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passer successivement entre le tuyau & la boëte, comme la figure le représente. On peut voir sur la lanterne magique l’essai physique de M. Muschenbrock §. 1320 & suivans, & les leçons de Physique de M. l’Abbé Nollet, tome V. vers la fin. La théorie de la lanterne magique est fondée sur une proposition bien simple ; si on place un objet un peu au-delà du foyer d’une lentille, l’image de cet objet se trouvera de l’autre côté de la lentille, & la grandeur de l’image sera à celle de l’objet, à peu-près comme la distance de l’image à la lentille est à celle de l’objet à la lentille. Voyez Lentille. Ainsi on pourroit faire des lanternes magiques avec un seul verre lenticulaire ; la multiplication de ces verres sert à augmenter l’effet. (O)

Lanterne, (Méchaniq.) est une roue, dans laquelle une autre roue engrene. Elle differe du pignon en ce que les dents du pignon sont saillantes, & placées au-dessus & tout-autour de la circonférence du pignon, au lieu que les dents de la lanterne (si on peut les appeller ainsi) sont creusées au-dedans du corps même, & ne sont proprement que des trous où les dents d’une autre roue doivent entrer. Voyez Dents, Roue, Engrénage & Pignon. Voyez aussi l’article Calcul des nombres. (O)

Lanterne la, (Fortification.) est un instrument pour charger le canon. On l’appelle quelquefois cuillere. Elle est ordinairement de cuivre rouge : elle sert à porter la poudre dans la piece, & elle est faite en forme d’une longue cuillere ronde. On la monte sur une tête, masse, ou boëte emmanchée d’une hampe ou long bâton. Elle est ainsi composée de deux parties ; savoir, de sa boëte qui est de bois d’orine, & qui est tournée selon le calibre de la piece pour laquelle elle est destinée : elle a de longueur un calibre & demi de la piece. L’autre partie est un morceau de cuivre attaché à la boëte avec des clous aussi de cuivre à la hauteur d’un demi-calibre.

La lanterne doit avoir trois calibres & demi de longueur, deux de largeur, & être arrondie par le bout de devant pour charger les pieces ordinaires.

La hampe est de bois de frêne ou de hêtre d’un pouce & demi de diametre, sa longueur est de douze piés jusqu’à dix. Voyez nos Planches d’Art militaire, & leur explic.

Lanterne de corne, (Hist. des inventions.) on prétend qu’on en faisoit autrefois de corne de bœuf sauvage, mais on n’en donne point de preuve ; Pline dit seulement, l. VIII. c. xv. que cette corne coupée en petites lames minces, étoit transparente. On cite Plaute dans son Prologue de l’Amphitrion, & Martial, l. XIV. épict. 16. Il est vrai que ces deux auteurs, dans les endroits que l’on vient de nommer, parlent des lanternes, mais ils n’en indiquent point la matiere ; je pense donc qu’on doit attribuer l’invention des lanternes de corne à Alfred le grand, qui, comme on sait, régnoit avec tant de gloire sur la fin du neuvieme siecle ; alors on mesuroit le tems en Angleterre avec des chandelles allumées ; l’usage même des clepsydres y étoit inconnu ; mais comme le vent faisoit brûler la lumiere inégalement, & qu’il rendoit la mesure du tems très-fautive, Alfred imagina de faire ratisser de la belle corne en feuilles transparentes, & de les encadrer dans des chassis de bois ; cette invention utile à tant d’égards devint générale ; & bientôt on la perfectionna par le secours du verre. (D. J.)

Lanterne, les Balanciers appellent lanterne une boëte assemblée, où, au lieu de panneaux de bois, ce sont des verres, dans laquelle on suspend un trébuchet, lorsque l’on veut peser bien juste quelque chose, comme quand on essaye de l’or ou quelque

chose de précieux. Voyez les Planches du Balancier, & celles de Chimie.

Lanterne, terme de Boutonnier, ce sont deux especes de cylindres creux & à jour, formés par deux petites planches rondes & minces, percées de trous à leur circonférence, & placées à une certaine distance l’une de l’autre au moyen de plusieurs petites baguettes qui passent dans ces trous, ce qui forme une espece de cage ronde & oblongue. Les deux planches qui servent de fond à la cage sont percées au centre d’un trou, dans lequel on passe une broche qui sert d’axe au cylindre. Le mouvement que la roue du rouet imprime au rochet, arrange le fil autour du rochet, & par conséquent tire l’écheveau qui étant placé autour des lanternes, leur communique le mouvement qu’il a reçu. Voyez Planches du Boutonnier, qui représente une femme qui devide au moyen d’un rouet un écheveau sur un rochet ; l’écheveau est monté sur les deux lanternes ou tournettes, qui sont elles-mêmes montées sur un petit banc ou billot.

Lanterne, (Gazier.) qu’on nomme aussi plioir, est un terme de Gazier. C’est un instrument dessus qui sert à ces ouvriers pour ôter la soie de rond, l’ourdissoir, & la mettre sur les deux ensubles qui sont au haut du métier à gaze. Voyez Gaze.

Lanterne de Graveur est une machine propre à mettre de la lumiere pour travailler la nuit ; elle consiste en une partie qui forme le chandelier, & une feuille de papier huilée qui est colée sur un petit chassis. Voyez nos Pl. de Gravure, & l’art. Chassis de graveur.

Lanterne, (Horlog.) nom que l’on donne à une sorte de pignon ; on s’en sert particulierement dans les grandes machines. Voyez Pignon à Lanterne, & les Planches des machines hydrauliques.

Lanterne d’Essayeur (à la Monnoie.) est une espece de boëte terminée en chapiteau pointu en forme de quarré long, trois des côtés sont armés intérieurement de glaces, au-dessus des glaces & avant le chapiteau regne une petite conduite d’un lacet de soie qui va répondre au-bas & vis-à-vis le petit tiroir qui sert de base à la lanterne. Ce lacet a pour objet de lever une petite balance ou trébuchet. Cette lanterne ainsi préparée est pour que l’air ou autre corps ne fasse trébucher la balance. Voyez les Planches de Chimie.

Lanterne, les Orfevres appellent ainsi la partie d’une crosse d’évêque, ou d’un bâton de chantre, qui est grosse & à jour, & représente en quelque façon une lanterne.

Lanterne de l’Ourdissoir, (Ruban.) c’est positivement la cage pour loger le moulin servant à ourdir ; cette lanterne est composée de quatre grands piliers montant de la hauteur de six piés, larges de trois pouces, & épais de deux. Le pilier de devant porte dans le haut de son extrémité, & aussi par-devant, une entaille quarrée pour loger une poulie, sur laquelle doit passer la ficelle du blin ; ce même pilier a encore deux rainures de haut en bas des côtés de son épaisseur pour recevoir les arrêtes du blin qui doit monter & descendre le long d’elles, deux traverses emmortaisées l’une dans l’autre à leur centre, & dont les extrémités terminées en tenons viennent aboutir à quatre mortaises pratiquées haut & bas dans chacun des quatre piliers dont on vient de parler. Ces mortaises sont à quatre pouces des extrémités de ces piliers ; la traverse d’en haut est percée d’outre en outre directement à son centre d’un trou pour recevoir la broche de l’arbre du moulin ; cette traverse est encore percée de trois trous, mais non pas d’outre en outre comme le précédent ; ces trois trous sont pour recevoir les bouts des piés de la couronne ; les bras