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sujet traité pendant un certain tems ; ou si un livre est écrit dans une vûe particuliere, on peut dire de lui qu’il est complet, s’il contient justement ce qui est nécessaire pour atteindre à son but. Au contraire, on appelle incomplets, les livres qui manquent de cet arrangement. Voyez Wolf. Log. parag. 815. pag. 818. 20. & 25. &c.

On peut encore donner une division des livres, d’après la matiere dont ils sont composés, & les distinguer en

Livres en papier qui sont écrits sur du papier fait de toile ou de coton, ou sur le papyrus des Egyptiens ; mais il en reste peu d’écrits de cette derniere maniere. Voyez Montfaucon, Paleograph. græc. lib. I. c. ij. pag. 14. Voyez aussi Papier.

Livres en parchemin, libri in membranâ, ou membranæ, qui sont écrits sur des peaux d’animaux, & principalement de moutons. Voyez Parchemin.

Livres en toile, libri lintei, qui chez les Romains étoient écrits sur des blocs ou des tables couvertes d’une toile. Tels étoient les livres des sibylles, & plusieurs lois, les lettres des princes, les traités, les annales. Voyez Plin. hist. natur. lib. XIII. cap. xij. Dempster, ad Rom. lib. III. ch. xxiv. Lomeier, de bibl. cap. vj. pag. 166.

Livres en cuir, libri in corio, dont fait mention Ulpien, lit. 52. ff. de leg. 3. Guilandus prétend que ce sont les mêmes que ceux qui étoient écrits sur de l’écorce, différente de celle dont on se servoit ordinairement, & qui étoit de tilleul. Scaliger pense plus probablement que ces livres étoient composés de feuilles faites d’une certaine peau, ou de certaines parties des peaux de bêtes, différentes de celles dont on se servoit ordinairement, & qui étoient les peaux ou les parties de la peau du dos des moutons. Guiland. papir. membr. 3. n. 5. Salmuth. ad Pancirol. p. II. tit. XIII. pag. 252. Scaliger. ad Guiland p. 17. Pitisc. L. Ant. tom. II. pag. 84. voc. libri.

Livres en bois, tablettes, libri in schedis : ces livres étoient écrits sur des planches de bois ou des tabletes polies avec le rabot, & ils étoient en usage chez les Romains. Voyez Pitisc. loco citato.

Livres en cire, libri in ceris, dont parle Pline : les auteurs ne sont pas d’accord sur la maniere dont étoient faits ces livres. Hermol. Barbaro croit que ces mots in ceris sont corrompus, & qu’il faut lire in schedis, & il se fonde sur l’autorité d’un ancien manuscrit. D’autres rejettent cette correction, & se fondent sur ce qu’on sait que les Romains couvroient quelquefois leurs planches ou schedæ, d’une legere couche de cire, afin de faire plus aisément des ratures ou des corrections, avantage que n’avoient point les livres in schedis, & conséquemment ceux-ci étoient moins propres aux ouvrages qui demandoient de l’élégance & du soin, que les livres en cire, qui sont aussi appellés libri ceræ, ou cerei. Voyez Pitisc. ubi suprà.

Livres en ivoire, libri elephantini ; ces livres, selon Turnebe, étoient écrits sur des bandes ou des feuilles d’ivoire. Voyez Salmuth, ad Pancirol. p. II. tit. xiij. pag. 255. Guiland. papyr. membr. 2°. n°. 48. selon Scaliger, ad Guiland. pag. 16. ces livres étoient faits d’intestins d’éléphans. Selon d’autres, c’étoient les livres dans lesquels étoient inscrits les actes du sénat, que les empereurs faisoient conserver. Selon d’autres, c’étoient certaines collections volumineuses en 35 volumes qui contenoient les noms de tous les citoyens des trente-cinq tribus romaines. Fabricius, descript. urb. c. vj. Donat, de urb. rom. lib. II. c. xxiij. Pitisch. L. Ant. loc. cit. pag. 84. & suiv.

Par rapport à leur manufacture, ou au commerce qu’on en fait, on peut distinguer les livres en

Manuscrits qui sont écrits soit de la main de l’auteur, & on les appelle autographes, soit de celle des

bibliotécaires & des copistes. Voyez Manuscrits, Bibliotécaire.

Imprimés, qui sont travaillés sous une presse d’imprimeur & avec des caracteres d’imprimerie. Voyez Imprimerie.

Livres en blanc, qui ne sont ni liés ni cousus : livres in-folio, dans lesquels une feuille n’est pliée qu’une fois, & forme deux feuilles ou quatre pages ; in-quarto, où le feuillet fait quatre feuilles ; in-octavo, où il en fait huit ; in-douze, où il en fait douze ; in seize, où il en fait seize, & in-24. où il en fait vingt-quatre.

Par rapport aux circonstances ou aux accidens des livres, on peut les diviser en

Livres perdus, qui sont ceux qui ont péri par l’injure du tems, ou par la malice & par le faux zele des hommes. Tels sont plusieurs livres, même de l’Ecriture, qui avoient été composés par Salomon, & d’autres livres des Prophetes. Voyez Fabric. cod. pseudepig. veter. testam. tom. II. pag. 171. Joseph. Hypotim. liv. V. c. cxx. apud Fabric. lib. cit. p. 247.

Livres promis, ceux que des auteurs ont fait attendre, & n’ont jamais donné au public. Janson ab almeloveen a donné un catalogue des livres promis, mais qui n’ont jamais paru. Voyez Struv. introd. ad notit. rei litter. c. viij. part. XXI. p. 754.

Livres imaginaires, ce sont ceux qui n’ont jamais existé : tel est le livre de tribus impostoribus, dont quelques-uns ont fait tant de bruit, & que d’autres ont supposé existant, auxquels on peut ajouter divers titres de livres imaginaires, dont il est parlé dans M. Baillet & dans d’autres auteurs. Loescher a publié un grand nombre de plans ou de projets de livres, dont plusieurs pourroient être utiles & bien faits, s’ils étoient exécutés d’après ces plans, s’il est possible de faire quelque chose de bien d’après les idées d’un autre, ce qu’on n’a pas encore vû. Voyez Pasch. de var. mod. moral. trad. c. iij. pag. 283. Baillet, des satyres personnelles, Loesch. arcan. litter. projets littéraires. Journal littér. tome I. p. 470.

Livres d’ana & d’anti. Voyez Ana & Anti.

Le but ou le dessein des livres sont différens, selon la nature des ouvrages : les uns sont faits pour montrer l’origine des choses ou pour exposer de nouvelles découvertes, d’autres pour fixer & établir quelque vérité, ou pour pousser une science à un plus haut degré ; d’autres pour dégager les esprits des idées fausses, & pour fixer plus précisément les idées des choses ; d’autres pour expliquer les noms & les mots dont se servent différentes nations ou qui étoient en usage en différens âges ou parmi différentes sectes ; d’autres ont pour but d’éclaircir, de constater la vérité des faits, des événemens, & d’y montrer les voies & les ordres de la providence ; d’autres n’embrassent que quelques-unes de ces parties, d’autres en réunissent la plûpart & quelquefois toutes. Voyez Loesch. de Caus. ling. hebr. in præfat.

Les usages des livres ne sont ni moins nombreux ni moins variés : c’est par eux que nous acquérons des connoissances : ils sont les dépositaires des lois, de la mémoire, des évenemens, des usages, mœurs, coutumes, &c. le véhicule de toutes les Sciences ; la religion même leur doit en partie son établissement & sa conservation. Sans eux, dit Bartholin, « Deus jam silet, Justitia quiescit, torpet Medicina, Philosophia manca est, litteræ mutæ, omnia tenebris involuta cimmeriis. » De lib. legend. dissert. I. p. 5.

Les éloges qu’on a donnés aux livres sont infinis : on les représente comme l’asyle de la vérité, qui souvent est bannie des conversations ; comme des conseillers toujours prêts à nous instruire chez nous & quand nous voulons, & toujours desintéressés. Ils suppléent au défaut des maîtres, & quelquefois au manque de génie ou d’invention, & élevent quel-