Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Molle ondulation de poses provocantes,
écrin épanoui de lèvres éloquentes,
Chaîne adorable où tout chaînon vaut un trésor.
Et tout autour fumaient les cassolettes d'or ;
Et les désirs flottaient dans l'air plein de spirales,
Aux chants voluptueux des harpes inégales ;
Et les voix des castrats au fond montaient en chœur.
Mais le roi sur son trône était un dieu sans cœur.
Confuses, près de lui, ses quatre favorites,
Ta-Hé, Thméa, la blonde aux mains toutes petites,
Rhamel aux bras ambrés, et Marphris aux grands yeux,
S'assirent. Puis, le reste en cercle harmonieux
Se groupa loin du maître à la morte pensée,
Chacune par le fouet de l'eunuque cassée.
Celui-ci de nouveau frappa trois coups. Alors
S'élancèrent au rythme où s'enfièvrent leurs corps
Des esclaves dansant au son de la cithare,
La molle ibérienne et la svelte barbare,
La jeune fille aux dents si blanches, au cou noir,
Qui sourit de passer devant chaque miroir,
Et la circassienne indolente et massive,
Et d'autres qui faisaient dans leur gaîté lascive
Reluire l'éclat nu de leurs formes au jour,
Ou sonner les anneaux de leurs bras, tour à tour.
Le roi dédaigna tout ; jusqu'à la plus aimée,
Jusqu'à Marphris, qui vint, rieuse et parfumée,
Lui tendre l'échiquier qui sait vaincre l'ennui.
Toutes sur un signal s'éloignèrent de lui,
Tête basse, et, frappant ensemble leurs poitrines,