Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/39

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Pourquoi cette rougeur si prompte qui redouble ?
Ces membres affaissés, ce muet embarras,
Pourquoi pleures-tu donc, si tu ne l'aimes pas ?
D'ailleurs, si tu dis vrai, si c'est moi qu'il adore,
Si c'est moi qu'aujourd'hui son désir cherche encore,
Moi, je ne l'aime pas ; et peut-être demain
Dans l'ombre sous la sienne aura frémi ta main.
Espère, ô Souré-Ha ! J'ai fait un autre rêve.
Ecoute ! Dans la pourpre, hier, près de la grève,
Au milieu de soldats, et leurs chefs à ses flancs,
A son poing fort les traits de quatre chevaux blancs,
Rhamsès passait, debout sur son char qui rayonne.
Dans un flot de poussière autour qui tourbillonne,
Son front mâle brillait sous la tiare d'or.
Son regard souverain, en un splendide essor,
Sur la ville en rumeur et sur son peuple immense,
S'abaissait plein d'orgueil, et pourtant de clémence ;
Il rencontra le mien ; ô mystère inconnu !
Dans l'éclair à mon cœur subitement venu,
Je blêmis, et clouée à ma place, passive,
Je crus que s'avançait dans la lumière vive
Quelque fils de Rhéa, quelque dieu tout puissant !
En moi ce souvenir est toujours renaissant.
Le cortège passa ; je l'admire sans cesse.
Depuis lors, Souré-Ha, je connais la tristesse.
Ah ! Le beau sort serait de réunir sur moi
La puissance et l'amour de Rhamsès, le grand roi ;
De régner sur celui qui règne sur la terre ;
De l'asservir lui-même ainsi qu'un tributaire ;