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toujours sujet de l’incidente : il est quelquefois le déterminatif d’un nom qui est une partie quelconque de l’incidente : les écrivains dont la foi est suspecte, les juges dont on achete les suffrages, les philosophes selon l’opinion desquels l’ame est immortelle, &c. Quelquefois il est le complément du verbe ou d’une préposition ; la justice que vous violez, les moyens par lesquels vous vous soûtenez, &c.

Quoi qu’il en soit, il est essentiel d’observer 1°. que la proposition incidente, soit explicative, soit déterminative, forme avec son antécédent un tout, qui est une partie logique de la proposition principale ; l’antécédent en est la partie grammaticale correspondante. La religion que nous professons est divine ; dans cette phrase la religion est le sujet grammatical de la proposition principale, & prendroit en latin la terminaison du nominatif pour caractériser cette fonction que la grammaire lui assigne ; la religion que nous professons est le sujet logique, parce que c’est l’expression totale de l’idée unique dont la proposition principale énonce un jugement, assure qu’elle est divine : la Grammaire n’envisage comme sujet que le mot religion, pour le revêtir de la livrée relative à cette destination ; la raison, ὁ λόγος, sans compter les mots, envisage une idée totale. Il faut que je cede ; il (illud, illud negotium, cela, cette chose), sujet grammatical de faut ; il que je cede, sujet logique ; il que je cede faut (est nécessaire), proposition totale. Ce que l’on vient de voir de la proposition incidente qui tombe sur le sujet, est encore le même quand elle tombe sur le complément d’une préposition ou d’un verbe, ou sur le complément déterminatif d’un nom appellatif.

2°. Il faut reconnoître dans toute proposition incidente les mêmes parties essentielles que dans la principale, le sujet, l’attribut, les divers complémens, &c. Par exemple, César fut le tyran d’une république dont il devoit être le défenseur, c’est une proposition totale & principale ; dont il devoit être le défenseur, est incidente ; il (César) sujet de l’incidente ; devoit, verbe qui renferme l’attribut grammatical devant (étoit devant) ; devant être le défenseur dont ou de laquelle, attribut logique ; dont (de laquelle), complément déterminatif du nom appellatif le défenseur : telles sont les parties de la proposition incidente, déterminative de l’antécédent d’une république. Dans la proposition principale, d’une république est le complément déterminatif grammatical du nom appellatif le tyran ; d’une république dont il devoit être le défenseur, en est le complément déterminatif logique ; le tyran, attribut grammatical de la proposition principale ; le tyran d’une république dont il devoit être le défenseur, attribut logique : César est le sujet de la proposition totale.

3°. Le mot conjonctif qui sert à lier la proposition incidente à son antécédent, doit toûjours être à la tête de la proposition incidente, & immédiatement après l’antécédent, soit grammatical, soit logique, sans cela le rapport de liaison ne seroit pas assez sensible, & l’énonciation en seroit moins claire. Cependant dans notre langue même, dont la marche est analogue à l’ordre analytique, le pronom conjonctif peut être après une préposition dont il est complément, les amis sur qui vous comptez, ou même après le complément grammatical d’une préposition, s’il est déterminatif de ce complément, les amis sur le secours desquels vous comptez.

4°. En conséquence de la distinction des incidentes en explicatives & déterminatives, M. l’abbé Girard (Vrais principes, disc. xvj.) établit une regle de ponctuation qui me paroît très-raisonnable ; c’est de mettre entre deux virgules la proposition incidente explicative, & de mettre de suite sans virgule la déterminative. En effet, l’explicative est une espece

de remarque interjective mise en parenthese, que l’on peut ajoûter ou retrancher à la proposition principale sans en altérer le sens ; elle n’a donc pas avec l’antécédent une liaison logique bien nécessaire : mais la déterminative est une partie essentielle du tout logique qu’elle constitue avec son antécédent ; si on la retranche, on change le sens de la principale au point d’en altérer la vérité ; ainsi il ne faut pas même la séparer de l’antécédent par une virgule, qui indiqueroit faussement la séparabilité des deux idées. Il faut écrire avec la virgule, il est rare que le mérite seul perce à la cour, où rien ne réussit sans protection ; & sans virgule, il est rare que le seul mérite réussisse dans une cour où tout se fait par intrigue : ce sont les exemples de M. l’abbé Girard.

INCIDENTER, v. n. (Jurisprud.) signifie faire naître des incidens, pour empêcher la fin d’une contestation. Voyez Incident. (A)

INCINÉRATION, s. f. (Chimie.) l’action de réduire en cendres. Voyez Cendres & Calcination.

INCISA, (Géog.) petite ville d’Italie, au duché de Monferrat, dans le territoire d’Acqui, sur la riviere de Belbo.

INCISIF, IVE, adj. (Anatom.) se dit de quelques dents, de six muscles, & de certains trous qui ont rapport à ces dents.

Les dents incisives, que d’autres nomment rieuses parce qu’elles se découvrent quand on rit, sont au nombre de huit, quatre à chaque mâchoire, situées à la partie antérieure & au milieu des autres. Voyez nos Pl. anat.

Elles sont plus courtes & plus tranchantes que les autres, & elles sont plantées dans leurs alvéoles par des racines simples qui se terminent en pointes ; c’est ce qui fait qu’elles tombent aisément, sur-tout celles d’en-haut.

On les appelle incisives, parce qu’elles tranchent, qu’elles coupent & qu’elles incisent les viandes. Voyez Dent.

Le grand incisif vient du rebord inférieur de la fosse orbitaire, passe le long des aîles du nez ou quelques-unes de ses fibres se terminent, & s’insere à l’orbiculaire au-dessus des dents incisives.

Le petit incisif de la lévre supérieure s’attache au-dessus des dents incisives, & se termine en partie à l’orbiculaire, & en partie aux aîles du nez.

Le petit incisif de la lévre inférieure s’attache au-dessous des dents incisives, & se termine à la peau du menton, entre les deux portions obliques du quarré.

Le trou incisif ou gustatif, ou palatif antérieur, est l’orifice du canal situé à la partie postérieure des deux premieres dents incisives antérieures ; il est percé de bas en-haut & forme une espece d’v romain, c’est-à-dire qu’il a deux trous par en-haut, qui se terminent en-bas dans un seul. Ce canal est formé par les os maxillaires. Voyez Maxillaire.

Incisif, adj. (Thérapeutique.) c’est un nom générique que les Humoristes donnent à certains remedes qu’ils croient propres à diviser, briser, atténuer les humeurs épaisses, visqueuses, tenaces, &c. Voyez Atténuant & Vice des humeurs, au mot Humeurs, (Medec.)

INCISION, s. f. terme de Chirurgie, qui exprime génériquement une opération par laquelle on divise avec un instrument tranchant la continuité des parties. On fait des incisions pour évacuer le pus contenu dans un dépôt purulent, voyez Absces. Pour aggrandir les plaies, extirper les callosités des ulceres & des fistules, voyez Plaies, Ulceres, Fistules. Pour extraire les corps étrangers, ou réputés tels, voyez Césarienne, Lithotomie, Haut appareil. Pour retrancher quelque membre, voyez Amputation. Pour séparer ce qui est uni contre l’ordre de la nature, voyez Imperforation. Pour