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l’estime, l’amitié, la bienveillance, la confiance, l’esprit des autres. On gagne un juge, soit en le fléchissant, lorsqu’il est trop severe, soit en le corrompant, lorsqu’il est inique ; on livre un combat, & on gagne une bataille ou du terrein, un prix, une partie, une gageure. Le feu gagne le toit de la maison ; l’eau gagne les caves : dans ces cas, gagner est synonyme à atteindre. On gagne le vent ; voyez Gagner (Marine.) On gagne l’épaule ou la volonté du cheval ; voyez Gagner (Manege.) On gagne du tems ; on gagne sa vie, &c. Ce verbe a une infinité d’acceptions différentes. Voyez les articles suivans, & l’article Gain.

Gagner le vent, Gagner le dessus de vent, (Marine.) c’est prendre l’avantage du vent sur son ennemi ; ce qui se fait en courant plusieurs bordées, en changeant promptement de bord, lorsque le vent a donné, & en faisant bien gouverner. Voyez Vent.

Gagner au vent, monter au vent, c’est lorsqu’un vaisseau qui étoit sous le vent se trouve au vent par la bonne manœuvre qu’il a faite.

Gagner sur un vaisseau, c’est lorsqu’on cingle mieux que lui, & que l’on s’en est approché ou qu’on l’a dépassé. (Z)

Gagner, (Jardinage.) c’est un terme reçû chez les Fleuristes, pour dire que la graine qu’on a semée a produit un nouvel œillet, une oreille d’ours, une renoncule, une anemone, & autres. (K)

Gagner l’épaule du cheval, (Manége.) expression qui suppose dans le jeu, dans le mouvement, & dans l’action de cette partie, un défaut quelconque que l’on réprime, ou que l’on corrige par le secours de l’art ; soit que ce défaut provienne de la nature & de la conformation de l’animal, soit qu’on puisse le regarder comme un de ces vices acquis, & nés de l’ignorance de celui qui l’exerce & qui le travaille.

Cette maniere de s’exprimer est encore usitée, relativement aux parties mobiles de l’arriere-main, lorsque le cavalier leur imprime un mouvement auquel elles se refusent.

On ne sauroit prévenir avec trop de soin & d’attention les mauvaises habitudes que la plûpart des chevaux peuvent contracter dans les leçon, qu’ils reçoivent, sur-tout quand elles sont données sans ordre, sans méthode, sans choix, & qu’on ne conduit point exactement l’animal, selon les gradations & l’enchainement ; d’où résulte inévitablement en lui la facilité de l’exécution. (e)

Gagner la volonté du cheval, (Manége.) c’est de la part du cavalier la faire plier sous le joug de la sienne. Cette définition annonce que l’expression dont il s’agit, est spécialement & particulierement adoptée, dans le cas où nous triomphons d’une opposition marquée, & d’une résistance véritable de la part de l’animal.

Pour contraindre & pour gêner en lui l’acte ou l’exercice de cette puissance avec quelqu’avantage, la patience & la douceur suffisent ; la force & la rigueur augmentent son opiniâtreté, & l’avilissent plûtôt qu’elles ne changent ses déterminations. (e)

GAGO, (Géog.) royaume d’Afrique dans la Nigritie. Il est situé au couchant de celui de Guiber, dont il est séparé par un desert de cent lieues : M. de Lisle appelle ce desert plaines sablonneuses : l’on en apporte l’or à Maroc. La capitale Gago, située sur une petite riviere qui va grossir le Senegal, est, suivant le même géographe, par le 19d de longit. & par le 19d de latitude. (D. J.)

GAI, adj. (Gramm.) voyez l’article Gaieté.

Gai, en Musique, se dit du mouvement d’un air, & répond au mot italien allegro. Voyez Allegro.

Ce mot peut aussi s’entendre du caractere de la

musique, indépendamment du mouvement. (S)

Gai, couleurs gaies, en Peinture, ne se dit guere qu’en parlant du paysage, pour exprimer la sérénité de l’air qui regne dans un tableau.

Gai, en termes de Blason, se dit d’un cheval nud & sans harnois.

Du Gué, d’azur au cheval gai & passant d’or, au chef de même.

GAIAN, s. m. turdus, (Hist. nat. Icthtiolog.) poisson de mer du genre des tourds ; on l’a aussi appellé auriol ; c’est le plus grand de tous les poissons de ce genre ; il a une couleur rougeâtre avec des taches noires & de couleur plombée, qui est celle du ventre. Rond. hist. des poissons, liv. VI. chap. vj. Voyez Poisson. (I)

GAIANITES, s. m. pl. (Théologie.) nom de secte qui étoit un branche des Eutychiens. Voyez Eutychiens.

Cette secte étoit plus ancienne que Gaian ou Gaien, évêque d’Alexandrie dans le vj. siecle, dont elle prit le nom. Elle suivit les erreurs de Julien d’Halicarnasse, chef des Incorruptibles ou des Phantastiques ; ensuite ces hérétiques prirent ou on leur donna le nom de Gaian, qui se mit à leur tête. Ils nioient que Jesus-Christ après l’union hypostatique, fût sujet aux infirmités de la nature humaine. Voyez Incorruptibles. Dictionn. de Trévoux & Chambers. (G)

GAIETÉ, s. f. (Morale.) la gaieté est le don le plus heureux de la nature. C’est la maniere la plus agréable d’exister pour les autres & pour soi. Elle tient lieu d’esprit dans la société, & de compagnie dans la solitude. Elle est le premier charme de la jeunesse, & le seul agrément de l’âge avancé. Elle est opposée à la tristesse, comme la joie l’est au chagrin. La joie & le chagrin sont des situations ; la tristesse & la gaieté sont des caracteres. Mais les caracteres les plus suivis sont souvent distraits par les situation ; & c’est ainsi qu’il arrive à l’homme triste d’être ivre de joie, à l’homme gai d’être accablé de chagrin. On trouve rarement la gaieté où n’est pas la santé. Scarron étoit plaisant ; j’ai peine à croire qu’il fût gai. La véritable gaieté semble circuler dans les veines avec le sang & la vie. Elle a souvent pour compagnes l’innocence & la liberté. Celle qui n’est qu’extérieure est une fleur artificielle qui n’est faite que pour tromper les yeux. La gaieté doit présider aux plaisirs de la table ; mais il suffit souvent de l’appeller pour la faire fuir. On la promet par-tout, on l’invite à tous les soupers, & c’est ordinairement l’ennui qui vient. Le monde est plein de mauvais plaisans, de froids bouffons, qui se croyent gais parce qu’ils font rire. Si j’avois à peindre en un seul mot la gaieté, la raison, la vertu & la volupté réunies, je les appellerois philosophie.

GAIETE ou GAETE, caieta, (Géogr.) ancienne ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec une forteresse, une citadelle, un port, & un évêché suffragant de Capouë, mais exempt de sa jurisdiction. Elle est au pié d’une montagne proche la mer, à 12 lieues E. de Capouë, 15 de Naples, 28 de Rome. Long. 31. 12. lat. 41. 30.

Vio (Thomas de) théologien, cardinal, beaucoup plus connu sous le nom de Cayetan (mais qu’il ne faut pas confondre avec celui qui par ses intrigues vouloit faire tomber la couronne de France à l’infante d’Espagne), naquit à Gaiete le 20 Février 1469, & mourut à Rome le 9 Août 1534. Il a composé un grand nombre d’ouvrages théologiques qu’on ne lit plus ; cependant ses commentaires sur l’Ecriture imprimés à Lyon en 1539 en 5 vol. in-fol. entrent encore dans quelques bibliotheques, en faveur du nom de l’auteur, & des emplois dont il a été décoré. (D. J.)

GAIGNE COÛTUMIERE, (Jurisprud.) dans la coûtume d’Auvergne, ch. xij. art. 16. c’est ce que le