtiment.

La fosse aux cables est sous l’éperon, qui s’élance en-dehors sur l’eau.

Le vaisseau est souvent enjolivé en-dedans de papier qui y est collé. Il a des côtes & un serrage, comme ceux d’Europe, & les coutures sont calfatées de brou. (Z)

Fin du Tome Sixieme
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De l’Imprimerie de Le Breton, Imprimeur ordinaire du ROY.