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corps maigre, les membres menus ; ils ne vivent guéres passé quarante ans ; la saleté dans laquelle ils se plaisent, & les viandes infectées dont ils font leur principale nourriture, sont au nombre des causes qui contribuent le plus au peu de durée de leur vie. Tous les particuliers du bourg du Cap ont de ces sauvages qui s’emploient volontiers au service le plus bas & le plus sale de la maison.

Ils vont presque nuds, la tête toujours découverte, & les cheveux ornés de coquilles ; leurs cabanes portent neuf à dix piés de hauteur, sur dix à douze de largeur ; ce sont des pieux fichés qui se rejoignent par le haut ; les côtés & le faîte sont des branches grossierement entrelacées avec les pieux ; le bout est couvert de jonc ou de peaux. A un des coins de la cabane, est une ouverture de la hauteur de quatre piés pour entrer & sortir ; ils font le feu au milieu, & couchent à terre.

Ils n’ont ni temple, ni idoles, ni culte, si ce n’est qu’on veuille caractériser ainsi leurs danses nocturnes, à la nouvelle & à la pleine lune. Le nom de Hottentot a été donné par les Européens à ces peuples sauvages, parce que c’est un mot qu’ils se répetent sans cesse les uns aux autres lorsqu’ils dansent. (D. J.)

HOTTONIA, s. f. (Botaniq. moderne.) plante aquatique, ainsi nommée à l’honneur de M. Hotton, professeur en Botanique à Leyde. Voici ses caracteres d’après Boerhaave.

La fleur est en rose, composée d’un seul pétale divisé en cinq segmens. Les divisions pénetrent jusqu’au fond de la fleur ; il part de son centre un pistil qui dégénere en un fruit cylindrique, dans lequel sont contenues plusieurs semences sphériques. Linnœus ajoûte que les étamines sont cinq filamens droits, courts, coniques, places sur les découpures de la fleur.

On trouve cette plante dans les fossés & dans les eaux profondes & croupissantes. Ses feuilles paroissent sur la surface de l’eau en Avril & en Mai ; ses fleurs en épi croissent sur des tiges assez longues & unies ; elles sont couleur de rose, d’une découpure très-fine, & font un bel ornement sur la surface des eaux. (D. J.)

HOU, HOU, HOU, APRÈS L’AMI, (Vénerie.) cri dont le valet de limier doit user quand il laisse courre un loup & un sanglier.

HOU (le cap de la) Géog. cap d’Afrique dans la haute Guinée, habité par les negres Quaqua. Ce cap, où commence la côte des Bonnes-Gens, avance assez peu vers la mer. Il est par les 5d 10′ de lat. septentrionale, à environ moitié de la distance qu’il y a entre le cap de Palmes & celui des Trois-Pointes. (D. J.)

HOUACHE, OUAICHE, s. m. (Marine.) c’est la trace que fait un vaisseau sur les eaux en sillant.

HOUAL, (Géog.) royaume d’Afrique dans la Nigritie. au bord du Sénégal. Il a environ 46 lieues de l’est à l’ouest, mais il est beaucoup plus étendu au sud de la riviere. Il est gouverné par un Prince qui se fait appeller brak, c’est-à-dire roi : aussi M. de Lisle écrit le royaume de Brak, ou Oualle, & le P. Labat Hoval. (D. J.)

* HOUAME, ou HOUAINE, s. m. (Hist. mod.) secte Mahométane. Les Houames courent l’Arabie ; ils n’ont de logemens que leurs tentes. Ils se sont fait une loi particuliere ; ils n’entrent point dans les mosquées ; ils font leurs prieres & leurs cérémonies sous leurs pavillons, & finissent leurs exercices pieux par s’occuper de la propagation de l’espece qu’ils regardent comme le premier devoir de l’homme ; en conséquence l’objet leur est indifférent. Ils se précipitent sur le premier qui se présente. Il ne s’agit pas de se procurer un plaisir recherché, ou de satisfaire une

passion qui tourmente, mais de remplir un acte religieux : belle ou laide, jeune ou vieille, fille ou femme, un houame ferme les yeux & accomplit sa loi. Il y a quelques houames à Alexandrie, où ce culte n’est pas toléré ; on y brûle tous ceux qu’on y découvre.

HOUAT, (Géog.) petite isle de France sur l’Océan, près des côtes de Bretagne, à trois lieues de Belle-Isle. Elle a quatre lieues de tour. Long. 14, 36. lat. 47, 20. (D. J.)

HOUBLON, lupulus, s. m. (Bot.) genre de plante à fleur, composée de plusieurs étamines, soutenues sur un calice. Cette fleur est stérile, comme l’a observé Cesalpin. Les embryons naissent sur des plantes qui ne portent point de fleurs, & deviennent des fruits écailleux, composés de plusieurs feuilles qui sont attachées à un poinçon, & qui couvrent des semences, enveloppées chacune d’une coëffe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I.)

Les racines du houblon sont menues & entrelacées les unes dans les autres ; il en sort des tiges foibles, très-longues, tortillées, rudes, anguleuses, velues, creuses, purpurines, sans vrilles, lesquelles embrassent étroitement les perches & les plantes sur lesquelles elles grimpent. Ses feuilles sortent des nœuds deux à deux, opposées, portées sur des queues longues d’une palme, rudes, & quelquefois rougeâtres ; quelquefois elles imitent les feuilles de mûrier, & sont entieres, terminées par une pointe ; le plus souvent elles sont découpées en trois ou en cinq parties qui ont autant de pointes, dentelées à leur bord, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.

L’espece qui porte les fleurs n’a point de graine, & celle qui porte les graines n’a point d’étamines.

Les fleurs naissent dans le houblon mâle, de l’aisselle des feuilles ; elles sont en grappes, comme celles du chanvre, de couleur d’herbe pâle, sans pétales, composées de plusieurs étamines & d’un calice à cinq feuilles ; elles sont stériles.

L’espece femelle porte des fruits qui sont comme des pommes de pin, composées de plusieurs écailles membraneuses, peu serrées, de couleur pâle, ou d’un verd jaune, attachées sur un pivot commun, à l’aisselle desquels naissent de petites graines, applaties, rousses, de l’odeur de l’ail, ameres, & enveloppées dans une coëffe membraneuse. Cette plante est très-commune dans les haies & les prés des pays, soit froids, soit chauds.

Mais en Angleterre, en Hollande, en Flandres & en Allemagne, on seme & on cultive avec grand soin, & avec beaucoup de dépense, le houblon dans des houblonnieres, où l’on plante de grandes perches, sur lesquelles les tiges de houblon montent, & les surpassent même. Il se plaît dans un terrein humide, gras & bien fumé : toute cette plante devient beaucoup plus belle par la culture ; ses épics chargés de fleurs, ses écailles & sa graine sont plus grandes que dans son état sauvage. Ses épis, qui sont les pommes de pin, & que l’on appelle souvent, mais improprement, fleurs, se recueillent au mois d’Août & de Septembre. On les seche dans un four préparé pour cela ; on les renferme ensuite dans des sacs, & on les garde pour faire la biere. On mange les jeunes pousses de houblon qui paroissent au commencement du printems.

Les feuilles sont ameres ; leur suc ne change point la couleur du papier bleu ; les fruits, ou les pommes de pin fraiches, ont une odeur agréable, & contiennent une graisse ou résine aromatique, un peu visqueuse, qui paroît être le principe de leur odeur & de leur amertume. Ils renferment un sel ammoniacal un peu nitreux, uni à une grande quantité d’huile, soit subtile, soit épaisse, aromatique & un peu amere : c’est par cette raison qu’on n’en