Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/209

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Il a tout rejeté de la vie ; il est mort !
Eh bien ! Apprends l'amour ! Sous la dent qui te mord,
Regarde ruisseler tes pleurs expiatoires !
Vierge, tu souriais aux fièvres de l'amant ;
Fière de ta beauté, n'ayant pas d'autres gloires,
Tu ne savais répondre à l'ardeur d'un serment.
Mais femme, ta beauté de marbre encor s'est tue ;
Et tu ne sentais pas à tes pieds de statue
Retomber la prière et se fendre le cœur
De l'époux dont tu fus la cruelle pensée ;
Voilà que son image a vaincu ta torpeur,
Et qu'à son souvenir tu l'aimas, insensée ! »
Elle songe. En dormant Mâhall chante tout bas :

« Un lourd cauchemar, mon enfant, t'agite.
Ton berceau de chêne est un mauvais gîte.
— Depuis que mon âme a laissé mon corps,
Comme un vieux logis que le vent visite,
J'appartiens entière aux âmes des morts ;
Mon enfant, ton âme agite mon corps.
« Dans l'oeil des enfants lisent leurs nourrices.
Les morts ont aussi parfois leurs caprices. »

— Lorsque chante Mâhall on ne l'écoute pas.
Gemma songe. « Bonheur, plaisir, joie, espérance !
Quand l'angoisse nous tient et nous courbe impuissants,
Ces mots qu'on récusait sous leur vague apparence