Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/231

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Les derniers dieux sont morts, et morte est la prière.
Nous avons renié nos héros et leurs lois.
Nul espoir ne reluit devant nous ; et, derrière,
Ils ne renaîtront plus, les rêves d'autrefois !

Sur l'univers entier la mort ouvre son aile
Lugubre. Sous nos pas le sol dur sonne creux.
N'y cherchons plus le pain des jours aventureux.
Dans nos veines la sève est morte comme en elle.

Hommes ! Contemplons-nous dans toutes nos laideurs.
Ô rayons qui brilliez aux yeux clairs des ancêtres !
Nos yeux caves, chargés d'ennuis et de lourdeurs,
Se tournent hébétés des choses vers les êtres.

Spectre charmant, amour, qui consolais du ciel,
Amour, toi qu'ont chanté les aïeux incrédules,
Nul de nous ne t'a vu dans nos froids crépuscules.
Meurs, vieux spectre gonflé de mensonge et de fiel.

Notre oeil n'a plus de pleurs, plus de sang notre artère.
Nos rires ont bavé sur ton fatal flambeau.
Si jamais tu fis battre un cœur d'homme sur terre,
Amour, notre âme vide est ton affreux tombeau.

Le repentir est mort dans nos églises sourdes.
Après l'amour, est morte aussi la volupté.
Nul espoir devant nous ; au ciel, nulle clarté.
Rions affreusement dans les ténèbres lourdes.