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te, dans l’espace I. On éleve après cela trois murs nouveaux sur la grille pour former le troisieme étage C. Mais quand on en est à la moitié de l’élévation, on place dans les deux murs latéraux deux barres de fer arquées au milieu, comme nous l’avons dit du fourneau d’Evonymus, fig. 45. à la sect. des fourneaux pour la distillation latérale ; ces barres servent à soûtenir la retorte. Dans l’un de ces murs, au-dessous des barres de fer, on laisse une ouverture pour passer le col de la cornue. Le mur antérieur est toûjours ouvert, & on ne le ferme que quand la cornue est placée ; seulement on y laisse deux petites ouvertures pour remuer le charbon. On met encore des barres de fer sur ce troisieme étage pour soûtenir les murs & le pavé du quatrieme O. Mais avant on voûte la chambre de la cornue pour en faire un reverbere, & on laisse au milieu de la voûte un trou pour y jetter le charbon. On le ferme avec une brique, s’il est nécessaire. On éleve ensuite les murs de la quatrieme chambre, qu’on couvre aussi d’une voûte au milieu de laquelle on laisse le trou S. On fait une porte arquée R dans la partie antérieure. Au trou S on met une grille pour soûtenir un bain, si l’on veut se servir du trou T ; enfin on éleve les derniers murs d’un pié & demi comme les précédens, pour former le cinquieme étage E, en laissant encore ouverte une porte arquée pour donner la facilité de fermer le trou S d’une brique. On ferme la partie supérieure de ce cinquieme étage avec de l’argille, mais on laisse encore un trou T au milieu pour une capsule de terre ou de cuivre. Aux quatre angles sont quatre regîtres capables d’admettre le doigt, qu’on ferme avec des bouchons quand il est nécessaire. Telle est la structure de ce fourneau. Libavius, p. 168.

La capsule X contient du sable, au moyen duquel on distille de l’esprit-de-vin ou de l’eau-de-vie. Le récipient Y est dans cet auteur une cornue appesantie par un cercle de plomb à la maniere d’Ulstadius, pour empêcher qu’elle ne flotte dans le bacquet Z plein d’eau froide. On voit encore une cornue servant de récipient dans la seule figure du laboratoire de Kunckel. Dornæus se servoit de ce fourneau pour tirer des huiles des végétaux & des animaux, comme il l’apprend, liv. III. chap. jv. de sa Chimie ; sans doute qu’il faisoit quelque digestion dans la quatrieme chambre.

Je ne vois nul inconvénient à se servir d’un pareil fourneau. Je ne présume pas qu’on y puisse faire toute sorte d’opérations indistinctement ; mais je crois qu’il peut s’en trouver qui s’accordent assez bien pour aller ensemble, avec toutefois les restrictions que nous avons déjà mises. Au reste, on n’y dépense pas plus en charbon pour un vaisseau seul, que dans un autre plus simple. On peut, je crois, le regarder comme un fourneau de distillation latérale, dont la troisieme chambre est l’ouvroir, les deux inférieures le cendrier, & les deux supérieures le tuyau de cheminée. Il semble que Glauber y ait pris l’idée des chambres qu’il met à côté du tuyau de son fourneau de fusion, fig. 6. & que Kunckel l’ait imité dans son fourneau de verrerie que nous avons donné, corrigé par Cramer, fig. 39. Ces derniers vont bien, celui-ci doit aller de même.

Le fourneau du laboratoire portatif de Beccher, fig. 71. dont nous avons renvoyé ici la description, à la section de ceux qui servent à la fusion, a 3 piés 3 pouces de haut, 16 pouces de large dans la plus grande capacité de son ventre, & 9 de diametre dans le bas. Ainsi c’est une figure conique ou entonnoir qui est voûté ou elliptique supérieurement. On le fait de tôle forte, & on lui donne un pouce & demi d’épais ; car c’est jusqu’à ce point qu’on le couvre d’un garni fixe au feu, qu’on soûtient avec des crochets de fer ; & on met aux bords supérieurs &

inférieurs des différens corps, des anneaux de fer qui servent aussi à le soûtenir : ainsi que nous l’avons dit du fourneau de fusion de Cramer, fig. 26.

Ce fourneau est composé de quatre parties ; 1°. d’un dôme, 2°. d’un cercle ou couronne, 3°. de son corps, 4°. de son fond, pié-d’estal, ou cendrier.

Ce dôme, à l’ordinaire, sert à couvrir l’orifice du fourneau, soit que la couronne y soit ou n’y soit pas. Les dimensions de l’un & de l’autre sont les mêmes, & la couronne est parfaitement cylindrique. Il sert à concentrer & reverbérer la flamme, comme cela est nécessaire dans les essais à la coupelle, la cémentation, la reverbération, & la distillation à la cornue, qui se font à feu ouvert. Ce dôme est aussi garni en-dedans, pour supporter le feu. Il a un trou supérieurement, qu’on peut tenir ouvert ou fermé jusqu’à un certain point. Non-seulement il est d’un grand usage pour gouverner le feu, il sert encore à recevoir les pots ou les balons sublimatoires qu’on lui peut ajuster pour faire toutes les sublimations des fleurs, des minéraux, & les distillations abondantes des esprits salins ; c’est-à-dire toutes les opérations de Géber & de Glauber ; voyez nos fig. 5. 66. 67. & 98. en jettant les matériaux sur les charbons ardens, par la porte du corps, qu’on ferme sur le champ. On ôte les grilles de fer, & pour lors le feu tombe dans le cendrier D1 ; on l’anime avec le soufflet ; & ainsi la matiere quoique fixe en quelque sorte, est obligée de monter ou sous la forme de fleurs, ou sous celle d’esprit ; & le feu ne s’éteint point comme dans les fourneaux de Glauber. Le corps est muni de deux anses.

Vient ensuite le cercle ou la couronne, qui n’a que deux variétés dans nos Planches, comme on voit en B1. & B2. & qui dans Beccher en a cinq que nous avons crû inutile de représenter, parce qu’elles peuvent s’entendre sans ce secours. La couronne B1. sert à amplifier le fourneau, & à donner le feu de suppression dans la distillation & le coupellage ; à la cémentation, au reverbere, à l’ignition, & à la calcination. Pour donner le feu de suppression, on met donc ce cercle B1 sur le corps C, & on lui adapte le dôme A avec la seconde grille seulement ; car il en faut trois pour ce fourneau. La premiere est celle qui se met en-bas tout près du cendrier ; la seconde, celle du milieu ; & la troisieme, celle qui se met sur le corps C au-dessus de sa porte. Ces trois grilles tiennent par la seule figure du fourneau. C’est leur largeur qui fixe leur place, parce que le fourneau est un cone renversé. Il est à-propos, quand le garni est frais, d’y enfoncer un peu chaque grille, de façon qu’elle y fasse une petite gouttiere, qui, quand il sera sec & dur, la soûtiendra plus exactement. Dans cette circonstance où l’on employe la seconde grille, on met le pié-d’estal ou trépié D2, s’il ne faut pas un grand feu, ou D1, s’il le faut vif ; auquel cas on employe le soufflet dont nous nous sommes contentés de représenter le mufle e. Pour lors on ajuste une cornue de terre ou de verre, de façon que son col passe par la porte ou échancrure du corps C, qu’on lute tout-autour de la cornue : ou bien on y met une moufle dans la même situation ; mais ensorte qu’on puisse fermer la porte. Les choses étant ainsi disposées, on jette par le trou du dôme, d’abord des charbons ardens, si l’on veut distiller de l’eau-forte ; ou bien si l’on veut un feu de suppression, on ne mettra les charbons ardens que les derniers. On laissera le feu s’allumer par les degrés qu’on voudra, & l’on continuera l’opération de même avec un feu plus ou moins violent. A l’aide de cet appareil, on pourra distiller à la cornue de l’eau-forte, de l’huile-de-vitriol, & autres esprits concentrés à la violence du feu. Mais si l’on veut calciner, cémenter, ou réverbérer, on ôtera la grille du milieu : on mettra la premiere au-dessous, & on ajoûtera la troisieme ; après