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un fluide homogene, parce que ses parties, ou ses différentes couches ne sont pas de la même densité. Voyez Athmosphere, Air & Densité.

Lumiere homogene, est celle dont les rayons sont tous d’une même couleur, & par conséquent d’un même dégré de réfrangibilité & réflexibilité. Voyez Lumiere & Couleur.

Quantités homogenes, en Algebre, sont celles qui ont le même nombre de dimensions, comme a3, bbc, bcd, &c. On dit que la loi des homogenes est conservée dans une équation algébrique, lorsque tous les termes y sont de la même dimension.

Quantités sourdes homogenes, sont celles qui ont le même signe radical, & . Voyez Sourdes.

Homogene de comparaison, en Algebre, est la quantité, ou le terme connu d’une équation, que l’on appelle aussi nombre absolu. Ainsi, dans l’équation , 4 est l’homogene de comparaison. On ne se sert plus gueres de cette expression, & on désigne l’homogene de comparaison par le mot de dernier terme, ou terme tout connu de l’équation. Voyez Équation. (O)

Homogene, adj. (Méd.) ὁμογενὴς, homogeneus. Ce terme est souvent employé dans les ouvrages de Medecine, pour désigner les substances dont les parties sont égales entre elles, par leurs qualités intrinseques ou par leurs effets.

On trouve dans les définitions de Gorré, que le nom d’homogene est quelquefois donné à une sorte de fievre continue, dont les symptomes ne changent point, sont toujours les mêmes, soit par leur caractere, soit par leur durée : dans ce sens, homogene est synonyme d’homotone. Voyez Fievre homotone.

HOMOGÉNÉITÉ, s. f. (Gramm. & Métaphysiq.) qualité qui donne à une chose le nom d’homogene. Voyez Homogene. L’homogénéité de la matiere est une question peut-être impossible à résoudre.

HOMOGRAMME, s. m. (Gymn.) nom que les anciens donnoient aux deux athletes qui tiroient au sort la même lettre, & qui par cette raison devoient combattre l’un contre l’autre. Quand les athletes étoient enrégistrés, il s’agissoit de les apparier, & le sort en décidoit. Pour cet effet on jettoit dans une urne un nombre de lettres égal à celui des athletes, c’est-à-dire qu’on jettoit dans cette urne, deux a, deux b, deux c, &c. Après que les lettres avoient été bien secouées & mèlées dans l’urne, pour lors les athletes les tiroient eux-mêmes ; ceux qui se trouvoient avoir la même lettre, combattoient ensemble, & on les appelloit athletes homogrammes. (D. J.)

HOMOHYOIDIEN, voyez Costo-Hyoidien.

HOMOIOTELEUTON, s. m. (Belles-Lettres.) figure de rhétorique par laquelle les différens membres qui composent une période, se terminent de la même maniere : comme, ut vivis invidiosè, delinquis invidiosè, loqueris odiosè. Elle n’avoit lieu que dans la prose chez les anciens, & elle y formoit un agrément. Les modernes l’ont bannie de la leur, comme un défaut ; & au contraire, ils l’ont introduite dans leur poésie ; au moins quelques critiques pensent-ils trouver des traces de la rime dans l’homoïoteleuton des Grecs & des Latins, qui n’étoit autre chose qu’une consonnance de phrase.

Le mot est formé du grec ὁμὸς, pareil, & du verbe τελέω, définio, je termine : terminaison pareille. (G)

HOMOLOGATION, s. f. (Jurisprud.) est un jugement qui confirme & ordonne l’exécution de quelque acte passé par les parties ; comme un contrat d’union entre créanciers, ou de direction, un contrat d’atermoyement, une délibération faite dans une assemblée de créanciers.

On homologue aussi les sentences arbitrales ; & au parlement on homologue les avis de la communauté des Avocats & Procureurs. (A)

HOMOLOGUE, adj. terme de Géométrie, qui se dit des côtés des figures semblables qui sont opposés à des angles égaux. Voyez Semblable.

Ce mot est grec, composé d’ὁμὸς, semblable, & λόγος, ratio, raison ; c’est-à-dire quantité semblable.

Les triangles équiangles ou semblables, ont leurs côtés homologues proportionnés. Tous les rectangles semblables sont entre eux, comme les quarrés de leurs côtés homologues. Voyez Rectangles. (E)

HOMOLOGUER, voyez Homologation.

HOMONYME, adj. (Gramm.) ὁμόνομος, de même nom ; racines, ὁμὸς, semblable, & ὄνομα, nom. Ce terme grec d’origine, étoit rendu en latin par les mots univocus, ou æquivocus, que j’employerois volontiers à distinguer deux especes différentes d’homonymes, qu’il est à propos de ne pas confondre, si l’on veut prendre de ce terme une idée juste & précise.

J’appellerois donc homonyme univoque tout mot qui, sans aucun changement dans le matériel, est destiné par l’usage à diverses significations propres, & dont par conséquent le sens actuel dépend toûjours des circonstances où il est employé. Tel est en latin le nom de taurus, qui quelquefois signifie l’animal domestique que nous appellons taureau, & d’autres fois une grande chaîne de montagnes située en Asie. Tel est aussi en françois le mot coin, qui signifie une sorte de fruit, malum cydonium ; un angle, angulus ; un instrument à fendre le bois, cuneus ; la matrice ou l’instrument avec quoi l’on marque la monnoie ou les médailles, typus.

J’ai dit diverses significations propres, parce que l’on ne doit pas regarder un mot comme homonyme, quoiqu’il signifie une chose dans le sens propre, & une autre dans le sens figuré. Ainsi le mot voix n’est point homonyme, quoiqu’il ait diverses significations dans le sens propre & dans le sens figuré : dans le sens propre, il signifie le son qui sort de la bouche ; dans le figuré, il signifie quelquefois un sentiment intérieur, une sorte d’inspiration, comme quand on dit la voix de la conscience, & d’autres fois, un suffrage, un avis, comme quand on dit, qu’il vaudroit mieux peser les voix que de les compter.

J’appellerois homonymes équivoques, des mots qui n’ont entre eux que des différences très-légeres, ou dans la prononciation, ou dans l’orthographe, ou même dans l’une & dans l’autre, quoiqu’ils aient des significations totalement différentes. Par exemple, les mots voler, latrocinari, & voler, volare, ne different entre eux que par la prononciation ; la syllabe vo est longue dans le premier, & breve dans le second ; vōler, vŏler. Les mots ceint, cinctus ; sain, sanus ; saint, sanctus ; sein, sinus ; & seing, chirographum, ne different entre eux que par l’ortographe. Enfin les mots tâche, pensum, & tache, macula, different entre eux, & par la prononciation & par l’orthographe.

L’idée commune à ces deux especes d’homonymes est donc la pluralité des sens avec de la ressemblance dans le matériel : leurs caracteres spécifiques se tirent de cette ressemblance même. Si elle est totale & identique, les mots homonymes sont alors indiscernables quant à leur matériel ; c’est un même & unique mot, una vox ; & c’est pour cela que je les distingue des autres par la dénomination d’univoques. Si la ressemblance n’est que partielle & approchée, il n’y a plus unité dans le matériel des homonymes, chacun a son mot propre, mais ces mots ont entre eux une relation de parité, æquæ voces ; & de-là la dénomination d’équivoques, pour distinguer cette seconde espece.

Dans le premier cas, un mot est homonyme absolument, & indépendamment de toute comparaison avec d’autres mots, parce que c’est identiquement le même matériel qui désigne des sens différens : dans