Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/61

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En vain il proclamait son génie et sa gloire !
L'ennui met sur ses bras le plomb du châtiment ;
Et son âme qu'il raille, hélas ! Plus tristement
Se rendort à ces bruits de pompe dérisoire.

Stupide et vil, trempé d'inutiles sueurs,
En vain il rit des dieu qu'ont adorés ses pères,
Et s'élance aux profits du fond de ses repaies,
Les doigts crispés, les yeux pleins d'obliques lueurs.

Car le veau d'or, ce dieu comme un autre implacable,
À l'enfer de Midas le regarde marcher ;
Honneur, amour, vertu, tout ce qu'il veut toucher,
Se change sous ses mains en cet or qui l'accable.

Oui, ce dieu, son premier délire, et son dernier,
Le plus riche en autels, le plus riche en apôtres,
Le plus vieux, qui vit naître et mourir tous les autres,
Avant le chant du coq il va le renier.

Il va le renier comme eux tous. Dans les nues
Il l'enverra siéger, livide, avec les dieux
Morts maintenant, jadis beaux, fiers et radieux,
Qui sur les monts sacrés vivaient en troupes nues ;

Près des spectres blafards abandonnés du jour,
Qui planent en lambeaux sur les glaces du pôle,
Et qu'un souffle inconnu, les poussant par l'épaule,
Promène dans l'horreur des exils sans retour.