Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/46

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Du royal gynécée où l'orgueil la caresse,
Où chacune humilie à son tour sa beauté
Devant elle et lui paie un tribut mérité.
« Laquelle est Samhisis de vous deux ? dit l'esclave ;
Qu'en signe de bonheur, trois fois elle se lave
Le visage et les mains dans une eau d'oasis !
– Parle ! Que lui veux-tu ? C'est moi ! Par l'oeil d'Isis !
N'étais-tu pas hier près du roi, quand la foule
Affluait devant lui comme une épaisse houle ?
– Oui, femme ! Il a daigné jeter les yeux sur toi.
Triste, depuis hier il t'aime ; et c'est pourquoi
Je viens pour t'emmener. Durci par la science,
Memmaratkha, ton père, avec insouciance
Me permet, si je veux, de prendre aussi ta sœur,
Car tout lien terrestre est brisé dans son cœur.
– Souré-Ha ! Tu l'entends ! La déesse elle-même
A pris soin d'exaucer mon souhait. Rhamsès m'aime !
Son messager vers moi, sur un ordre pressant,
Accourt, et je le suis, et mon père y consent ! »
Et la si triomphante et folle jeune fille,
Sans voir, en ses apprêts, cette larme qui brille
Aux yeux de Souré-Ha, lui dit : « Dans ton amour,
Dans ta simplicité sois heureuse à ton tour !
Puisque tu préférais un bonheur qu'on ignore,
Reste donc, et l'attends ! Vers le palais sonore
Isis me pousse ; adieu ! -va donc ! » dit Souré-Ha,
Qui pensait : « Quant à moi, ce jour décidera ! »