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supplém. de la Gravure en bois, fig. 5. & la maniere de s’en servir, à l’article Gravure.

Grattoir à anches, (Lutherie.) représenté fig. 12. Planche X. de Lutherie, est un morceau de bois dur, par exemple, du boüis ou du poirier, concave d’un côté & convexe de l’autre, sur lequel les facteurs de musettes & de hautbois ratissent les lames de roseau, dont les anches de ces instrumens sont faites. Voyez Anches des instrumens à vent.

Grattoir, terme de Plombier, est un instrument de fer plat, court, assez tranchant, pointu & un peu recourbé ; il a un manche de bois fort court. On s’en sert pour gratter & ratisser les soudures. Voyez les Planches & les figures du Plombier.

Grattoir, outil de Potier d’étain ; il y en a de plusieurs sortes. Le grattoir à deux mains est plat comme une pleine de tourneur. L’acier couvre la planche ; ainsi il a un taillant de chaque côté, parce qu’il est émoulu en biseau comme les crochets, & il a un manche de bois à chaque bout. Il sert à gratter presque tout ce qui se repare à la main. Voyez Reparer.

Il y a d’autres grattoirs qu’on nomme grattoirs sous bras, qui servent à différens ouvrages, tant à reparer qu’à tourner. Ils ont différentes formes, mais ils n’ont qu’un manche de bois dans lequel on les fait tenir. Voyez les Planches du Potier d’étain.

Grattoir, (Relieur.) c’est un morceau de fer épais dans le milieu, & mince par les deux bouts : il y a des dents à ses extrémités ; elles servent à racler le dos des livres pour y faire entrer la colle. Il y en a ordinairement une étroite & une large, afin que l’instrument serve à des gros volumes & à des petits. Voyez la Planche du Relieur ; voyez aussi Frottoir.

* Grattoir, (Sculpteur & Stuccateur.) celui du sculpteur est presque recourbé à angle droit, & la partie recourbée est dentelée sur toute sa circonférence. Il est de fer & emmanché dans un morceau de bois.

Celui du stuccateur se termine en feuille ou spatule elliptique, & plus large par le bout qu’ailleurs ; la portion elliptique est un peu recourbée ; elle a aussi des dents sur toute sa circonférence.

Le nom de cet outil designe assez l’usage que l’artiste en fait.

GRATUIT, adj. (Jurisprud.) voyez au mot Don.

GRATZ, Graiacum, (Géogr.) ville d’Allemagne capitale de la Stirie, avec un bon château sur une roche, un palais & une académie. Gratz est, suivant Cluvier, la Muroela de Ptolomée ; cependant d’autres auteurs n’en conviennent point, & même révoquent en doute son ancienneté. Elle est sur le Muer, à 24 lieues S. O. de Vienne, & 18 N. O. de Varadin. Long. suivant Street, 33d 26′ 15″. latit. 48d 50′ 6″. (D. J.)

GRAUDENTZ, Grudentum, (Géog.) petite ville de Pologne au palatinat de Culm sur la Vistule, avec un bon château, à 14 lieues de Dantzig, 8 de Thorn, 30 N. O. de Warsovie. Long. 37. 2. lat. 53. 20. (D. J.)

GRAVE, adj. en terme de Grammaire : on dit, accent grave, accent aigu, accent circonflexe ; & cela se dit également & des différentes élévations du son, & des signes prosodiques qui les caractérisent dans les langues anciennes, & des mêmes caracteres, tels que nous les employons aujourd’hui, quoique destinés à une autre fin (voyez Accent). (E. R. M.)

Grave, (Phys.) signifie la même chose que pesant ; on dit un corps grave, les graves. Voyez ci-après Gravité.

Grave, Gravité, (Gramm. Littérat. & Morale.) Grave, au sens moral, tient toûjours du Physique ; il exprime quelque chose de poids. C’est pourquoi on dit, un homme, un auteur, des maximes de poids,

pour homme, auteur, maximes graves. Le grave est au sérieux ce que le plaisant est à l’enjoüé : il a un degré de plus ; & ce degré est considérable. On peut être sérieux par humeur, & même faute d’idées. On est grave ou par bienséance, ou par l’importance des idées qui donnent de la gravité. Il y a de la différence entre être grave & être un homme grave. C’est un défaut d’être grave hors de propos. Celui qui est grave dans la société est rarement recherché. Un homme grave est celui qui s’est concilié de l’autorité plus par sa sagesse que par son maintien.

Pietate gravem ac meritis si fortè virum quem.

L’air décent est nécessaire par-tout : mais l’air grave n’est convenable que dans les fonctions d’un ministere important, dans un conseil. Quand la gravité n’est que dans le maintien, comme il arrive très souvent, on dit gravement des inepties. Cette espece de ridicule inspire de l’aversion. On ne pardonne pas à qui veut en imposer par cet air d’autorité & de suffisance.

Le duc de la Rochefoucauld a dit que, la gravité est un mystere du corps inventé pour cacher les défauts de l’esprit. Sans examiner si cette expression, mystere du corps, est naturelle & juste, il suffit de remarquer que la réflexion est vraie pour tous ceux qui affectent la gravité, mais non pour ceux qui ont dans l’occasion une gravité convenable à la place qu’ils tiennent, au lieu où ils sont, aux matieres qu’on traite.

Un auteur grave est celui dont les opinions sont suivies dans les matieres contentieuses. On ne le dit pas d’un auteur qui a écrit sur des choses hors de doute. Il seroit ridicule d’appeller Euclide, Archimede, des auteurs graves.

Il y a de la gravité dans le style. Tite-Live, de Thou, ont écrit avec gravité. On ne peut pas dire la même chose de Tacite, qui a recherché la précision, & qui laisse voir de la malignité ; encore moins du cardinal de Retz, qui met quelquefois dans ses récits une gaieté déplacée, & qui s’écarte quelquefois des bienséances.

Le style grave évite les saillies, les plaisanteries ; s’il s’éleve quelquefois au sublime, si dans l’occasion il est touchant, il rentre bien-tôt dans cette sagesse, dans cette simplicité noble qui fait son caractere ; il a de la force, mais peu de hardiesse. Sa plus grande difficulté est de n’être point monotone.

Affaire grave, cas grave, se dit plûtôt d’une cause criminelle que d’un procès civil. Maladie grave suppose du danger. Article de M. de Voltaire.

Grave, adj. (Musique.) son grave. Voyez Son & Gravité. (S)

Grave, ou Gravement, adv. (Musique.) dans la musique italienne, c’est le mouvement le plus lent ; dans la françoise, il est seulement le second en lenteur. Le premier s’indique par le mot lentement. (S)

Grave, s. f. (Marine.) c’est un terrein plein de cailloutage situé au bord de la mer, sur lequel les pêcheurs étendent la morue ou autres poissons qu’ils veulent faire sécher. Le mot grave n’est d’usage que dans l’île de Terre-neuve, l’Isle-royale, & le golphe Saint-Laurent, où la pêche est considérable. (Z)

Grave, Gravia, (Géogr.) forte ville des Pays-Bas dans le Brabant hollandois. Elle est sur la rive gauche de la Meuse qui remplit ses fossés, à 2 lieues de Cuyk, à 3 de Nimegue, 6 de Bois-le-Duc, 26 N. E. de Bruxelles. Long. 23. 16. lat. 51. 46. (D. J.)

GRAVELINES, (Géogr.) les Flamands l’appellent Grevelingen, en latin moderne Gravaringa, ville forte des Pays-Bas dans la Flandre françoise, sur la frontiere de l’Artois. Théodoric comte de Flandres la fit bâtir vers l’an 1160, & la nomma Nieuport. Voyez de Valois, notit. gall. page 266. Les fortifica-