Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/52

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Depuis longtemps déjà sous les dunes de sable
Phré cachait le brasier de son disque implacable.
Déjà le fleuve au loin reflétait mille feux ;
Tout un peuple attendait sur la grève, envieux
D'étaler son opprobre en concerts d'allégresse.
Le roi venait. Et belle et savourant l'ivresse,
Sous un dais fastueux, par vingt femmes porté,
Samhisis s'avançait heureuse à son côté,
Projetant ses lueurs d'en haut sur une foule
Qui lui semble un tapis vivant que son pied foule.
Aux hommages rendus pour la première fois,
Elle croyait, parmi les parfums et les voix,
Sentir comme un lotus divin dans sa prunelle.
Oh ! Ce soir, le passé, qu'il était mort en elle !
Au milieu des flambeaux et des astres, au bruit
Du cortège pompeux qui la guide et la suit,
Qu'ils étaient loin, ses jours de paix et d'innocence,
Sous le toit paternel qu'un jeune amour encense !
Comme elle avait alors oublié Thaéri !
Souré-Ha, toujours prête à retenir un cri,
L'escortait, pâle, en proie à sa muette angoisse,
Et le sein soulevé sous la main qui le froisse.
Mais avec plus de hâte aussi, sur le parcours
Elle paraît chercher quelqu'un aux alentours.
Enfin, sorti de l'ombre, un homme noir se dresse
Derrière elle : « Ma tâche est faite. Avec adresse,
J'ai pu suivre celui que tu m'as indiqué ;
Là-bas, dans les roseaux, il se tient embusqué,