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Les nations de l’Europe, dit M. de Voltaire, « crurent la grande Bretagne ensevelie sous ses ruines, lorsqu’elle devint tout-à-coup plus formidable que jamais sous la domination de Cromwell, qui l’assujettit en portant l’évangile dans une main, l’épée dans l’autre, le masque de la religion sur le visage, & qui, dans son gouvernement, couvrit des qualités d’un grand roi tous les crimes d’un usurpateur ».

Né avec un courage & des talens extraordinaires, il fut le plus habile politique & le premier capitaine de son tems, fit fleurir le commerce de sa patrie, en étendit la domination, & mourut à l’âge de 59 ans, craint & courtisé de tous les souverains. Avant que d’expirer, il nomma Richard Cromvell son successeur, & conserva son autorité jusqu’au dernier soupir. Le conseil d’état lui ordonna des funérailles plus magnifiques que pour aucun roi d’Angleterre. Raguenet & Gregoire Léti ont écrit sa vie, mais il lui falloit d’autres historiens ; Waller a fait son éloge funebre, chef-d’œuvre de l’art, qu’il convient de transcrire ici par cette seule raison. J’y joindrai la traduction libre de M. de Voltaire en faveur de ceux à qui la langue angloise n’est pas connue. Il s’agit seulement, pour entendre ce beau morceau, de savoir que Cromwell mourut le jour d’une tempête extraordinaire dans la grande Bretagne.

We must resign ! Heav’n his great soul does claim,
In storm as loud as his immortal fame :
His dying groans, his last breath, shakes our isle.
And trees uncut for his fun’ral pile :
About his palace their broad roots are tost
Into the air. So Romulus was lost !
New Rome in such a tempest miss’d her king,
And from obeying fell to worshipping :
On Oeta’s top thus Hercules lay dead,
With ruin’d oaks and pines about him spread.
Nature herself took notice of his death,
And sighing, swell’d the sea with such a breath,
That to remotest shores her billows roll’d,
The approching fate of their great ruler told.

Voici l’imitation de M. de Voltaire :

Il n’est plus, c’en est fait, soumettons-nous au sort,
Le ciel a signalé ce jour par des tempêtes ;
Et la voix du tonnerre éclatant sur nos têtes,
A déclaré sa mort.
Par ses derniers soupirs, il ébranle cette île,
Cette île, que son bras fit trembler tant de fois,
Quand, dans le cours de ses exploits,
Il brisoit la tête des rois,
Et soumettoit un peuple à son joug seul docile.
Mer, tu t’en es troublée : ô mer ! tes flots émus
Sembloient dire en grondant aux plus lointains rivages,
Que le roi de ces lieux & ton maître n’est plus.
Tel au ciel autrefois s’envola Romulus,
Tel il quitta la terre au milieu des orages,
Tel d’un peuple guerrier il reçut les hommages.
Obéi dans sa vie, à sa mort adoré,
Son palais fut un temple.

(D. J.)

HUNTINGTONSHIRE, (Géog.) province d’Angleterre au diocese de Lincoln, de 67 milles de tour, d’environ 240 mille arpens, & 8217 maisons ; c’est un pays agréable, fertile, arrosé par plusieurs rivieres. (D. J.)

HUPE, LUPEGE, s. f. upupa, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau qui pese trois onces ; il a un pié de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’au bout de la queue, & environ un pié & demi d’envergure. Le bec est noir, pointu, & un peu courbé. Il y a sur la tête une belle crête, longue de deux pouces, composée de vingt-quatre ou vingt-six plumes, placées sur deux files, qui s’étendent depuis le bec jusqu’à l’occiput ; l’oiseau éleve & abaisse ces plumes à son

gré ; elles sont noires à l’extrémité, elles ont du blanc au-dessous du noir, & le reste est de couleur de marron teint de jaune ; le cou est roussâtre ; la poitrine est blanche, & a des taches noires : les vieux oiseaux de cette espece n’ont de ces taches que sur les côtés ; la queue est composée de dix plumes noires en entier, à l’exception d’un croissant blanc, placé de façon que ces deux extrémités sont dirigées vers le bout de la queue ; il y a dans chaque aîle dix-huit plumes, qui ont des taches blanches sur un fond noir ; le croupion est blanc ; les plumes des épaules s’étendent le long du dos, & ont les mêmes couleurs que celles des aîles. Willugh. Ornith.

HUPO l’huile de, (Hist. nat. medec.) huile tirée par expression dont on se sert en Amérique pour guérir les enfans des vers ; on leur en frotte le nombril. On ne sait d’où cette huile se tire. Acta physico-medica nat. curios. tom. I.

HU-PU ou HOU-POU, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom qu’on donne à la Chine à un conseil ou tribunal chargé de l’administration des finances de l’empire, de la perception des revenus, du payement des gages & appointemens des mandarins & vice-rois ; il tient aussi les registres publics, contenant le dénombrement des familles, où le cadastre qui se fait tous les ans des sujets de l’empereur, des terres de l’empire & des impôts que chacun est obligé de payer.

HUGUANG, (Géog.) septieme province de la Chine, si fertile, qu’on l’appelle le grenier de la Chine ; elle a 15 métropoles & 108 cités, Vach’ang en est la premiere métropole. (D. J.)

HUQUE, s. f. (Hist. ecclésiast.) espece de robe ou de manteau, qui couvre la tête & descend jusqu’aux piés, à l’usage des sœurs noires quand elles sortent.

HURA, s. m. (Botan. exotiq.) arbrisseau d’Amérique, dont on ne connoît que l’espece qui est à feuilles d’abutylon des Indes ; on l’appelle quelquefois noyer de la Jamaïque, mais ce nom est impropre.

Voici ses caracteres ; sa fleur en entonnoir est composée d’un seul pétale, qui s’ouvre par les bords & qui est légerement découpé en douze parties ; le pistil est placé au fond du tube ; il dégénere en un fruit globuleux, applati, & divisé en douze cellules, dont chacune contient une graine plate & rondelette.

Les habitans des Indes occidentales, espagnoles, angloises & françoises, cultivent cet arbrisseau dans leurs jardins par curiosité. Il s’éleve à la hauteur de quatorze ou seize piés, & se divise vers sa cime en plusieurs branches couvertes de larges feuilles, dentelées par les bords : ses feuilles, ainsi que les jeunes branches, sont d’un verd foncé & pleines d’un suc laiteux qu’elles répandent, lorsqu’on vient à les couper ou à les broyer ; si on laisse meurir parfaitement le fruit sur cet arbrisseau, la chaleur du soleil le fait crever avec une explosion violente ; ses semences sont dispersées dans cette explosion à une grande distance ; lorsqu’elles sont vertes, elles purgent par haut & par bas, & passent pour tenir un peu de la noix vomique.

On fait aux Indes occidentales de l’écorce du fruit des poudriers, ou petits vaisseaux à mettre la poudre que l’on répand sur l’écriture pour la sécher ; c’est pourquoi les Anglois nomment cette plante sand-box-tree ; mais ces sortes de noms vulgaires usités dans toutes les langues, ne font que jetter de la confusion en Botanique. (D. J.)

HURE, s. f. (Vénerie.) on dit hure de sanglier, en parlant de sa tête.

Hure, en terme de Vergettier, est une brosse gar-