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tinguer l’horloger, comme on l’entend ici, de l’artiste qui possede les principes de l’art : ce sont deux personnes absolument différentes. Le premier pratique en général l’Horlogerie sans avoir les premieres notions, & se dit horloger, parce qu’il travaille à une partie de cet art.

Le second embrasse au contraire cette science dans toute son étendue : on pourroit l’appeller l’architecte-méchanique ; un tel artiste ne s’occupe pas d’une seule partie, il fait les plans des montres & des pendules, ou autres machines qu’il veut construire. Il détermine la position de chaque piece, leurs directions, les forces qu’il faut employer, toutes les dimensions ; en un mot, il construit l’édifice. Et quant à l’exécution, il fait choix des ouvriers qui sont capables d’en exécuter chaque partie. C’est sous ce point de vûe que l’on doit considérer l’Horlogerie, & que l’on peut espérer d’avoir des bonnes machines, ainsi que nous le ferons voir dans un moment. Nous allons maintenant parler de chaque ouvrier que l’on emploie pour la fabrication des montres & des pendules, dont le nombre est très grand ; chaque partie est exécutée par des ouvriers différens, qui font toute leur vie la même chose.

Ce qui concerne la pratique ou la manœuvre se divise en trois branches, lesquelles comprennent tous les ouvriers qui travaillent à l’Horlogerie.

La premiere, les ouvriers qui font les grosses horloges des clochers, &c. on les appelle horlogers-grossiers.

La seconde est celle des ouvriers qui font les pendules, on les appelle horlogers-penduliers.

La troisieme est celle des ouvriers qui font les montres ; on les appelle ouvriers en petit.

1°. Les ouvriers qui fabriquent les grosses horloges sont des especes de serruriers-machinistes. Ils font eux-mêmes tout ce qui concerne ces horloges, forgent les montans dans lesquels doivent être placées les roues. Ils forgent aussi leurs roues, qui sont de fer & leurs pignons d’acier ; ils font les dents des roues & des pignons à la lime, après les avoir divisées au nombre des parties convenables : ouvrage très-long & pénible. Il faut être plus qu’ouvrier pour disposer ces sortes d’ouvrages ; car il faut de l’intelligence pour distribuer avantageusement les rouages, proportionner les forces des roues aux efforts qu’elles ont à vaincre, sans cependant les rendre plus pesantes qu’il n’est besoin, ce qui augmenteroit les frottemens mal-à-propos. Les constructions de ces machines varient selon les lieux où elles sont placées ; les conduites des aiguilles ne sont pas faciles ; la grandeur totale de la machine & des roues, &c. est relative à la grandeur des aiguilles qu’elle doit mouvoir, à la cloche qui doit être employée pour sonner les heures ; ce qui determine la force du marteau, & celui-ci la force des roues.

Pour composer avantageusement ces sortes de machines, il est nécessaire de posséder la théorie de l’Horlogerie : ces mêmes ouvriers font aussi les horloges de château, d’escalier, &c.

2°. Voilà le détail des ouvriers pour les pendules.

1°. Le premier ouvrage que l’on fait faire aux ouvriers qui travaillent aux pendules, est ce qu’on appelle le mouvement en blanc, lequel consiste dans les roues, les pignons & les détentes. Ces ouvriers, que l’on appelle faiseurs de mouvement en blanc, ne font qu’ébaucher l’ouvrage, dont le mérite consiste dans la dureté des roues & pignons ; les dents des roues doivent être également grosses, distantes entr’elles, avoir les formes & courbures requises, &c.

2°. Le finisseur est celui qui termine les dents des roues, c’est-à-dire, qu’il fait les courbures des dents, finit leurs pivots, fait les trous dans lesquels ils doivent tourner ; il fait les engrénages, l’échappement,

fait faire les effets à la sonnerie, &c. ou à la répétition. Il ajuste les aiguilles, enfin les finit ; ajuste les pendules ou lentilles, & fait marcher la pendule. Reste au méchaniste, c’est-à-dire à l’horloger, de revoir les effets de la machine, si, par exemple, les engrénages sont bien faits, ainsi que les pivots des roues, si l’échappement fait parcourir au pendule l’arc convenable, si la pesanteur de la lentille & les arcs qu’elle décrit sont relatifs à la force motrice, &c. les effets de la sonnerie ou répétition.

3°. La fendeuse est une ouvriere qui fend les roues des pendules, & ne fait que cela.

4°. Le faiseur des ressorts fait les ressorts des pendules ; il ne s’occupe uniquement qu’à cela. Ce que l’on peut exiger d’un faiseur de ressorts, c’est qu’il fasse le ressort fort long & de bon acier, que la lame diminue insensiblement de force depuis le bout extérieur jusqu’au centre ; qu’il soit trempé assez dur pour ne pas perdre son élasticité, mais pas assez pour casser. Il faut que l’action du ressort, en se débandant, soit la plus égale possible, que les lames ne se frottent pas en se développant.

5°. Il y a les faiseurs de lentilles, de poids, pour faire marcher les pendules : ces ouvriers font aussi les aiguilles d’acier de pendule.

6°. Le graveur, qui fait les cadrans de cuivre pour les pendules à secondes, &c.

8°. Le polisseur est un ouvrier qui polit les pieces de cuivre du mouvement de la pendule ; le finisseur termine & polit celles d’acier.

9°. Les émailleurs ou faiseurs de cadrans de pendules.

10°. Les ouvriers qui argentent les cadrans de cuivre.

11. Les ciseleurs font les battes à cartels pour les pendules.

12°. Les ébénistes font les boîtes de marqueterie & autres : les horlogers doivent diriger les ébenistes & ciseleurs pour le dessein des boîtes ; & comme ils ne sont pas trop en état de le faire par eux-mêmes, il est à propos qu’ils consultent des architectes ou de bons dessinateurs.

13°. Les doreurs, pour les bronzes des boîtes & des cartels, &c.

14°. Les metteurs en couleurs : ceux-ci donnent la couleur aux bronzes des boîtes de pendule, aux cartels, cadrans, &c. cette couleur imite la dorure.

15°. Les fondeurs pour les roues de pendules, & de différentes autres pieces qui s’emploient pour les mouvemens.

16°. Les fondeurs qui font les timbres, les tournent & les polissent.

Voilà en gros les ouvriers qui travaillent aux pendules ordinaires. Il y en a d’autres, qui font plus volontiers des pendules à carillon.

Les pendules à équation, ou autres machines composées, sont exécutées par différens ouvriers en blanc, finisseurs, &c. & sont conduites & composées par l’horloger.

Des ouvriers qui travaillent aux montres. 1°. Le faiseur de mouvemens en blanc : il fait de même que ceux des pendules, des roues & des pignons, lesquels exigent à peu-près les mêmes précautions. Ces ouvriers ne font que les mouvemens des montres simples.

2°. Le faiseur de rouage ; c’est une sorte d’ouvrier en blanc, qui ne s’occupe qu’à faire les rouages des montres ou répétitions.

3°. Les quadraturiers sont ceux qui font cette partie de la répétition qui est sous le cadran, dont le méchanisme est tel, que lorsque l’on pousse le bouton ou poussoir de la montre, cela fait répéter l’heure & le quart marqué par les aiguilles.