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& la legereté de la pointe. Il a généralement négligé les piés & les mains de ses petites figures, mais ses têtes ont une noblesse & une beauté de caractere séduisante ; son œuvre est très-considérable.

Bénédette Castiglione, peintre & graveur, né à Gènes en 1616, mort à Mantoue en 1670, a gravé à l’eau forte plusieurs pieces, où il a mis autant d’esprit que de goût. Le clair-obscur de ses estampes fait le charme des connoisseurs.

Bloëmaert, (Corneille) né à Gorkum vers l’an 1606, est un des plus célebres graveurs au burin ; & c’est une chose étonnante, qu’avec une maniere précise & finie il ait pû donner autant d’ouvrages que nous en avons de lui. Frédéric Bloëmaert est bien inférieur à Corneille.

Bloëttling, l’un des grands artistes de Hollande, a principalement réussi dans la gravure en maniere noire.

Blond, (Michel le) mort à Amsterdam en 1656, a laissé plusieurs monumens de son habileté dans la gravure.

Bollswert (Scheldt) né dans les Pays-Bas, a beaucoup travaillé d’après les ouvrages de Rubens, de Vandick, & de Jordan, dont il a rendu le goût & les grands effets. Adam & Boëce Bolswert n’ont pas eu les rares talens de Scheldt, & cependant ils sont mis au nombre des bons artistes.

Bosse, (Abraham) né à Tours au commencement du dernier siecle, avoit une maniere de graver à l’eau-forte qui lui est particuliere ; ses estampes sont agréables. Il étoit savant dans la Perspective & dans l’Architecture. Nous avons de lui deux bons traités, l’un sur la maniere de dessiner, l’autre sur l’art de la Gravure.

Bruyn, (Nicolas de) a fait quantité de grands morceaux au burin, entre lesquels il y en a qui sont finis avec beaucoup de soin ; sa maniere est d’une propreté charmante, mais seche & maigre ; on lui reproche encore un goût de dessein gothique.

Bry, (Théodore de) est mis au rang des petits maîtres, quoiqu’il ait gravé plusieurs morceaux d’histoire ; les estampes qu’il a copiées d’après d’autres estampes, & qu’il a réduites en petit, sont plus estimées que les originaux : s’il y a beaucoup de netteté & de propreté, il y a aussi trop de secheresse dans son burin.

Callot, (Jacques) né à Nancy en 1593, mort dans la même ville en 1635 ; il s’échappa deux ou trois fois de la maison paternelle dans sa tendre jeunesse, pour se livrer à la Gravure ; arrivé à Florence, le grand duc Côme II. charmé de ses talens, prit soin de se l’attacher ; c’est alors que Callot imagina ses petits sujets, dans lesquels il a si bien réussi. Son œuvre contient environ seize cents pieces, la plûpart gravées à l’eau-forte, & ce sont les plus estimées ; il a sû rendre les moindres choses intéressantes par la facilité du travail, l’expression des figures, le choix & la distribution. On recherchera toûjours ses foires, ses supplices, ses miseres de la guerre, sa passion, son éventail, son parterre, & sa grande rue de Nancy. L’esprit & la finesse de sa pointe, le feu & l’abondance de son génie, la variété de ses grouppes sans contrastes forcés, font les délices des amateurs.

Carrache, (Augustin) également versé dans les Sciences & dans les Beaux-Arts, a gravé plusieurs morceaux au burin, d’après le Corrège, le Tintoret, le Barroche, Voënius, & Paul Véronese. On admire dans ses pieces la plus grande correction, qui se présente sous des travaux agréables.

Château, (Guillaume) natif d’Orléans, mort à Paris en 1683, âgé de cinquante ans, a mis au jour d’assez bonnes estampes, d’après les-ouvrages du Poussin.

Chauveau, (François) mort à Paris en 1674, s’e-

xerça d’abord à graver au burin quelques tableaux de

la Hire ; mais il quitta bien-tôt le burin pour graver à l’eau-forte ses propres pensées. Si l’on ne trouve point dans ses ouvrages la douceur & le moëlleux de la gravure, on y voit avec étonnement le feu, la force, la variété, & le tour ingénieux de ses compositions. Lorsqu’on s’adressoit à lui pour quelque dessein, il prenoit aussi-tôt une ardoise, & y crayonnoit son sujet en plusieurs façons différentes, jusqu’à ce qu’on fût content, ou qu’il le fût lui-même ; car on l’étoit souvent, qu’il ne l’étoit pas encore.

Clerc, (Sébastien le) né à Metz en 1637, mort à Paris en 1714. Il mania le burin avec succès, & se distingua dans la gravure à l’eau forte : son œuvre est très-considérable & très-variée. Ses compositions sont gracieuses, sa gravure nette, & sa touche facile. Ses meilleures pieces sont 1°. le catafalque en l’honneur du chancelier Séguier, mort en 1672 : 2°. la pierre du Louvre, estampe de 1679 : 3°. l’arc de triomphe de 1680 : le grand concile, & le S. Augustin prêchant, toutes deux de 1683, & toutes deux les plus rares vignettes de son burin : 4°. la passion de Notre Seigneur, en trente-six planches, en 1695 : 5°. la multiplication des pains, en 1696 : 6°. l’entrée triomphante d’Alexandre dans Babylone, en 1706, &c. C’est dans ces morceaux recherchés des gens de de goût, que l’on apperçoit les talens de cet artiste.

Coëch, (Pierre) naquit à Alost, & mourut en 1551. Il voyagea en Italie & ensuite dans le Levant, où il fit une suite de desseins qui représentoient des cérémonies des Turcs ; & ces desseins ont été depuis gravés en bois.

Cort, (Corneille) né en Hollande, vivoit dans le seizieme siecle ; il se fixa à Rome, & devint un des plus corrects graveurs qu’il y ait eu. Ce fut de lui qu’Augustin Carrache apprit la gravure, & c’est lui qui publia le premier les ouvrages de Raphaël & du Titien.

Dassier, (les) pere & fils, de Genève, ont rendu leurs noms célebres par le même talent : leurs belles médailles d’après nature & plusieurs autres ouvrages de leur burin, prouvent qu’ils sont dignes d’être comptés parmi les plus célebres graveurs.

Drevet, (Pierre) les Drevet pere & fils, tous deux nommés Pierre, se sont acquis une très-grande réputation par leur burin : on connoît les portraits qu’ils ont gravés d’après Rigaud. Drevet fils est mort à Paris en 1739, âgé de quarante-deux ans.

Edelinck, (Gérard) ou le Chevalier, natif d’Anvers, mort en 1707 dans un âge fort avancé, a gravé des pieces qui sont des chefs-d’œuvre, où regnent la pureté de burin, la fonte, & la couleur ; M. Colbert l’attira en France. Nous avons de lui des estampes des hommes illustres, une sainte-famille d’après Raphaël, la famille de Darius, & la Madeleine de le Brun, trois pieces admirables ; mais il regardoit le portrait de Champagne comme son triomphe.

Falda, (Jean-Baptiste) né en Italie, a donné des estampes à l’eau-forte, qui sont d’un très-bon goût : ses livres des palais, des vignes, des fontaines de Rome & des environs, sont aussi très-recherchés.

Goltz, (Henry) né en 1558 dans le duché de Juliers, mort à Harlem en 1617 ; il a gravé plusieurs sujets en diverses manieres. On a beaucoup de ses estampes extrèmement estimées, faites d’après les desseins qu’il avoit apportés d’Italie : si celles de son invention ont quelquefois un goût de dessein un peu rude, on admire en échange la legereté, la fermeté, & tous les autres talens de ce célebre artiste.

Le Guide, dont le pinceau leger & la touche gracieuse enchantent, déploya le même esprit dans les gravures à l’eau-forte, qu’il fit d’après les tableaux de piété des grands maîtres d’Italie.

Hollard, (Vinceslas) né à Prague en 1607, tenta