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tiroient qu’une légere teinture rouge ; ce qui fait voir que la laque n’est pas fort résineuse, & n’abonde pas en soufre ; que d’ailleurs une liqueur un peu acide, comme l’eau alumineuse, en tiroit une teinture plus forte, quoiqu’elle n’en fît qu’une dissolution fort légere, & que l’huile de tartre y faisoit assez d’effet ; ce qui marque qu’elle a quelque partie saline, & qu’elle est imparfaitement gommeuse, & que par conséquent c’est un mixte moyen entre la gomme & la résine. Il est à remarquer que les liqueurs acides foibles tiroient quelque teinture de la laque, & que les fortes, comme l’esprit-de nitro & de vitriol, n’en tiroient aucune. Cependant la laque, qui ne leur donnoit point de couleur, y perdoit en partie la sienne, & devenoit d’un jaune pâle. La Physique est trop compliquée pour nous permettre de prévoir sûrement aucun effet par le raisonnement. Hist. de l’Acad. Royale, en 1710, pag. 58. 60.

Laque fine. La laque ou lacque est une gomme résineuse, qui a donné son nom à plusieurs especes de pâtes seches, qu’on emploie également en huile & en miniature. Celle qu’on appelle laque fine de Venise est faite avec de la cochenille mesteque, qui reste après qu’on a tiré le premier carmin : on la prépare fort bien à Paris, & l’on n’a pas besoin de la faire venir de Venise : on la forme en petits throchisques rendus friables de couleur rouge foncé.

Il y a de trois sortes de laque ; la laque fine, l’émeril de Venise ; la laque plate ou colombine, & la laque liquide. La laque fine a conservé son nom de Venise, d’où elle fut d’abord apportée en France ; mais on la fait aussi bien à Paris ; nous n’avons pas besoin d’y recourir. Elle est composée d’os de seche pulvérisés, que l’on colore avec une teinture de cochenille mesteque, de bois de Brésil de Fernambouc, bouillis dans une lessive d’alun d’Angleterre calciné, d’arsenic, de natrum ou soude blanche, ou soude d’Alicante, que l’on réduit ensuite en pâte dans une forme de throchisque ; si on souhaite qu’elle soit plus brune, on y ajoûte de l’huile de tartre : pour être bonne il faut qu’elle soit tendre & friable, & en petits throchisques. Dictionn. de Commerce.

Laque commune. La laque colombine ou plate est faite avec les tondures de l’écarlate bouillie dans une lessive de soude blanche, avec de la craie & de l’alun ; on forme cette pâte ou tablette, & on la fait sécher ; on la prépare mieux à Venise qu’ailleurs ; elle doit être nette, ou le moins graveleuse qu’il se pourra, haute en couleur. Lemery.

La laque plate ou colombine est faite de teinture d’écarlate bouillie dans la même lessive dont on se sert pour la laque de Venise, & que l’on jette après l’avoir passée, sur de la craie blanche & de l’alun d’Angleterre en poudre, pourri, pour en former ensuite des tablettes quarrées, de l’épaisseur du doigt. Cette espece de laque vaut mieux de Venise que de Paris & de Hollande, à cause que le blanc dont les Vénitiens se servent, est plus propre à recevoir ou à conserver la vivacité de la couleur.

La laque liquide n’est autre chose qu’une teinture de bois de Fernambouc qu’on tire par le moyen des acides.

On appelle aussi laque, mais assez improprement, certaines substances colorées, dont se servent les enlumineurs, & que l’on tire des fleurs par le moyen de l’eau-de-vie, &c. Dict. du com.

Gomme laqueuse. La gomme laque découle des arbres qui sont dans le pays de Siam, Cambodia, & Pegu.

LAQUEARIUS, s. m. (Hist. anc.) espece d’athlete chez les anciens. Il tenoit d’une main un filet ou un piege dans lequel il tâchoit d’embarrasser

ou d’entortiller son antagoniste, & dans l’autre main un poignard pour le tuer. Voyez Athlete. Le mot dérive du latin laqueus, filet, corde nouée. Laque. Voyez Lacque.

LAQUEDIVES, (Géog.) cet amas prodigieux de petites îles connues sous le nom de Maldives & de Laquedives, s’étend sur plus de 200 lieues de longueur nord & sud ; plus de 50 ou 60 lieues en deçà de Malabar & du cap Comorin ; on en a distribué la position sur presque toutes nos cartes géographiques, confusément & au hasard. (D. J.)

LAQUIA, (Géogr.) grande riviere de l’Inde, au-delà du Gange. Elle sort du lac de Chiamai, coule au royaume d’Acham ou Azem, le traverse d’orient en occident, passe ensuite au royaume de Bengale, se divise en trois branches qui forment deux îles, dans l’une desquelles est située la ville de Daca sur le Gange, & c’est là que se perd cette riviere. (D. J.)

LAR, (Géogr.) ville de Perse, capitale d’un royaume particulier qu’on nommoit Laristan ; elle faisoit le lieu de la résidence du roi, lorsque les Guebres, adorateurs du feu, étoient maîtres de ce pays-là. Le grand Schach Abas leur ôta cette ville, & maintenant il y a un kham qui y réside, & commande à toute la province que l’on nomme Ghermés, & qui s’étend jusqu’aux portes de Gommeron. Lar en est situé à quatre journées, à mi-chemin de Schiras à Mina, sur un rocher, dans un terroir couvert de palmiers, d’orangers, de citroniers, & de tamarisques ; elle est sans murailles, & n’a rien qui mérite d’être vû, que la maison du khan, la place, les bazars, & le chàteau ; cependant Thevenot, Gemelli Careri, Lebrun, Tavernier, & Chardin, ont tous décrit cette petite ville. Les uns ortographient Laar, d’autres Laer, d’autres Lar, & d’autres Lara. Corneille en fait trois articles, aux mots Laar, Lar, & Lara. La Martiniere en parle deux fois sous le mot Laar & Lar ; mais le second article contient des détails qui ne sont pas dans le premier. Long. de cette ville 72. 20. lat. 27. 17. (D. J.)

LAKA, (Géog.) ville d’Espagne, dans la Castille vieille, sur la riviere d’Arianza.

LARACHE, (Géogr.) ancienne & forte ville d’Afrique, au royaume de Fez, à l’embouchure de la riviere de même nom, nommée Lusso par quelques voyageurs, avec un bon port. Muley Xec, gouverneur de la place, la livra aux Espagnols en 1610 ; mais les Maures l’ont reprise. Larache est un mot corrompu de l’Arays-Beni Aroz, qui est le nom que les habitans lui donnent. Grammaye s’est follement persuadé que la ville de Larache est le jardin des hespérides des anciens ; & Sanut prétend que c’est le palais d’Antée, & le lieu où Hercule lutta contre ce géant ; mais c’est vraissemblablement la Lixa de Ptolomée, & le Lixos de Pline. Voyez Lixa (D. J.)

LARAIRE, s. m. lararium, (Littér.) espece d’oratoire ou de chapelle domestique, destinée chez les anciens Romains, au culte des dieux lares de la famille ou de la maison ; car chaque maison, chaque famille, chaque individu avoit ses dieux lares particuliers, suivant sa dévotion ou son inclination ; ceux de Marc-Aurele étoient les grands hommes qui avoient été ses maîtres. Il leur portoit tant de respect & de vénération, dit Lampride, qu’il n’avoit que leurs statues d’or dans son laraire, & qu’il se rendoit même souvent à leurs tombeaux, pour les honorer encore, en leur offrant des fleurs & des sacrifices. Ces sentimens sans doute devoient se trouver dans le prince sous le regne duquel on vit l’accomplissement de la maxime de Platon, « que le monde seroit heureux si les philosophes étoient rois, ou si les rois étoient philosophes. » (D. J.)