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ouverture ou puits, que l’on n’ouvre qu’une seule fois dans l’année avec beaucoup de cérémonies. Les habitans font commerce de ces terres, & on les contrefait assez souvent. Peut-être il y a lieu de croire que ceux qui en font usage ne s’en trouvent point plus mal. Voyez Sigillées (Terres). (—)

LEMOVICES, ou LIMOVICÉ, (Géog. anc.) ancien peuple de la Gaule aquitanique ; c’est aujourd’hui le Limousin, ou ce qui revient au même, les diocèses de Limoges & de Tulles ; ce dernier n’étant qu’un démembrement de l’autre. César en parle dans ses commentaires, de bello gallico, lib. VII. cap. lxxv. & il semble résulter de ce chapitre, qu’il y avoit deux peuples nommés Lemovices ; savoir les anciens habitans du Limosin, & un autre ancien peuple de la Gaule, vers la côte de Bretagne.

LEMOVII, (Géog. anc.) ancien peuple de la Germanie, que Tacite, de morib. Germ. cap. xxviij. associe aux Rugiens. L’ile de Rugen décide du lieu où étoient les Rugiens, dont elle conserve le nom ; mais il est difficile de découvrir les Lemovii. Cluvier conjecture que c’est le même peuple qui a été ensuite appellé les Hérules. (D. J.)

LEMPE, s. f. (Commerce.) sorte de perle qui se pêche dans quelques îles du Brésil.

LEMPSTER, ou LIMSTER, (Géog.) petite ville à marché d’Angleterre en Herdsfordshire, avec titre de baronie : elle députe au parlement, & se distingue par son froment & par ses laines. Sa situation est près de la riviere de Lug, à 71 milles N. O. de Londres. Long. 14. 45. lat. 52. 16. (D. J.)

LEMURES, s. m. (Hist. anc.) c’étoient dans le système des payens des génies malfaisans, ou les ames des morts inquiets qui revenoient tourmenter les vivans. On institua à Rome les Lemuries ou Lemorales, pour appaiser les Lemures ou pour les chasser. On croyoit que le meilleur moyen de les écarter des maisons étoit de leur jetter des féves ou d’en brûler, parce que la fumée de ce légume rôti leur étoit insupportable. Apulée dit que dans l’ancienne langue latine, lemure signifioit l’ame de l’homme séparée du corps après sa mort ; ceux qui étoient bienfaisans à leur famille, ajoute-t-il, étoient appellés Lares familiares ; mais ceux qui pour les crimes qu’ils avoient commis pendant leur vie, étoient condamnés à errer continuellement sans trouver de repos, à épouvanter les bons & à faire du mal aux méchans, on les appelloit Larres ou Lemures.

Un commentateur d’Horace prétend que les Romains ont dit Lemures, pour Remures, & que ce dernier mot est formé du nom de Remus, qui fut tué par son frere Romulus, & dont l’ombre ou le spectre revenoit sur la terre pour tourmenter ce dernier. Mais on a déja vu que ce sentiment est contredit par Apulée, dont l’étymologie du mot Lemures est plus simple & plus vraissemblable. Voyez le Dictionnaire de Trévoux.

LEMURIES, LEMURALIES, s. f. pl. (Hist. anc.) fête qu’on célébroit autrefois à Rome le 9 de Mai, pour appaiser les mânes des morts, ou en l’honneur des Lémures. Voyez Lémure.

On attribue l’institution de cette fête à Romulus, qui pour se délivrer du fantôme de son frere Remus, qu’il avoit fait tuer, lequel se présentoit sans cesse à lui, ordonna une fête, qui du nom de Remus, s’appella Remuria, & ensuite Lémurie.

Dans les lémuries on offroit des sacrifices pendant trois nuits consécutives ; durant ce tems tous les temples des dieux étoient fermés, & on ne permettoit point les mariages. Il y avoit dans cette fête quantité de cérémonies, dont l’objet principal étoit d’exorciser les lémures, de prévenir leurs apparitions & les troubles qu’elles auroient pû causer aux vivans. Celui qui sacrifioit étoit nuds piés, & faisoit

un signe ayant les doigts de la main joints au pouce, s’imaginant par-là empêcher que les lemures n’approchassent de lui. Ensuite il se lavoit les mains dans de l’eau de fontaine ; & prenant des feves noires, il les mettoit dans sa bouche, puis les jettoit derriere lui en proférant ces paroles : Je me délivre par ces feves moi & les miens ; conjuration qui étoit accompagnée d’un charivari de poëles & de vaisseaux d’airain, & de prieres aux lutins de se retirer & de laisser les vivans en paix.

LENA, (Géog.) grand fleuve de la Sibérie, qui reçoit un grand nombre de rivieres considérables ; & après avoir arrosé une étendue immense de pays, va se jetter dans la mer glaciale, à environ 120 lieues de la ville de Jakusk.

LENCICI ou LANZCHITZ, LANDCHUTZ, & par Delisle, LENCICZA, (Géog.) en latin moderne, Lencicia, ville de Pologne, capitale du palatinat de même nom, avec une forteresse sur un rocher. La noblesse de la province y tient sa diete. Elle est dans un marais, au bord de la riviere de Bsura, à 20 lieues S. E. de Gnesne, 32 O. de Warsovie, 55 N. O. de Cracovie. Long. 37. lat. 52. 12.

LÉNÉEN, lenæus, (Littérat.) surnom ordinaire de Bacchus, du mot grec ληνὸς, qui signifie un pressoir, ou plûtôt la table d’un pressoir : de-là Bacchus a été nommé lénéen, c’est-à-dire, le dieu qui préside à la vendange. Mais Horace le désigne plus noblement, cingentem viridi tempora pampino, le dieu couronné de pampre verd. Les bacchantes furent semblablement nommées leneæ, lénéennes ; les fêtes de Bacchus, lenæa, lénées ; & le mois dans lequel on les célébroit, lenæon. Nous expliquerons tous ces mots.

LENÉES ou LÉNÉENNES, s. f. pl. (Littérat.) en latin lenæa, en grec λήναια ; fêtes qu’on célébroit tous les ans dans l’Attique en l’honneur de Bacchus, dans le cours du mois lénéon, en automne. Outre les cérémonies d’usage aux autres fêtes de ce dieu, celles-ci étoient remarquables, en ce que les poëtes y disputoient des prix, tant par des pieces composées pour faire rire, que par le combat de tétralogie, c’est-à-dire de quatre pieces dramatiques : delà vient que dans les lénees on lui chantoit : « Bacchus, nous solemnisons vos fêtes, en vous présentant les dons des muses en nos vers éoliens ; vous en avez la premiere fleur, car nous n’employons point des chansons usées, mais des hymnes nouveaux & qui n’ont jamais été entendus ».

LÉNÉON, lenæon, (Littérat.) en grec λήναιος, mois des anciens Ioniens, dans lequel on célébroit les fêtes des Bacchus en Grece. Quelques savans croyent que ce mois répondoit au posidéon des Athéniens ; d’autres le font répondre à leur mois anthœsterion : aussi, selon les uns, ce mois se rapporte à notre mois de Septembre, & selon d’autres, à notre mois d’Octobre : tout cela me prouve que dans les traductions il faut conserver les noms grecs sur des choses de cette nature, sauf à faire les explications qu’on avisera bon être dans des notes particulieres. (D. J.)

LÉNITIF, Électuaire, adj. (Pharmac. & Mat. medic.) D’après la pharmacopée de Paris, prenez orge entier, racine seche de polypode de chêne concassée, & raisins secs mondés de leurs pepins, de chacun deux onces ; jujubes, sebestes & prunes de damas noir, de chacun vingt ; tamarins deux onces ; feuilles récentes de scolopendre une once & demie, de mercuriale quatre onces, fleurs de violettes récentes cinq onces, ou à leur place semence de violettes une once, réglisse rapée ou concassée une once. Faites la décoction de ces drogues dans suffisante quantité d’eau commune, pour qu’il vous reste cinq livres de liqueur, dans laquelle vous fe-