Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tr’elles & des parois du fourneau ; elles sont paralleles : ainsi on sait la situation des échancrures ; on a soin de les creuser ou de choisir les barres, de façon que le second & troisieme corps du fourneau joignent bien ensemble. Au reste une seule barre peut suffire, quoique deux ne nuisent pas & fassent même mieux. Le quatrieme corps ou dôme est une espece de voûte demi-circulaire, qui a au milieu de son élévation un trou assez grand pour passer le col d’une cucurbite de terre ou de verre. On voit dans sa partie intérieure quatre trous servant de regîtres. Il seroit mieux pour donner plus de chaleur, de les faire le plus près du grand qu’il seroit possible ; mais alors le chapiteau en seroit échauffé. Les portes dont nous avons parlé, sont comme celles des fourneaux précédens, faites en embrasure & garnies chacune de leur fermeture. On met aussi ce fourneau sur un pié-d’estal convenable ; ce pié-d’estal au reste ne sert pas plus pour l’élever que pour le garantir de l’humidité que les corps chauds ne manquent pas d’attirer, & des inégalités du pavé qui l’endommageroit. Il est le même que le fourneau de reverbere qu’on voit Pl. V. dans Lémery.

On observera que les corps des trois fourneaux que nous venons de décrire s’agencent ensemble au moyen d’une languette qu’on pratique à la partie supérieure du corps inférieur, & d’une rainure faite à l’inférieure du supérieur. Ainsi placée elle ne se remplit pas d’ordures qui empêchent les deux corps de s’ajuster exactement ensemble, & font toujours perdre du tems. La languette & la rainure ont à peu-près le tiers de largeur de l’épaisseur des corps.

La fig. 76. n’est guere remarquable que par son vaisseau ; le fourneau qui en fait partie ne differe de la fig. 14. qu’en ce qu’il est cylindrique. On peut le faire en tôle comme en terre ; mais on garnit la tôle comme nous le dirons des fourneaux de fusion. Le cendrier fait environ un tiers de sa hauteur totale, & est ouvert aux deux côtes par deux trous qui servent à transmettre le col de deux cornues qui reçoivent leur chaleur du foyer supérieur. Ainsi ce corps doit être séparé du foyer ; les portes n’ont rien de particulier, elles sont toûjours en proportion avec les regîtres, le diametre du fourneau, & ce qu’on doit y introduire. Les regîtres sont pratiqués un peu au-dessous du bord inférieur de la partie qu’on peut appeller l’ouvroir, quoiqu’elle ne soit pas séparée du reste ; la grille est comme à l’ordinaire. Il faut pourtant remarquer que, comme la cucurbite ou vessie ne remplit pas exactement le fourneau par le haut, il est souvent nécessaire d’avoir un cercle de tôle ou de terre qui soit posé sur les bords supérieurs du fourneau pour boucher l’intervalle que laisse la cucurbite. Nous ne parlons point des soûtiens qu’on y voit attachés ; peu importe qu’ils tiennent au fourneau, ou qu’ils en soient isolés. Les fermetures des portes sont de tôle, & roulent sur des gonds. Nous détaillerons dans la suite des fourneaux qui répandront beaucoup de clarté sur la construction de celui-ci qui se trouve page 316. de Libavius.

La fig. 96. est un fourneau en briques ; il est quarré extérieurement ; il doit être rond intérieurement ; il a un cendrier, une grille, un foyer, un ouvroir, & quatre regîtres comme les précédens. La porte du foyer est quarrée, parce qu’il est plus aisé de lui donner cette figure avec des briques. Au reste, peu importe celle qu’elle aura, soit dans ce fourneau, soit dans ceux qui précedent ; il faut des fermetures à l’ordinaire. Il est dans Manget, Pl. X. & en remontant dans Lémery, Pl. II. qui l’a pris dans la Pl. IV. de Charas, qui l’a pris dans la Pl. I. de le Févre, tome I. Ce dernier le tient de Béguin, p. 162.

La fig. 123. représente un fourneau, au moyen duquel on peut distiller par en-haut & par le côté

tout-à-la-fois. Comme cette espece de fourneau est mixte du côté de l’opération, & que les vaisseaux qu’il contient le sont aussi, nous n’en donnerons la description qu’à l’article Vaisseaux. Voyez Libavius, page 322.

On a vû que les fourneaux que nous venons de décrire ne different pas essentiellement entre eux ; nous ajoûterons ici que quand ils sont extrèmement grands, & qu’ils doivent recevoir un alembic de cuivre de deux piés de diametre, par exemple ; on les fait en briques, comme celui de la fig 96. & l’on ne fait pas le foyer de toute la largeur de la cucurbite, parce qu’il se consumeroit trop de bois inutilement.

Nous mettrons encore les fourneaux à lampe au rang de ceux qui servent à la distillation ascensoire. On en trouve deux dans nos Planches, marqués fig. 64. & 65. Le premier est un cylindre creux de tôle, de cuivre, ou de laiton, qui a environ neuf pouces de haut sur sept ou luit de large ; il a une ouverture au-bas pour recevoir le canal d’une lampe à pompe qui brûle à trois ou quatre meches ; on y brûle de l’huile d’olives à vil prix, ou de l’huile de navette ; mais il vaut mieux, si l’on peut, n’employer que celle d’olives, parce que celle de navette donne une forte odeur qui incommode. D’ailleurs elle produit plus de champignons que l’autre, toutes choses égales d’ailleurs. On aura soin de faire les lumignons courts, terminés en un petit pinceau, & assez gros pour remplir exactement les petits tuyaux par lesquels ils passent : on allume le nombre de meches nécessaire au degré de feu qu’on veut donner. Ce fourneau se trouve dans Libavius, d’où il a passé successivement dans les ouvrages de Beguin, de Sgobbis, connu sous le nom de Montagrana sa patrie, de Lémery, & de M. l’abbé Nollet, t. IV. de ses leçons de Physiq. expérim. mais avec quelques accessoires différens.

Le second, dont nous croyons le Fêvre l’inventeur, ou tout au-moins celui qui le premier en a donné la description, se trouve aussi tome II. de la bibliotheque pharmaceutique de Manget, Pl. XI. fig. 2. On le voit dans la II. Planche de le Fêvre, & il est marqué fig. 65. dans les nôtres. Ce fourneau, dit l’auteur où nous l’avons pris, peut servir à plusieurs opérations de chimie capables de satisfaire & de piquer les plus curieux. Il doit être fait d’une bonne terre bolaire, compacte, bien pétrie, bien liée, & bien cuite, afin que la chaleur de la lampe s’y conserve bien. Si l’on craignoit qu’elle ne transpirât, on pourroit enduire le dehors & le dedans du fourneau, après sa cuisson, avec des blancs-d’œufs qu’on auroit réduits en eau par une continuelle agitation.

Ce fourneau doit être de trois pieces, qui auront en tout 21 pouces de haut. Il sera épais d’un pouce, & en aura 8 de diametre dans œuvre. La premiere piece ou base en aura huit de hauteur ; son sol sera percé d’un trou de 4 pouces & demi de diametre. Cette ouverture est faite pour le passage de la lampe qui en aura 3 de diametre, & 2 de profondeur. Cette lampe sera ronde & couverte d’une platine ayant dans son milieu un trou environné de six autres également éloignés entr’eux, & de celui du milieu. Chacun de ces trous sera assez grand pour admettre une meche de 12 fils au plus. Le second corps aura 7 pouces de haut ; il faut qu’il s’emboîte juste dans le premier, & qu’il ait quatre pattes de terre qui ayent un pouce de saillie dans le fourneau, pour soûtenir un vaisseau de terre ou de cuivre qui aura six pouces de diametre & quatre de haut. Ce vaisseau de terre est une capsule dans laquelle on mettra à volonté de l’eau, des cendres, ou du sable, pour servir d’intermede & faire un bain qui en tirera son nom. Ce que nous disons ici, est une modification qui ne se trou-