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quel ce lobe s’avance. De plus, il se trouve au bord postérieur du foie, une grande échancrure, laquelle est commune aux deux lobes, & fait place à l’épine du dos & à l’extrémité de l’œsophage : elle est attenant le passage de la veine-cave, qui rencontre dans la partie postérieure du foie, un petit enfoncement pour le faciliter. Enfin on observe que le foie se termine postérieurement dans la plus grande partie de son étendue, par un bord qui est arrondi, à la différence de celui de sa partie antérieure, qui est mince & aiguë. Après tout, il n’y a que l’inspection qui puisse donner une véritable idée des lobes, des échancrures, des scissures, des éminences, & des enfoncemens du foie.

On dit communément que ce viscere est assujetti aux parties voisines par le moyen de quatre ligamens, nommés tels, mal-à-propos ; savoir le suspensoir, le coronaire, & les deux latéraux. Voyez Suspensoire, Coronaire & Ligamens latéraux.

Cependant, à parler proprement, le foie est seulement attaché par tout son bord postérieur aux portions du diaphragme qui lui répondent ; sur quoi nous observons que l’attache de la portion moyenne de ce bord postérieur est immédiate, & que l’autre attache du reste de son étendue, est médiate. Quelques-uns ajoûtent à ces ligamens l’attache immédiate du foie au tronc de la veine-cave inférieure, qui va au cœur en traversant le diaphragme, auquel elle est aussi très-étroitement unie. Quoi qu’il en soit, aucun de ces prétendus ligamens ne sert à suspendre le foie, mais seulement à le maintenir dans sa situation, & à l’empêcher, pour ainsi dire, de balotter. Ce viscere est principalement soûtenu par la plénitude de l’estomac & des intestins, qui le sont eux-mêmes par les muscles de l’abdomen.

Le foie se trouve recouvert d’une membrane assez mince, qui est néanmoins composée de deux lames ; & c’est entre ces deux lames que rampent un très grand nombre de vaisseaux lymphatiques, tant sur la surface convexe que sur la surface concave de ce viscere. La lame interne de cette membrane semble pénétrer la substance du foie, pour le partager en un grand nombre de petits lobes, qui ne se distinguent pas à beaucoup près si aisément dans l’homme que dans le porc.

La substance du foie est faite de l’assemblage d’une multiplicité de vaisseaux de tout genre, qui paroissent tous se distribuer à une infinité de petits corps assez semblables à de petits grains ou vésicules, dont l’intérieur semble être garni d’une espece de velouté ; M. Winslow les nomme grains pulpeux..

Les vaisseaux qui se distribuent à ces grains pulpeux, peuvent être distingué ; en ceux qui y portent quelque liqueur & en ceux qui en rapportent ; les premiers sont les ramifications de l’artere hépatique, celle de la veine-porte, & celles des nerfs hépatiques. Voyez Artere hépatique, Veine-porte, & Nerfs hépatiques.

Parmi les vaisseaux qui rapportent de ces vésicules, on doit premierement compter les rameaux des veines qui reçoivent le résidu du sang, que la veine-porte avoit déchargé dans le foie. Ces rameaux vont former par leur union trois branches considérables, appellées veines hépatiques, lesquelles vont se terminer dans le tronc de la veine-cave inférieure, immédiatement au-dessous du diaphragme, par trois ouvertures différentes ; la plus considérable répond au grand lobe, la moyenne au petit lobe, & la plus petite au lobule de Spigelius. Il y a lieu de croire que ces mêmes veines rapportent aussi le résidu du sang qui avoit été fourni par l’artere hépatique, puisqu’on n’en découvre aucune qui réponde immédiatement à cette artere.

Les veines lymphatiques du foie se decouvrent sur sa surface concave & sur sa surface convexe, où elles forment un réseau merveilleux, & se rendent pour la plûpart dans le réservoir du chyle.

Les grains pulpeux qui composent la substance du foie, fournissent chacun en particulier un vaisseau, qui est proprement le conduit excrétoire de ces vésicules.

Ces conduits qui sont en très-grand nombre, communiquent les uns aux autres dans la substance du foie. On les nomme pores biliaires ; & l’union de ces conduits forme celui que l’on appelle pore hépatique, dont la longueur est d’environ deux travers de doigt ; il vient s’unir à celui de la vésicule du fiel, pour n’en former ensemble qu’un seul, qui va se décharger dans le duodenum.

Il faut remarquer ici que toutes les branches & rameaux, tant de l’artere hépatique & de la veine porte, que des nerfs & des pores biliaires, sont renfermés dans une membrane qui leur est commune, nommée la capsule de Glisson, du nom de celui qui l’a découverte : cet auteur l’a crûe charnue ; mais quand on l’examine avec soin, on découvre que ce n’est qu’une continuation de la membrane qui a recouvert le foie. Les ramifications des veines lymphatiques & celles des veines sanguines nommées hépatiques, ne sont point renfermées dans cette capsule.

Comme les anciens prenoient le foie pour la source de toutes les veines, & pour la partie du corps humain dans laquelle se fait la sanguification, ils y placerent unanimement le siége de l’amour : & tous les Poëtes suivirent cette idée. L’amour tendit son arc, dit Anacréon, & porta sa fleche au milieu du foie ; mais les modernes plus éclairés sur le méchanisme de l’économie animale, ont démontré que ce viscere étoit l’organe de la secrétion de la bile. Quant à la maniere dont cette humeur est séparée, l’on imagine que les grains glanduleux découverts par Malpighi, & répandus dans toute la substance du foie, en sont les véritables filtres ; surtout lorsqu’on considere 1°. que tous ces grains glanduleux sont autant de vésicules garnies en-dedans, suivant l’observation de M. Winslow, d’un velouté pareil à celui qu’il dit se trouver dans tous les conduits secrétoires : 2°. que tous les différens vaisseaux qui se distribuent dans le foie, vont se rendre comme à leur terme à toutes ces vésicules.

On peut donc concevoir que de ces vaisseaux, les uns apportent à ces vésicules les liqueurs qu’ils contiennent : & que les autres en reçoivent celles dont ils sont chargés, pour les transmettre ailleurs ; les premiers sont les nerfs, les ramifications de la veine-porte, & celles de l’artere hépatique ; les seconds sont les veines hépatiques, les veines lymphatiques, & les pores biliaires ou conduits excrétoires de ces vésicules.

En comparant la grande quantité de bile séparée dans le foie au volume des vaisseaux qui s’y rendent, il y a lieu de présumer que la veine-porte fournit à ce viscere la bile qui s’y filtre, & l’artere hépatique le sang dont il a besoin pour sa nourriture ; on se le persuade lorsqu’on fait réflexion sur la nature de la bile & sur celle des organes, où la veine-porte a puisé le sang qu’elle contient. La bile est une liqueur jaune, amere, d’une consistance assez fluide, composée non-seulement de sérosités & de sels, mais encore de parties huileuses ; le tout ensemble forme une liqueur dont la nature approche beaucoup de celle du savon : car elle en a à-peu-près le goût, & elle enleve de même les taches des habits. Quant aux organes, d’où les rameaux de la veine-porte reviennent, & où ils ont puisé pour ainsi dire la bile qu’elle contient, ce sont les intestins, le pancréas, le mésentere, l’épiploon, & la rate.