Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes qu’il a à chaque extrémité. On conçoit que les deux planches entre lesquelles il glisse, sont garnies de peau blanche pour empêcher la dissipation du vent.

Au reste, si l’on ne veut pas se donner la peine de construire ce sommier, ou si l’on craint d’en manquer le succès, on peut y suppléer par un autre moyen, qui n’est pas non plus sans inconvénient ; c’est d’avoir un boyau de cuir qui établisse la communication entre le tuyau du soufflet & le tuyau de la casse, qui sont en droite ligne, ou qui doivent y être. Ce boyau de cuir sera attaché par ses deux bouts à deux cercles de fer-blanc fort, dont le supérieur recevra la partie du tuyau venant du soufflet, & l’inférieur sera reçu dans celle qui va à la casse : ensorte que quand on voudra appliquer le soufflet de la forge au petit fourneau de fusion placé sur son foyer ou en-dehors, on retirera la partie inférieure du boyau du tuyau allant à la casse, pour l’introduire dans le tuyau postiche représenté avec ce petit fourneau de fusion fig. 37. n°. 1. Ce boyau est sujet à dessécher, & à tirer à lui l’un de ses anneaux quand il est trop juste, ou bien à rapprocher ses parois quand il est trop long. Il est bon d’observer que ces sortes de tuyaux ne veulent pas être recourbés à angles droits. La vivacité du souffle en est amortie. Ainsi, au lieu d’un angle droit, il en faut faire deux ou trois obtus, ce qui approchera d’une courbe.

Le soufflet doit être à deux vents, sans quoi il seroit bien-tôt brûlé. Les tuyaux de cuivre valent mieux que ceux de fer-blanc. On tient toûjours le soufflet tendu quand on ne s’en sert pas, pour empêcher le cuir de se couper, & on le frotte trois ou quatre fois l’année d’huile de baleine.

On trouve une forge semblable à celle qui convient dans un laboratoire philosophique dans la Pl. X. de Manget, qui la tient de la Pl. XI. de Charas, ou de la page 6 de Rhenanus. Nous avons indiqué les corrections qu’il y faudroit faire.

Il faut encore dans un laboratoire philosophique, un soufflet comme celui dont nous venons de parler, monté sur un chassis, afin de l’appliquer aux fourneaux où il est nécessaire. Ce chassis doit être construit de façon qu’on puisse monter le soufflet au point nécessaire. Nous n’en avons point représenté dans nos Planches ; la chose se comprend assez aisément. Ceux qui voudront voir quelque détail là-dessus, peuvent consulter les docimastiques de Cramer & de Schlutter, ou le laboratoire portatif de Beccher.

Au lieu d’un soufflet, on peut faire usage d’une éolipyle. C’est une sphere creuse de cuivre. On la fait de 16 pouces de diametre à-peu-près. On y soude un tuyau gros comme celui d’un soufflet, dans la direction d’une tangente ; on la remplit d’eau jusqu’aux deux tiers : on la fait bouillir, & elle souffle vivement le feu vers lequel on tourne son tuyau. Faute de cet instrument, on peut employer tout vaisseau qui en approchera, c’est-à-dire où l’on pourra faire bouillir de l’eau, & qui aura un bec à-peu-près dans le même goût. Cependant le soufflet double mérite la préférence, parce qu’on est mieux le maître de gouverner le feu quand on s’en sert, sans compter qu’il en est de l’éolipyle comme du chalumeau dans lequel on souffle. Il sort de l’un & de l’autre des gouttes d’eau qui peuvent troubler l’opération. Elle est malgré cela en usage depuis plus de cent ans pour les fourneaux & pour les lampes de l’émailleur, comme on peut le voir dans un livre anglois intitulé the art of distilation un peu postérieur à Glauber, qu’il a copié, & dans Libavius, page 107. Vitruve l’a employée pour empêcher la fumée.

La fig. 37. n°. 1. représente le petit fourneau de fusion fait en terre des fournalistes de Paris. Il a 13 pouces de haut & 11 pouces de diametre hors d’œuvre. Il est épais de 2 pouces, & d’une seule piece. Il a deux

anses pour la facilité du transport. La porte du soupirail est large de trois pouces, & haute de deux. On la tient fermée & lutée quand on se sert du gros soufflet. A côté est un trou pour recevoir le tuyau qui en vient. La grille est forte, à trois pouces du sol, claire, & bien détachée des parois sur lesquelles elle porte au moyen des trois mentonnets. Quand on employe ce fourneau pour la fusion, on le couvre du dôme de Glaser, que nous avons représenté avec le fourneau de Glauber. fig. 6. On en anime le feu au moyen du soufflet monté sur un chassis, ou bien avec celui de la forge, par les moyens que nous avons indiqués en en parlant ; c’est pour cela qu’il a été représenté avec le tuyau qui doit communiquer avec son gros soufflet double. Ce fourneau est trait pour trait une petite forge portative ronde.

On trouve encore chez les mêmes fournalistes d’autres fourneaux portatifs à vent ; ce sont aussi des petites tours ou cylindres creux sans fond, qui se posent sur un trépié où l’on a mis une grille de fer. Ces especes de tours, qui sont quelquefois renflées vers le milieu, sont percées tout-autour de plusieurs trous : ainsi ce fourneau prend l’air par-dessous & par les côtés. On met dessus un dôme qui finit en-haut par un tuyau d’un demi-pié, qu’on peut alonger à volonté. A ce dôme il y a une porte par laquelle on introduit ce qui est nécessaire à l’opération. Cette notice est de M. Hellot ; on ne l’a mise ici que pour en dissuader l’usage, comme cet illustre artiste, qui a reconnu qu’ils étoient peu propres à la fusion, & conséquemment aux essais, pag. 90. Elle répond & à la description du petit fourneau de fusion qu’on voit Pl. I. de Lémery, & à celle du dôme de Glaser, dont nous avons dit qu’on appliquoit l’usage au petit fourneau fig. 37. n°. 1. qu’on peut voir avec la fig. 6. dans nos Planches.

La fig. 36. représente un petit fourneau quarré portatif pour les essais. Il a 7 ou 8 pouces d’ouverture, & 8 ou 9 de hauteur. On s’en sert à la place de la forge dont nous avons parlé. On y fait faire à un pouce au-dessus de son fond, deux trous opposés, ou vis-à-vis l’un de l’autre, dans lesquels on ajuste avec du lut deux goulots de bouteilles de grès pour servir de tuyere, & diriger le vent de deux soufflets, quand on a besoin d’un feu extrème, sur la partie de la tute où le bouton doit se rassembler. Dans le troisieme côté de ce fourneau quarré, M. Hellot a fait faire une porte qui lui sert, lorsqu’un essai est fini, à retirer la braise, pour pouvoir y placer le creuset d’un nouvel essai sans être exposé à la grande chaleur de cette braise ; qu’il est difficile d’enlever entierement sans cette porte. Si l’on a à faire un essai de mine douce, comme le sont presque toutes les mines de plomb, on approche d’une seule tuyere le soufflet à deux vents, qu’on suppose monté pour cet usage sur un chassis de fer mobile. Si c’est une mine de cuivre jointe à une roche de fusion difficile, à laquelle il faille un feu plus fort que pour la mine de plomb, on couvre le fourneau d’un couvercle aussi quarré, pour concentrer la flamme du charbon & la réverbérer sur le creuset. Dans l’un & dans l’autre cas, il faut boucher exactement d’un bouchon de terre enduit de lut, la tuyere qui est vis-à-vis celle par laquelle on introduit le vent du soufflet double. Enfin lorsqu’il s’agit de fondre une mine de fer, ou pour connoître la quantité de fer qu’elle peut rendre dans les travaux en grand, ou pour scorifier le fer avec du plomb, & introduire dans celui-ci l’argent & l’or que celui-là peut contenir, on se sert de deux soufflets qu’on applique aux deux tuyeres opposées. L’un est le soufflet double dont on vient de parler, l’autre peut être absolument un soufflet simple. Mais il faut que le canal de fer qu’on ajuste à son tuyau soit long de 2 piés au moins ; sans quoi il pomperoit