Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/114

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III

Et l'orage est prochain sur tous les horizons
Des gorges de Carnac aux sauvages gazons ;
Aux vieux troncs caverneux se montrant leurs blessures ;
Aux grands dolmens rangés dans la brume, tout droits ;
Aux flaques de sang vif qui fume par endroits,
Où, comme un assassin couvert d'éclaboussures,
Le soleil, au sortir du tragique plateau,
Jette derrière lui son criminel manteau.

Semblables à des bras tendus, pleins de colère,
Rétrécissant leur vol rapide et circulaire,
Des nuages armés de feux, très bas et noirs,
Accourent ; de partout la foudre furibonde
éclate et rebondit de seconde en seconde ;
Et la nuit violente ouvrant ses réservoirs,
Verse avec tous les bruits convulsifs des tempêtes
La terreur aux bergers et la folie aux bêtes.

Et comme un endormi flagellé tout à coup,
Hemrick sur l'étrier se releva debout,
Blafard, la droite haute, et le buste en arrière ;
Et tandis qu'emporté par son vieil étalon,
Il passait, l'oeil sanglant, à travers un vallon
Qu'étoilaient, sous le ciel fendu, des croix de pierre,