Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/788

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne se peut pas ; car il n’y avoit que ceux de la famille d’Aaron qui pussent être admis à la charge de souverains pontifes. Josephe est plus croyable dans cette rencontre ; il dit positivement, Antiq. liv. XII. c. vj. que Ménélaüs étoit frere d’Onias & de Jason, & fils de Simon II. qui avoit été souverain sacrificateur, & qu’il fut le troisieme de ses fils qui parvint à cette charge. Son premier nom étoit Onias, comme celui de son frere aîné ; mais entêté aussi bien que Jason, des manieres des Grecs ; il en prit un grec à son imitation, & se fit appeller Ménélaüs. Son pere & son frere aîné avoient été des hommes d’une grande vertu & d’une grande piété : mais il aima mieux suivre l’exemple de ce Jason que le leur ; car il l’imita dans sa fourberie, dans sa mauvaise vie, & dans son apostasie, & porta même toutes ces choses à de plus grands excès.

On remarque encore dans le second livre des Macchabées, chap. xj. V. xxj. des fautes d’un autre genre. Par exemple, ch. xj. v. xxj. il est parlé d’une lettre de Lysias datée du mois Dioscorinthius (dans la vulgate Dioscorus, l’an 148) ; mais ces deux mois ne se trouvent ni dans le calendrier syro-macédonien ni dans aucun autre de ces tems-là. Usserius & Scaliger conjecturent que c’étoit un mois intercalaire que l’on plaçoit entre les mois de Dystrus & de Xanthicus dans le calendrier des Chaldéens, comme on mettoit le mois de Véadar entre ceux d’Adar & de Nisan dans celui des Juifs. Mais comme il est constant que les Chaldéens, les Syriens, & les Macédoniens n’avoient pas l’usage des mois intercalaires, il vaut mieux dire que Dioscorinthius ou Dioscorus est une faute de copiste, faite peut-être au lieu du mot Dystrus, qui est le nom d’un mois qui précede celui de Xanthicus dans le calendrier syro-macédonien.

Enfin, il paroît que les deux premiers livres des Macchabées sont de différens auteurs ; car en se servant tous deux de l’ere des Séleucides dans leurs dates, le premier de ces deux livres fait commencer cette ere au printems, & l’autre à l’automne de la même année.

Quoiqu’il en soit, il y a dans les polyglottes de Paris & de Londres, des versions syriaques des deux premiers livres des Macchabées ; mais elles sont assez modernes, & toutes deux faites sur le grec, quoiqu’elles s’en écartent quelquefois.

Passons au troisieme livre des Macchabées. On sait que ce nom de Macchabées fut donné d’abord à Judas & à ses freres ; & c’est pourquoi le premier & le second livre qui portent ce nom, contiennent leur histoire. Comme ils avoient souffert pour la cause de la Religion, il arriva que dans la suite les Juifs appellerent insensiblement Macchabées, tous ceux qui souffroient pour la même cause, & rendoient par leurs souffrances témoignage à la vérité. C’est ce qui fait que Josephe écrivant dans un traité particulier l’histoire de ceux qui avoient souffert le martyre dans la persécution d’Antiochus Epiphanes, donne le titre de Macchabées à son livre. C’est par la même raison que cette histoire de la persécution de Ptolomée Philopator contre les Juifs d’Egypte, est appellée le troisieme livre des Macchabées, quoique ce dût être le premier ; parce que les événemens qui y sont racontés, sont antérieurs à ceux des deux livres des Macchabées, qu’on appelle le premier & le second, dont les héros n’existoient pas encore. Mais ce livre n’étant pas de même poids que les deux dont il s’agit, on l’a mis après eux par rapport à la dignité, quoiqu’il soit avant eux dans l’ordre des tems.

Il y a apparence qu’il a été écrit en grec par quelque juif d’Alexandrie, peu de tems après le fils de Sirach. Il est aussi en syriaque ; mais l’auteur de cette version n’entendoit pas bien le grec, car dans quel-

ques endroits il s’écarte du sens de l’original ; & il

est visible que c’est faute d’avoir entendu la langue greque. Il se trouve dans les plus anciens manuscrits des Septante, particulierement dans celui d’Alexandrie, qui est dans la bibliotheque du roi d’Angleterre à S. James, & dans celui du vatican à Rome, deux des plus anciens manuscrits de cette version qui soient au monde. Mais on ne l’a jamais mis dans la vulgate latine ; il n’y a pas un seul manuscrit qui l’ait. Je conviens que ce troisieme livre des Macchabées porte un habit de roman, avec des embellissemens & des additions qui sentent l’invention d’un juif. Cependant il est sûr que le fond de l’histoire est vrai, & qu’il y a eu réellement une persécution excitée par Philopator contre les Juifs d’Alexandrie, comme ce livre le dit. On a des relations d’autres persécutions aussi cruelles qu’ils ont eues à essuyer, dont personne ne doute. Voyez le livre de Philon contre Flaccus, & son histoire de l’ambassade auprès de Caligula.

Le premier ouvrage authentique qui fasse mention du troisieme livre des Macchabées, est la Chronique d’Eusebe, pag. 185. Il est aussi nommé avec les deux autres livres des Macchabées dans le 85e. canon apostolique, mais on ne sait pas quand ce canon a été ajoûté aux autres. Quelques manuscrits des bibles greques ont, outre ce troisieme livre des Macchabées, l’histoire des martyrs de Josephe sous le regne d’Anthiocus Epiphanes, sous le nom du quatrieme livre des Macchabées ; mais on n’en fait aucun cas, & on ne l’a mis dans aucune des bibles latines. (D. J.)

MACCHIA, (Peinture, Sculpture.) terme italien, qui signifie une premiere ébauche faite par un peintre, un sculpteur, pour un ouvrage qu’il projette d’exécuter ; où rien cependant n’est encore digéré, & qui paroît comme un ouvrage informe, comme un assemblage de taches irrégulieres à ceux qui n’ont aucune connoissance des arts. Ce sont de legeres esquisses, dans lesquelles l’artiste se livre au feu de son imagination, & se contente de quelques coups de crayon, de plume, de ciseau, pour marquer ses intentions, l’ordre & le caractere qu’il veut donner à son dessein. Ces esquisses que nous nommons en françois premieres pensées, lorsqu’elles partent du génie des grands maîtres, sont précieuses aux yeux d’un connoisseur, parce qu’elles contiennent ordinairement une franchise, une liberté, un feu, une hardiesse, enfin un certain caractere qu’on ne trouve point dans des desseins plus finis. (D. J.)

MACCLESFIELD, (Géog.) petite ville à marché d’Angleterre, avec titre de comté, en Cheshire, à 40 lieues N. O. de Londres. (D. J.)

MACCURÆ, (Géog. anc.) peuples de la Mauritanie Césarienne, suivant Ptolomée, liv. IV. c. ij. qui les place au pié des monts Garaphi. (D. J.)

MACÉDOINE, Empire de (Hist. anc.) Ce n’est point ici le lieu de suivre les révolutions de cet empire ; je dirai seulement que cette monarchie sous Alexandre, s’étendoit dans l’Europe, l’Asie, & l’Afrique. Il conquit en Europe la Grece, la partie de l’Illyrie où étoient les Thraces, les Triballiens & les Daces. Il soumit dans l’Asie, la presqu’île de l’Asie mineure, l’île de Chypre, l’Assyrie, une partie de l’Arabie, & l’empire des Perses qui comprenoit la Médie, la Bactriane, la Perse proprement dite, &c. Il joignit encore à toutes ces conquêtes une partie de l’Inde en-deçà du Gange. Enfin, en Afrique il possédoit la Lybie & l’Egypte. Après sa mort, cette vaste monarchie fut divisée en plusieurs royaumes qui tomberent sous la puissance des Romains. Aujourd’hui cette prodigieuse étendue de pays renferme une grande partie de l’empire des Turcs, une partie de l’empire du Mogol, quelque chose de la