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légeres & argentines, on ne pourra s’empécher de le regarder pour un des plus beaux lacs de l’Europe, & de dire à sa gloire, avec le premier poëte de nos jours.

Que le chantre flateur du tyran des Romains,
L’auteur harmonieux des douces Géorgiques,
Ne vante plus ses lacs & leurs bords magnifiques,
Ces lacs que la nature a creusés de ses mains
Dans les campagnes italiques,
Le lac Léman est le premier . . . . .
. . . . . . . C’est sur ces bords heureux,
Qu’habite des humains la déesse éternelle,
L’ame des grands travaux, l’objet des nobles vœux,
Que tout mortel embrasse, ou desire ou rappelle,
Qui vit dans tous les cœurs, & dont le nom sacré
Dans les cours des tyrans est tout bas adoré,
La liberté ! . . . . .

(D. J.)

LEMANA ou LEMANUS, (Géog anc.) riviere d’Angleterre ; c’est la Lyme, d’où prend son nom le port de Lyme, nommé par Antonin Lemanis portus, à 16 milles pas romains de Durovernum, qui est Cantorbery ; c’est encore de-là que tire son nom Lymchille, montagne voisine.

LEMANNONIUS sinus, (Géog. anc.) dans Ptolomée, liv. II. ch. iij, golfe de l’isle d’Albion, ou ce qui est la même chose de la grande Bretagne. C’est vraissemblablement la Logh-Tyn, partie du golfe de la Clyd en Ecosse.

LEMBAIRE, s. m. (Art. milit. antiq.) lembarius dans Vopiscus ; cet auteur donne le nom de lembaires aux soldats qui sous le regne d’Aurelien combattoient dans des bateaux qu’on armoit sur les rivieres. Voyez à ce sujet les notes de Saumaise, pag. 381. ad hist. August. script.

LEMBERG, (Géog.) ou Lembourg par les Allemands, Luvow par les Polonois, en latin Leopolis, & en françois Léopol, est une ville de Pologne dans la petite Russie au palatinat de Lemberg, dont elle est la capitale. Voyez Léopol.

LEMBRO, (Géog.) isle de l’Archipel sur la côte orientale de la presqu’isle de Romanie ; elle est d’environ 27 milles de circuit, avec un bourg de même nom, & un port. Elle est entre l’isle de Lamadrachi & celle de Ténédos. Voyez la carte de la méditerranée par Berthelot. Lembro est nommée par les anciens Imbros. Long. 43. 35. lat. 40. 25.

LEMGOW, (Géog.) Lemgovia, petite ville d’Allemagne en Westphalie sur la riviere de Bège, au comté de la Lippe. Elle étoit autrefois impériale, mais présentement elle appartient au comté de la Lippe. Elle est à 4 milles S. O. de Minden. Longit. 26. 30. lat. 52. 8.

Kœmpfer (Engelbert), docteur en Médecine, naquit à Lemgow en 1651, & mourut en 1716. Il voyagea pendant dix ans dans les Indes orientales, à Siam & au Japon, & nous a donné l’histoire naturelle & civile, la plus vraie & la plus intéressante que nous ayons de ce dernier pays ; il l’avoit écrite en allemand, mais elle parut en françois en 1729 en 2 vol. in-folio, d’après la version angloise de Scheuchzer ; ses aménités exotiques, écrites en latin, sont pleines de choses curieuses, & mériteroient d’être traduites dans notre langue. (D. J.)

LEMMA, s. f. (Botan.) plante aquatique traçante, qui ne vient que dans les eaux douces, mais avec le même succès sous toutes sortes de climats différens, chauds, froids, ou tempérés. La plûpart des Botanistes la nomment lemma ou lens lenticularis, quadrifolia, parce que ses feuilles sont au nombre de quatre, soutenues sur une même queue, ses racines ne sont que de petits filets garnis de fibrilles.

Cette plante porte des coques ovoïdes, qui ne sont pas simplement ses fruits, mais qui renferment aussi

les fleurs. Chaque loge de la coque contient une fleur hermaphrodite, composée de quantité de petites étamines, qui répandent des grains sphériques de poussiere jaune, & de pistils ovoïdes posés de suite sur le même placenta.

On ne connoît qu’une espece de lemma, représentée & décrite plus scrupuleusement par M. de Jussieu, dans les Mém. de l’acad. des Scienc. ann. 1740. Cependant elle est d’assez peu d’importance, car elle n’a ni qualités, ni vertus en Medecine, ni d’usages à aucun égard. (D. J.)

LEMME, s. m. en Mathématique, est une proposition préliminaire qu’on démontre pour préparer à une démonstration suivante, & qu’on place avant les théorèmes pour rendre la démonstration moins embarrassée, ou avant les problèmes, afin que la solution en devienne plus courte & plus aisée. Ainsi, lorsqu’il s’agit de prouver qu’une pyramide est le tiers d’un prisme ou d’un parallélépipede de même base & de même hauteur ; comme la démonstration ordinaire en est difficile, on peut commencer par ce lemme qui se prouve par la théorie des progressions ; savoir, que la somme de la suite des quarrés naturels 0, 1, 4, 9, 16, 25, 36, &c. est toujours le tiers du produit du dernier terme par le nombre des termes.

Ainsi un lemme est une proposition préparatoire, pour en prouver une autre qui appartient directement à la matiere qu’on traite ; car ce qui caractérise le lemme, c’est que la proposition qu’on y démontre n’a pas un rapport immédiat & direct au sujet qu’on traite actuellement ; par exemple, si pour démontrer une proposition de Méchanique, on a besoin d’une proposition de Géométrie qui ne soit pas assez connue pour qu’on la suppose, alors on met cette proposition de Géométrie en lemme, au-devant du théorème de Méchanique qu’on vouloit prouver. De même, si dans un traité de Géométrie on étoit arrivé à la théorie des solides, & que pour démontrer quelque proposition de cette théorie, on eût besoin d’une proposition particuliere sur quelque propriété des lignes ou des surfaces qui n’eût pas été démontrée auparavant, on mettroit cette proposition en lemme avant celle qu’on auroit à démontrer. (O)

LEMNISCATE, s. f. (Géoomét.) nom que les Géometres ont donné à une courbe qui a la forme d’un 8 de chiffre. Voyez fig. 41. de l’analyse.

Si on nomme A P, x, & PM = y, & qu’on prenne une ligne constante BC = a, la courbe qui aura pour équation , sera une lemniscate. Cette courbe sera du quatrieme degré, comme on le voit aisément en faisant évanouir le radical. Car on aura  ; & d’ailleurs il est facile de voir que toute lemniscate est nécessairement du quatrieme degré au-moins, puisqu’une ligne droite qui passeroit par le point double A, couperoit cette courbe en quatre points, le point double étant censé équivalent à deux points. Voyez Courbe ; voyez aussi Point double.

Il est facile de voir que la lemniscate est quarrable ; car son élément est , dont l’intégrale est . Voy. Intégral & Quadrature. Il peut y avoir plusieurs autres courbes en 8 de chiffre. Voyez, par exemple, Ellipse de M. Cassini : mais celle dont nous venons de parler est la plus simple. (O)

LEMNISCEROS, s. m. (Géom.) quelques géometres ont donné ce nom à une courbe ou portion de courbe, dont on voit la figure, Pl. d’analyse, fig. 12, n° 2. d’autres l’ont appellé nœud ou las d’amour. (O)

LEMNISQUE, s. m. (Littérat.) en grec λεμνεσκὸς,