Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/188

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IV

Sur ma tête sifflaient de lugubres rafales ;
Et le gémissement surhumain de ce bois
Semblait l'appel perdu de millions de voix.
C'était le long sanglot des morts, par intervalles,
Qui de tous les confins passait dans ces rafales.
Un lac de sang luisait au milieu de ce bois,
Épanché d'un soleil aux ondes écarlates.
Et mes anciens désirs ruisselaient au dehors ;
Vers mon fantôme clair, avec leurs tristes dates,
Mes désirs ruisselaient et désertaient mon corps.


V

Et ce lac grandit, tel qu'une mer sans rivage ;
Et ce globe penché sur l'horizon semblait
Un cœur énorme au loin dardant son vif reflet.
C'était le vaste cœur des peuples d'âge en âge,
Saignant sur cette mer étrange et sans rivage.
Et ce qui s'écoulait de cet astre semblait
Le sang, le propre sang de l'humanité morte ;
Et nous voguions tous deux sur ce flot abhorré.
Mon image brillait plus distincte et plus forte
Et j'y sentais partout mon esprit aspiré.