Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

die & de la Perse propre. Strabon & Etienne le géographe placent cette ville en Médie.

Laodicée, ville de la Mésopotamie, bâtie par Seleucus, & à laquelle il avoit donné le nom de sa mere.

Laodicée, cette septieme Laodicée étoit au Péloponnese, dans la Mégapolitide, selon Polybe, l. II, ou dans l’Orestide, selon Thucydide, l. IV. c’est la même que la Ladoncea de Pautanias. (D. J.)

LAO-KIUN, (Hist. mod. & Philosophie.) c’est le nom que l’on donne à la Chine à une secte qui porte le nom de son fondateur. Lao-Kiun naquit environ 600 ans avant l’ere chrétienne. Ses sectateurs racontent sa naissance d’une maniere tout-à-fait extraordinaire ; son pere s’appelloit Quang ; c’étoit un pauvre laboureur qui parvint à soixante & dix ans, sans avoir pu se faire aimer d’aucune femme. Enfin, à cet âge, il toucha le cœur d’une villageoise de quarante ans, qui sans avoir eu commerce avec son mari, se trouva enceinte par la vertu vivifiante du ciel & de la terre. Sa grossesse dura quatre-vingt ans, au bout desquels elle mit au monde un fils qui avoit les cheveux & les sourcils blancs comme la neige ; quand il fut en âge, il s’appliqua à l’étude des Sciences, de l’Histoire, & des usages de son pays. Il composa un livre intitulé Tau-Tsé, qui contient cinquante mille sentences de Morale. Ce philosophe enseignoit la mortalité de l’ame ; il soutenoit que Dieu étoit matériel ; il admettoit encore d’autres dieux subalternes. Il faisoit consister le bonheur dans un sentiment de volupté douce & paisible qui suspend toutes les fonctions de l’ame. Il recommandoit à ses disciples la solitude comme le moyen le plus sûr d’élever l’ame au-dessus des choses terrestres. Ces ouvrages subsistent encore aujourd’hui ; mais on les soupçonne d’avoir été altérés par ses disciples ; leur maître prétendoit avoir trouvé le secret de prolonger la vie humaine au-delà de ses bornes ordinaires ; mais ils allerent plus loin, & tâcherent de persuader qu’ils avoient un breuvage qui rendoit les hommes immortels, & parvinrent à accréditer une opinion si ridicule ; ce qui fit qu’en appella leur secte la secte des Immortels. La religion de Lao-Kiun fut adoptée par plusieurs empereurs de la Chine : peu-à-peu elle dégénéra en un culte idolâtre, & finit par adorer des demons, des esprits, & des génies ; on y rendit même un culte aux princes & aux héros. Les prêtres de cette religion donnent dans les superstitions de la Magie, des enchantemens, des conjurations ; cérémonies qu’ils accompagnent de hurlemens, de contorsions, & d’un bruit de tambours & de bassins de cuivre. Ils se mêlent aussi de prédire l’avenir. Comme la superstition & le merveilleux ne manquent jamais de partisans, toute la sagesse du gouvernement chinois n’a pu jusqu’ici décréditer cette secte corrompue.

LAON, (Géog.) prononcez Lan, en latin Laodunum, ou Lodunum ; mais on voit que les plus anciens l’appelloient Lugdunum, qui étoit surnommée Clavatum, ville de France en Picardie, capitale du Laonois, petit pays auquel elle donne son nom, avec un évéché suffragant de Reims ; son commerce consiste en blé. Laon a été le siége des rois de la seconde race dans le x. siecle ; il est situé fort avantageusement sur une montagne, à 12 lieues N. O. de Reims, 9 N. E. de Soissons, 31 N. E. de Paris. Long. 21d 17′ 29″. lat. 49d 33′ 52″.

Laon fut, dit-on, érigé en évéché l’an 496, sous le regne de Clovis ; il faisoit auparavant une partie du diocèse de Reims.

Au-bas de Laon est une abbaye de filles, appellée Montreuil-les-Dames : cette abbaye est principalement connue par la Véronique ou sainte Face de Jesus-Christ, que l’on y conserve avec soin, & qui

y attire en tout tems un grand concours de peuple ; l’original de cette image est à Rome ; celle-ci n’est qu’une copie, qui fut envoyée aux religieuses en 1249, par Urbain IV, qui n’étoit alors qu’archidiacre de Laon, & chapelain d’Innocent IV. Au bas du cadre où cette image est enchâssée, on voit une inscription, qui dans ces derniers tems, a donné de l’exercice à nos érudits, & a fait voir combien ils doivent se défier de leurs conjectures ingénieuses. Le P. Mabillon avoua cependant que les caracteres lui étoient inconnus ; mais le P. Hardouin y découvrit un vers grec héxametre, & publia pour preuve une savante dissertation, qui eût entraîné tous les suffrages, sans un carme déchaussé, appellé le P. Honoré de sainte Catherine, lequel dit naturellement que l’inscription n’étoit point en grec, mais en sclavon. On méprisa le bon homme, son ignorance, & celle des Moscovites, de l’autorité desquels il s’appuyoit. Le Czar vint à Paris avec le prince Kourakin, & les princes Narisquin : on leur demanda par pure curiosité, s’ils connoissoient la langue de l’inscription ; ils répondirent tous, que l’inscription portoit en caracteres sclavons, les trois mots obras gospoden naoubrons, qui signifient en latin, imago Domini in limen, « l’image de notre Seigneur est ici encadrée ». On fut bien surpris de voir que le bon carme avoit eu raison contre tous les Savans du royaume, & on finit par se moquer d’eux.

Charles I. duc de Lorraine, fils de Louis d’Outremer, naquit à Laon en 953. On sait que Hugues Capet trouva le secret de se faire nommer à sa place roi de France en 987. Charles tenta vainement de soutenir son droit par les armes ; il y réussit si mal, qu’il fut arrêté, pris, & enfermé dans une étroite prison à Orléans, où il finit sa carriere trois ans après, c’est-à dire en 994. (D. J.)

LAONNOIS, (Géog.) petit pays de France en Picardie : il est borné au Nord par la Thiérache, au Levant par la Champagne, au Couchant & au Midi par le Soissonnois. La capitale de ce petit pays est Laon. Les autres lieux principaux sont Corbigny, Liesse, Coussi, Follenbray, Novion le Vineux. Ce dernier endroit n’est aujourd’hui qu’un village, dont les habitans doivent à leur seigneur une espece de taille de plusieurs muids de vin par an. Il intervint arrêt du parlement de Paris en 1505, confirmatif d’une sentence qui déboute les habitans de Novion-le-Vineux de leur demande, à ce que cette rente annuelle de vin fût fixée en argent. La fin de cet arrêt qui est en latin, mérite d’être remarquée : « Sauf toutefois à l’intimé, de faire aux appellans telle grace qu’il avisera bon être, à cause de la misere & calamité du tems ». Cette clause, qui sembleroit de nos jours inutile & ridicule, étoit alors sans doute de quelque poids, pour insinuer à un homme de qualité des considérations d’équité que le parlement n’osoit prescrire lui-même. (D. J.)

LAOR (bois de), Hist. nat. espece de bois des Indes, d’un goût fort amer, & à qui on attribue un grand nombre de propriétés médicinales qui n’ont point été suffisamment constatées.

LAOSYNACTE, s. m. (Hist. ecclés.) officier dans l’Eglise greque, dont la charge étoit de convoquer & d’assembler le peuple, ainsi que les diacres dans les occasions nécessaires. Ce mot vient de λαὸς, peuple, & συνάγω, j’assemble. (D. J.)

LAPER, v. n. (Gram.) il se dit de la maniere dont les animaux quadrupedes de la nature des chiens, des loups, des renards, &c. boivent l’eau ou mangent les choses fluides.

LAPEREAU, s. m. (Gram.) petit du lapin. Voyez Lapin.

LAPHISTIEN, Laphistius, (Littérat.) surnom de Jupiter, tiré du temple qu’on bâtit en son honneur