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grande Tartarie, & tout le royaume de la Perse moderne. (D. J.)

Macédoine, (Géog. anc. & mod.) royaume entre la Grece & l’ancienne Thrace. Tite-Live, liv. XL. c. iij. dit qu’on la nomma premierement Pœonie, à cause sans doute des peuples Pœons qui habitoient vers Rhodope ; elle fut ensuite appellée Æmathie, & enfin Macédoine, d’un certain Macedo, dont l’origine & l’histoire sont fort obscures.

Elle étoit bornée au midi par les montagnes de Thessalie, à l’orient par la Béotie & par la Pierie, au couchant par les Lyncestes, au septentrion par la Migdonie & par la Pélagonie : cependant ses limites n’ont pas toujours été les mêmes, & quelquefois la Macédoine est confondue avec la Thessalie.

C’étoit un royaume héréditaire, mais si peu considérable dans les commencemens, que ses premiers rois ne dédaignoient pas de vivre sous la protection tantôt d’Athènes & tantôt de Thèbes. Il y avoit eu neuf rois de Macédoine avant Philippe, qui prétendoient descendre d’Hercule par Caranus, & être originaires d’Argos ; ensorte que comme tels, ils étoient admis parmi les autres Grecs aux jeux olympiques.

Lorsque Philippe eut conquis une partie de la Thrace & de l’Illyrie, le royaume de Macédoine commença à devenir célebre dans l’histoire. Il s’étendit depuis la mer Adriatique jusqu’au fleuve Strymon, & pour dire plus, commanda dans la Grece ; enfin, il étoit réservé à Alexandre d’ajoûter à la Macédoine, non-seulement la Grece entiere, mais encore toute l’Asie, & une partie considérable de l’Afrique. Ainsi, par les mains de ce conquérant, s’éleva l’empire de Macédoine sous un tas immense de royaumes & de républiques grecques ; & le débris de leur gloire fit un nom singulier à des barbares qui avoient été long-tems tributaires des seuls Athéniens.

Aujourd’hui la Macédoine est une province de la Turquie européenne qui a des limites extrèmement étroites. Elle est bornée au septentrion par la Servie, & par la Bulgarie, à l’orient par la romanie proprement dite, & par l’Archipel, au midi par la Livadie, & à l’occident par l’Albanie.

Les Turcs appellent cette province Magdonia. Saloniki en est la capitale : c’étoit autrefois Pella où nâquirent Philippe & Alexandre.

Mais la Macédoine a eu l’avantage d’être un des pays où S. Paul annonça l’évangile en personne. Il y fonda les églises de Thessalonique & de Philippe, & eut la consolation de les voir florissantes & nombreuses. (D. J.)

MACÉDONIENS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) hérétiques du iv. siecle qui nioient la divinité du S. Esprit, & qui furent ainsi nommés de Macedonius leur chef.

Cet hérésiarque qui étoit d’abord du parti des Ariens, fut élu par leurs intrigues patriarche de Constantinople en 342 ; mais ses violences & quelques actions qui déplurent à l’empereur Constance, engagerent Eudoxe & Acace prélats de son parti, qu’il avoit d’ailleurs offensés, à le faire déposer dans un concile tenu à Constantinople en 359. Macedonius piqué de cet affront devint aussi chef de parti : car s’étant déclaré contre Eudoxe & les autres vrais ariens, il soutint toujours le fils semblable en substance ou même consubstantiel au pere selon quelques auteurs ; mais il continua de nier la divinité du S. Esprit comme les purs ariens, soutenant que ce n’étoit qu’une créature semblable aux anges, mais d’un rang plus élevé. Tous les évêques qui avoient été déposés avec lui au concile de Constantinople, embrasserent la même erreur ; & quelques catholiques mêmes y tomberent, c’est-à-dire que n’ayant

aucune erreur sur le fils, ils tenoient le Saint-Esprit pour une simple créature. Les Grecs les nommerent πνευματομαχοι, c’est-à-dire ennemis du Saint-Esprit. Cette hérésie fut condamnée dans le onzieme concile général tenu à Constantinople, l’an de J. C. 381. Théodoret, liv. II. c. vj. Socrat. liv. II. c. xlv. Sozom. liv. IV. c. xxvij. Fleury, Hist. eccles. tom. III. liv. XIV. n. 30.

MACÉDONIEN, adj. (Jurisprud.) ou senatus-consulte-macédonien, étoit un decret du senat, qui fut ainsi nommé du nom de Macédo fameux usurier à l’occasion duquel il fut rendu.

Ce particulier vint à Rome du tems de Vespasien ; & profitant du goût de débauche dans lequel étoit la jeunesse romaine, il prêtoit de l’argent aux fils de famille qui étoient sous la puissance paternelle, en leur faisant reconnoître le double de ce qu’il leur avoit prêté ; de sorte que quand ils devenoient usans de leurs droits, la plus grande partie de leur bien se trouvoit absorbée par les usures énormes de ce Macédo. C’est pourquoi l’empereur fit rendre ce senatus-consulte appellé macédonien, qui déclare toutes les obligations faites par les fils de familles nulles, même après la mort de leur pere.

La disposition du senatus-consulte macédonien se trouve rappellée dans les capitulaires de Charlemagne.

Elle est observée dans tous les pays de droit écrit du ressort du parlement de Paris ; mais elle n’a pas lieu dans les pays coutumiers : les défenses qui y ont été faites en divers tems de prêter aux enfans de famille, ne concernent que les mineurs, attendu que les enfans majeurs ne sont plus en la puissance de leurs pere, mere ni autres tuteurs ou curateurs. Voyez au digeste le titre ad senatus-consult. macédon. & le recueil de questions de M. Bretonnier, au mot fils de famille. (A)

MACELLA, ou MACALLA. (Géog. anc.) Tite-Live & Polybe placent cette ville dans la Sicile. Barri en fait une ville de la Calabre, & prétend que c’est aujourd’hui Strongili à trois milles de la mer. (D. J.)

MACELLUM, s. m. (Antiq. rom.) Le macellum de Rome n’étoit point une boucherie, mais un marché couvert situé prés de la boucherie, & où l’on vendoit non-seulement de la viande, mais aussi du poisson & autres victuailles. Térence nous la peint à merveille, quand il fait dire par Gnathon, dans l’Eunuque, act. II. scène iij.

Intereà loci ad macellum ubi advenimus,
Concurrunt læti mi obviam cupedinarii omnes,
Cetarii, lanii, coqui, fartores, piscatores, aucupes.

« Nous arrivons au marché : aussi-tôt viennent au-devant de moi, avec de grands témoignages de satisfaction, tous les confiseurs, les vendeurs de marée, les bouchers, les traiteurs, les rôtisseurs, les pêcheurs, les chasseurs, &c. »

On peut voir la forme du macellum, dans une médaille de Néron, au revers de laquelle, sous un édifice magnifique on lit : mac. Aug. c’est-à-dire, macellum Augusti.

Erizzo, dans ses dichiaraz. di medagl. ant. p. 117. est le premier qui ait publié cette médaille ; elle est de moyen bronze, & représente d’un côté la tête de Néron encore jeune, avec la légende Nero. Claud. Cæsar. Aug. Ger. P. M. Tr. P. Imp. P. P. Au revers un édifice orné d’un double rang de colonnes, & terminé par un dôme. Dans le milieu on voit une porte à laquelle on monte par quelques degrés qui forment un perron : en-dedans de cette porte est une statue de Néron de-bout ; la légende de ce revers est mac. Aug. dans le champ S. C. Erizzo a lû macellum Augusti, fondé sur un passage de Dion,